Année numérique 2022 : troisième voie pour les libertés et la souveraineté ou GAFAM + BATHX ?

Depuis 2009, voici l’exercice de recul nécessaire sur l’année numérique écoulée. Dans le monde numérique – transverse à l’ensemble des activités de la société – tout avance très vite. Vous trouverez également une projection sur l’année qui commence.

Cette année 2021 a, comme pour 2020, vu l’accélération de la transformation digitale et du télétravail. Le terme télétravaillable revient dans la conversation avec des activités qui le sont plus que d’autres, notamment celles en col blanc. L’arrivée du métavers et du développement de la réalité virtuelle notamment avec les casques et des lunettes va permettre de rendre à terme des activités en col bleu également télétravaillables avec des opérations commandées à distance ou une interaction avec un expert.

Le mot numérique 2021 est métavers avec des nouveaux usages possibles mais certainement aussi de plus fortes cyberdépendances en particulier chez les jeunes. Son dauphin est sobriété numérique, signe de la prise de conscience de solutions pour réduire concrètement l’impact carbone et aussi des matériaux : allongement de la durée de vie des équipements notamment PC et smartphone, prise de conscience de l’importance des terres rares et des métaux qui ne sont pas renouvelables et coûteux à recycler. Nous avons parfois un ratio de 1 pour 1 000. Pour un smartphone qui pèse 200 grammes, le besoin est de 200 kg de matière sans compter les quantités astronomiques d’eau.

Comme il fallait s’y attendre, le Gouvernement a plus numérisé et administré la crise Covid que réellement mené une politique de prévention et de curation et nous assistons à une course poursuite entre virus et anti-virus avec les mutations à l’image de ce qui existe dans le monde informatique.

Les cyberattaques se sont multipliées. Selon IT Social, le coût moyen payé par une entreprise qui subit une attaque par rançongiciel serait de 130 000 €.

L’ANSES a publié un rapport indiquant que les risques de la 5G (avec deux bandes de fréquences, 3,5 GHz et 26 GHz) pour la santé n’étaient pas à craindre.

Rétrospective des moments forts de 2021

En janvier, le CES de Las Vegas a été 100 % virtuel.

En janvier, nous avons eu la déplateformisation de Trump commencée sur Twitter (13,5 fois plus d’abonnés que Macron pour un pays qui compte 4,8 fois plus d’habitants que la France) et poursuivie sur les autres réseaux sociaux. Depuis, quelques comptes ont été suspendus parfois de façon arbitraire. Les algorithmes ne comprennent pas l’humour, la polysémie, le contexte. Et le blocage algorithmique est une menace pour tout un chacun. Il en va de même avec le blocage humain surtout s’il est effectué par une personne d’une autre culture qui ne pourrait pas percevoir l’ironie. Trump, quelques mois après son départ de la Maison Blanche essaie d’exister en étant présent sur d’autres réseaux sociaux qui ont du mal à atteindre la taille critique comme Gettr lancé le 1er juillet.

 

La déplateformisation de Trump sur Twitter

Et plus que jamais démêler une fake news d’une vérité est délicat d’autant qu’une vérité est parfois relative, temporelle ou contextuelle. Par exemple, la fuite de la Covid du laboratoire de Wuhan était début 2020 jugée complotiste. Depuis, toutes les hypothèses sont permises au-delà du pangolin et de la transmission de l’animal à l’homme.

L’évolution des CGU de WhatsApp et l’obsolescence programmée pour certains équipements a eu pour conséquences des migrations numériques vers Signal et Telegram. Le MEDEF a opté pour la solution souveraine Olvid en matière de messagerie instantanée, recommandée par l’ANSSI.

Le Journal officiel du 9 mars recommande entre autres d’employer le terme numérique à la place de digital même si les deux mots sont synonymes.

Du 9 au 10 mars, un incendie a frappé le datacenter d’OVH à Strasbourg, juste avant son entrée en Bourse. 3,6 millions de serveurs ont été concernés avec plus de 450 000 noms de domaines non disponibles.

Le 1er avril 2021, avec la fin des cookies tiers, les sites Web ont dû faire l’objet d’une mise en conformité pour l’utilisation des cookies vis-à-vis du RGPD.

Vivatech s’est tenu en juin en formule hybride et sur site avec une jauge limitée à 5 000 personnes.

Le maître mot était l’accélération des start-up avec les scale-up.

La première partie de l’année a vu la montée du réseau social dédié à l’audio, Clubhouse, lequel n’était disponible que sur iPhone au départ et sur invitation. Puis il a vu ses usages décliner un peu à la façon feu de paille. De là à dire que « Clubhouse est la Fuego des réseaux sociaux »…

LinkedIn pour sa part a abandonné les stories alors que le réseau social professionnel se gamifiait, se facebookisait même. Les réseaux sociaux décentralisés Diaspora et Mastodon n’arrivent pas à percer. À noter que le français Whaller progresse au fil de mois pour des usages en entreprise. Et que Smartrezo continue sans faire de bruit son développement avec un espace d’expression intéressant et un référencement rapide des contenus publiés.

Côté formation, après la création du Capes informatique, au Journal officiel du 13 juin avec effet au 1er septembre 2021 a été annoncée la création de l’agrégation externe d’informatique. Cela fait 15 ans que nous oeuvrons pour la discipline Informatique et sciences du numérique avec l’association EPI (Enseignement Public et Informatique).

Il était temps car dans le privé par exemple, l’Ecole 42 et le réseau Simplon n’ont pas attendu car les besoins sont là. La France a besoin de développeurs, d’ingénieurs, de data scientists. En outre un désintérêt pour la filière scientifique est à déplorer. De même, pour réindustrialiser notre pays qui décline nous aurons besoin d’ingénieurs formés en quantité et en qualité. Ceci sera à mener avec une simplification du fonctionnement des 3 versants de la fonction publique (revoir les processus, supprimer les doublons, renforcer le front office, réduire le coût du back office) et ce avec le numérique mais pas que.

Après Jack Ma, CEO du chinois Alibaba, ce fut au tour de Jeff Bezos de passer la main à la tête d’Amazon en juillet à son bras droit Andy Jassy. À noter que deux nouveaux principes de leadership, les 15 et 16 ont été introduites dans les principes d’Amazon :

#15 : s’efforcer à être le meilleur employeur de la planète et diriger avec empathie

#16 : le succès et la croissance entraînent une grande responsabilité

Nous avons également eu le 18 juillet les révélations de l’affaire Pegasus, logiciel de la société israélienne NSO Group. Cet outil a permis à plusieurs États, souvent peu démocratiques, de prendre le contrôle à distance de smartphones (opposants par exemple).

En septembre, Clive Sinclair, entrepreneur britannique et ayant œuvré pour l’essor de la micro-informatique avec sa marque éponyme qui connu le succès première moitié des années 1980, est décédé.

Le Pass Sanitaire qui devait être provisoire (vote à l’Assemblée nationale jusqu’au 31 octobre 2021 rejeté puis ramené au 30 septembre après un deuxième vote et enfin prolongé jusqu’au 15 novembre) a été à nouveau prolongé jusqu’au 31 juillet 2022. Pourtant la CNIL avait donné son accord à condition que celui-ci soit provisoire et les 4 avis de la CNIL au Parlement pour les conditions de mise ne œuvre des dispositifs contre la Covid sont restés lettre morte.

La crise de la Covid a aussi accentué des inégalités entre ceux qui avaient accès au numérique et les autres, notamment dans la Silicon Valley.

Facebook n’a pas été épargné par les scandales mais est toujours bien portant. Une révélation a été faite relativement à une faille de sécurité avec 533 millions de comptes potentiellement piratables avec des numéros de téléphone et informations personnelles révélés. Puis la cyberdépendance des adolescentes a été révélée en septembre par des documents internes à l’entreprise ayant fuité pouvant pousser ces dernières à avoir une mauvaise image d’elles-mêmes, à des dépressions voire à des attitudes suicidaires. Les sites du Groupe Facebook ont été en panne pendant 6 heures le 5 octobre. Ce temps d’un double marathon a semblé très long et des entreprises clientes de la compagnie de Menlo Park ont subi des préjudices (vente, image).

// page non de publicité mais d’astuces

Côté cybersécurité pour voir si un site est indisponible dans le temps : downdetector.fr

Pour savoir si les comptes mél de son hébergeur ont été potentiellement piratés : https://haveibeenpwned.com/

// fin de la page d’astuces

Le Groupe La Poste a lancé son corporate venture, La Poste Ventures en lien avec XAnge.

Le Groupe Facebook a été rebaptisé Meta en octobre pour annoncer son nouvel eldorado, le métavers. Ce changement de nom est à l’instar du Groupe Google devenu Alphabet.

Facebook est devenu Meta

En décembre, Elon Musk a été élu personnalité de l’année par le magazine Time. Outre le lancement de fusées via SpaceX pour la NASA et la croissance de Tesla qui a vu sa valorisation se rapprocher de celle des GAFAM, chacun de ses tweets a un impact, que ce soit pour des conseils pour l’achat de bitcoin ou pour choisir une solution numérique comme son ‘Go Signal’ alors que les CGU de WhatsApp évoluaient peu favorablement pour les utilisateurs. C’est un signe. Les GAFAM volent au secours des États et des administrations : outre la NASA avec SpaceX et le véhicule spatial Crew Dragon, Amazon proposait son aide pour la vaccination aux Etats-Unis.

Elon Musk, personnalité de l'année 2021 par Time

Le quatrième volet du film culte pour les geeks Matrix, Resurrections, est sorti en France le 22 décembre, soit 18 ans après le troisième.

La nouvelle carte d’identité numérique plus sûre a été toutefois contestée : les noms de ville trop longs sont tronqués, l’usage de la langue anglaise en complément du français.

Du côté des dirigeants de la tech, Parag Agarwal a pris les rênes de Twitter. Après Sundar Pichai pour Google, Satya Nadella pour Microsost, Arvind Krishna pour IBM, Shantanu Narayen pour Adobe et Raghu Raghuram pour VMWare, nous avons beaucoup d’Américains d’origine indienne qui gravissent tous les échelons des entreprises de la tech.

Les start-up françaises ont levé plus de 10 milliards d’euros en 2021 contre 4,6 en 2020 et 4,4 en 2019, ce qui est une belle performance. Le nombre de licornes s’est approché des 20 – beaucoup dépassent toutefois à peine le milliard d’euros de valorisation – sans toutefois compter de décacornes et de centacornes. On peut noter Aircall, téléphonie sur IP pour les entreprises dans le cloud, Algolia mais surtout Ledger côté blockchain avec un siège à Vierzon et des implantations à Paris, aux États-Unis (San Francisco et New York) et à Hong Kong.

La dynamique des licornes françaises

Le nombre d’internautes était de 5,4 milliards en fin d’année.

On a fêté les 20 ans de Wikipédia et les 30 ans de Linux.

Les réseaux sociaux Snapchat et Twitch ont célébré leur 10 ans même si ce dernier racheté depuis par Amazon commence depuis plusieurs mois à faire parler de lui.

Une minute sur Internet en 2021

Souveraineté numérique et rapports de force

En matière géopolitique, nous sommes passés de la guerre froide (États-Unis et ses alliés vs URSS et pays du pacte de Varsovie) à la coexistence pacifique puis à la guerre froide technologique (États-Unis vs Chine). Dans ce cadre, l’Europe et la France n’assistent qu’en tant que spectateur à ce combat de géants. Et l’expression « pris entre le marteau et l’enclume » devient à l’heure du numérique « pris entre les GAFAM et les BATHX », les équivalents chinois.

Le député Philippe Latombe a remis un rapport « Bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne ».

Cédric O défend les couleurs de Google

De nombreuses sociétés du CAC40 passent des accords avec les GAFAM. Il devient temps de réagir même si quelques initiatives se dessinent. La souveraineté numérique est défendue par exemple avec le collectif PlayFrance.Digital et IT50+.

La fausse bonne idée de la taxation des GAFAM s’est vérifiée. C’est en effet une « ligne Maginot numérique » avec pour résultat, un « plan Schlieffen » de la part des géants du numérique consistant à la contourner en répercutant la taxation par une hausse des tarifs, ce qui est imparable pour ces oligopoles. La réflexion, qui est plus de mener des actions de lobbying pour avoir une taxe mondiale et une régulation éclairée, a avancé et parallèlement de nombreuses amendes de tous pays et de toute instance condamnant les GAFAM ont été constatées. Mais il ne faut pas être naïf, ces amendes sont intégrées dans les « business plan » des acteurs qui affichent des profits insolents.

La pénurie des micro-processeurs en fin d’année a eu une répercussion dans l’industrie et l’automobile en particulier avec une flambée des prix à 2 chiffres des composants alors que les fabrications intègrent davantage de composants et d’électronique embarquée avec des pannes à redouter (capteurs défaillants).

Des acquisitions qui donnent le tournis

Du côté des acquisitions, les GAFAM continuent avec leur appétit habituel. Ainsi Google a racheté une entreprise israélienne pour 500 millions de dollars (2 fois moins que lors de l’achat de Waze), Siemplify pour la détection des cybermenaces et qui permet de réagir automatiquement.

Microsoft s’est emparé de Nuance en avril pour 19,7 milliards de dollars, soit la 2e plus grosse acquisition de son histoire. Il s’agit de se renforcer dans la reconnaissance vocale et l’IA. La firme de Redmond a également absorbé Xandr (1 milliard), division de l’opérateur télécom américain AT&T pour la publicité en ligne du fait de la fin des cookies tiers. Microsoft a croqué en juillet Suplari.

Facebook a racheté le fabricant de lentilles à cristaux liquides ImagineOptix. Un cas d’usage serait la miniaturisation de ses futures lunettes de réalité augmentée comme nous avions assisté dans les années 1990 et 2000 à la réduction de la taille des téléphones portables ce qui a eu pour conséquence d’améliorer leur ergonomie et leur diffusion. Et également BigBox VR, studio de développement de jeux en réalité virtuelle qui a réalisé Population: One.  Sans compter Downpour Interactive, studio derrière le jeu de réalité virtuelle Onward. La constitution d’un écosystème autour d’Oculus et l’accélération dans le métavers ne fait plus de doute.

Apple a acquis en janvier Curious AI pour l’intelligence artificielle et en août Primephonic pour la musique en streaming. L’optique reste la même : étoffer les versions futures de l’écosystème iPhone pour pouvoir conserver une innovation marketing qu’elle soit sur étagère via des acquisitions ou qu’elle résulte d’innovation et de développements internes.

Notons que face à des positions dominantes, les rachats de Giphy par Facebook et d’Arm par Nvidia en 2020 ont été contestés. Et que la Federal Trade Commission (FTC), autorité américaine qui veille à la concurrence dans le secteur du numérique et des télécoms, une sorte d’équivalent de l’ARCEP, a rendu le 15 septembre un rapport  relatif aux acquisitions des GAFAM.

Ce ne sont toutefois pas les GAFAM qui ont fait le plus de folies du côté des acquisitions.

Ainsi la palme côté somme mise sur la table revient la solution de paiement Square qui a déboursé 29 milliards de dollars pour Afterpay, service de paiement échelonné en 4 fois sans frais. Oracle qui acquiert dans la e-santé Cerner pour 28,3 milliards de dollars suit de près. Les dossiers médicaux électroniques sont une proie stratégique. Il paraît que les données de santé auraient une valeur supérieure à celles des données financières.

Intuit rachète la solution d’emailing Mailchimp pour 12 milliards de dollars.

Zoom qui a poursuivi sa croissance dopée par le télétravail a acquis Liminal pour sa plateforme Events pour les événements à distance. L’objectif étant aussi de s’adresser au monde culturel durement affecté par les mesures sanitaires parfois incohérentes au demeurant. Zoom, qui a résisté au rachat par les GAFAM, a surtout racheté Five9, fournisseur de logiciels de cloud pour 14,7 milliards de dollars.

Ericsson a acquis pour 6,2 milliards de dollars Vonage, entreprise américaine qui développe des solutions de communication via le cloud pour les entreprises. Et McAfee, spécialiste historique des solutions d’anti-virus, se voit racheté par deux fonds de private equity pour 14 milliards de dollars.

Du côté des composants, Qualcomm rachète Nuvia qui fabrique une puce à technologie ARM pour serveurs pour 1,4 milliard de dollars et être bien positionné sur le marché des datacenters. Et toujours Qualcomm s’est mis en quête de racheter l’équipement automobile Veoneer pour 4,5 milliards de dollars et se positionner dans la conduite autonome qui demande beaucoup de composants et une intelligence pour la perception de l’environnement par les véhicules. A ce titre, la start-up française Milla basée à Vélizy est en avance avec une maîtrise de la chaîne de valeur, des véhicules de transport pouvant aller jusqu’à 70 km/h et simplement de la 2G 1/2.

En France, l’ESN Atos pour se muscler côté numérique, cybersécurité et big data a mis la main de façon très éclectique sur le canadien Processia, l’allemand Cryptovision et le britannique Ipsotek. Coriolis Telecom a été racheté par SFR.

Criteo, ancienne licorne, s’est emparée d’Iponweb pour 380 millions de dollars pour les campagnes de publicités ciblées pour « rester dans le game » selon l’expression consacrée. Doctolib qui a connu une belle croissance bien aidée par la prise de rendez-vous pour l’injection de doses a racheté son concurrent italien Dottori.it pour booster son développement en Europe.

Des points de repère et prévisions pour 2022

L’heure sera à la com pour l’environnement. Déjà Google indique sur sa page d’accueil que son moteur de recherche est neutre en carbone depuis 2007. Apple est contraint de se mettre à la sobriété numérique. La firme de Cupertino propose désormais la réparation de ses iPhone 12, 13 et Mac soi-même. Dans un registre connexe, Uber n’accepte plus dans son App à compter du 1er janvier 2022 de véhicules Diesel.

Si à 50 ans, tu n’as pas de Rolex selon Jacques Séguela, tu as raté ta vie. En prolongement, si à 25 ans tu n’as pas d’iPhone tu as raté ton adolescence. Le paradoxe est que les jeunes sont soucieux de l’avenir de la planète et ont du mal à résister à l’attrait de la nouveauté permanente de ces équipements qui consomment des terres rares et métaux précieux pour leur fabrication.

Côté numérique, les secteurs qui seront le plus en croissance seront le cloud, le big data (qui permet entre autres de proposer de nouveaux services), l’Internet des objets, la transformation digitale notamment des PME avec un rattrapage à opérer et la sécurité. Ce retard côté numérique est également constaté en France. Notre nation ne se classe que 15e sur 27 au niveau de sa maturité numérique au sein de l’Union européenne selon le rapport DESI paru en novembre dernier. Et nous avons encore un déni de transformation digitale en France. Selon le 5e baromètre de l’ACSEL, 19 % des entreprises déclarent avoir besoin d’être accompagnées, ce qui est peu.

Les tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine pourraient monter d’un cran. L’Empire du milieu d’où est partie la Covid lorgne vers Taiwan.

[historiquement Taiwan fut possession japonaise de 1895 à 1945 avant de retourner à la République de Chine. Et en 1949 Tchang Kaï-Chek, après sa défaite face aux communistes s’était réfugié à Taiwan. Dès 1951, les Etats-Unis ont soutenu Taiwan].

Aujourd’hui Taiwan comprend TSMC le plus grand fabricant de puces sous contrat dans le monde et assemble une large part d’ordinateurs personnels (Acer, ASUS), des cartes mères des ordinateurs et des écrans LCD outre la production de semi-conducteurs. Foxconn qui fabrique les Apple et HTC ont leur siège à Taipei. Les liens sont forts entre les écosystèmes taiwanais et californien.

La Chine pèse et les BATHX montent en régime. Ainsi côté montres connectées, ce n’est pas Fitbit acquis par Google ni Watch d’Apple les leaders en nombre d’unités produites mais Xiaomi avec ses modèles low cost à moins de 50 € (Watch Lite) ou Band 6, le 1er producteur dans le monde.

Le traçage numérique soulève à juste raison des craintes de cybersurveillance. Le pays des Lumières peut-il sombrer vers une société à la chinoise. En tout cas, le Pass Sanitaire va passer à la vitesse supérieure avec le Pass Vaccinal début 2022. Cette QR codisation des citoyens pourrait constituer une étape avec un outil centralisé de contrôle social avec un système de crédit social à la chinoise, ce qui va à l’encontre des principes de la CNIL à savoir la non-interconnexion des traitements automatisés d’informations nominatives. Et il est toujours difficile de reconquérir des libertés perdues. Il faut se battre pour les préserver. On risque de passer de l’expression « avoir un métro de retard « (XXe siècle) à « avoir une dose de retard » (XXIe siecle). D’autant plus que le rapport bénéfice/risque s’agissant de la vaccination n’est pas le même pour tous. Il est même très défavorable pour les enfants et les adultes en très bonne santé, la vaccination ne protégeant que contre les formes mortelles et graves et n’étant pas neutre du point de vue des effets secondaires.

Du côté des start-up Made in France, il faudra suivre – et je suis partie prenante de ces deux aventures – Titan Datacenter d’une part. L’entreprise propose une solution compétitive techniquement et tarifairement, Small Cloud, avec l’ouverture prochaine d’un datacenter à Mougins à 7 km de Cannes. D’autre part, F2R2 qui développe les solutions Frogans qui s’appuient sur Internet et offrent une alternative très crédible au Web en plus ergonomique, modulaire, d’emblée responsive. Le lancement est prévu en 2022 avec une levée de fonds en cours et des relais aux États-Unis et en Chine et des liens forts avec les instances de gouvernance d’Internet (IETF, ISOC, ICANN et même W3C côté web).

Les crypto-monnaies sont très nombreuses. Le site Coinmarketcap en recense 8 875 à date ; il est possible qu’un processus d’écrémage se fasse à l’image du nombre pléthorique de constructeurs automobiles lors des années folles. La crypto-monnaie de Facebook désormais Meta, Diem, se fait toujours attendre. À moins que Facebook embraye le pas pour une monnaie directement dans le métavers participant encore plus à la gamification de ses futures applications. Les Non Fungible Token (NFT) représenteront un relais de croissance intéressant pour la blockchain avec les possessions d’œuvres d’art numérique par exemple, les crypto-timbres.

D’avril à juin, la France vivra les élections présidentielles et législatives. Il y a fort à parier que les fake news, les deepfakes, les bots s’inviteront dans la campagne et plus que jamais les citoyens devront faire preuve de discernement. Il ne faudrait pas que la vacuité éclipse les débats de fond et les programmes des candidats/partis car ces échéances seront décisives alors que la France décline comparativement aux autres nations depuis le premier choc pétrolier.

Il conviendra plus que jamais de décider dans l’incertitude. Le livre de Thomas Houy et Valérie Fernandez, chercheurs à Télécom Paris, propose une méthode pratique.

Pour les grandes entreprises, le développement du low code dans les DSI va s’accélérer et pour certains projets, il sera préférable à des développements classiques. Cohabiteront ainsi low code et développement traditionnel selon la complexité, l’évolutivité des applications développées. Le no code pour sa part sera plus du côté des directions métiers, marketing, finance, RH avec le risque de shadow IT si la direction générale ne fixe pas un cadre et une transversalité avec la DSI.

Les contenus synthétiques créés avec de l’IA vont se multiplier.

Côté réseaux sociaux, nous aurons un essor du social selling, le développement de l’usage de TikTok pour les marques, un pouvoir des communautés qui font pression pour l’achat ou le boycott d’un produit ou d’un service. Et pour avoir de meilleurs taux d’engagement sur les réseaux sociaux notamment Instagram, plus que jamais ce seront les micro et nano influenceurs qui compteront qui sont passionnés par un sujet.

Bonne année 2022 à toutes et à tous et à votre écoute sur les médias sociaux et IRL.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Captcha *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.