Clive Sinclair est décédé ce jeudi 16 à 81 ans des suites d’une longue maladie.
Il avait très tôt compris les enjeux de la micro-informatique naissante. Rappelons que le premier micro-processeur, le 4004, un 4 bits, avait été lancé par Intel en 1971 et que le premier micro-ordinateur, le Micral, en 1973 et qu’Apple fut créé en 1976.
Clive Sinclair lança le ZX 80 en 1980 qui fut vite remplacé l’année suivante par le ZX 81 qui connut un franc succès. Plusieurs geeks en acquièrent un à commencer par Xavier Niel ou votre serviteur. Après une baisse des prix, celui-ci passa de plus de 900 francs à 580, ce qui le rendait accessible face aux autres micro-ordinateurs dont le prix était supérieur à 3 000 francs en moyenne (même 12 000 francs pour un Apple ][ en 1982). A cela, il fallait rajouter 360 francs pour une extension 16 Ko à placer derrière la machine. Le micro-ordinateur était à connecter sur un téléviseur noir et blanc à régler sur le bon canal pour qu’un K en inversion vidéo apparaisse en bas à gauche de l’écran. Et pour charger et sauvegarder les programmes écrits en langage BASIC ou en assembleur (Z80 de Zilog, un micro-processeur 8 bits), il fallait connecter un magnétophone à cassettes. 250 bauds était le temps de chargement, assez long (le Commodore 64 fit guère mieux avec 300 bauds/s). Le risque d’une mauvaise lecture de la piste faisait qu’il fallait tout recharger le programme depuis le début. Le chargement d’un programme 16 Ko pouvait demander 5 minutes.
Pour optimiser la taille mémoire RAM, il fallait user d’astuces de programmation comme des LET A = NOT PI à la place de LET A = 0 pour affecter la valeur 0 à la variable A ou encore LET B = INT PI pour LET B = 3 (partie entière du nombre Pi) et même PAUSE E5 pour une pause infinie du programme car E5 > 32768 soit 2 puissance 15. Chaque octet comptait et la presse informatique délivrait des astuces pour les programmeurs.
Très vite, le passage au Spectrum et ses 48 Ko (la version 16 Ko ne constituait qu’un prix d’appel) multipliait les possibilités de programmation et d’usage. Un vrai clavier QWERTY (et non AZERTY puisque la firme était anglaise) avec des touches non pas sensitives mais en plastique mou, de la couleur (même si pour chaque caractère en 8 x 8 pixels il n’était possible que d’avoir que 2 couleurs différentes dans une palette de 8 + un mode brillance, ce qui était un défaut par rapport aux Commodore, Amstrad et autres Atari), du son, une résolution graphique acceptable de 256 x 192 pixels qui marquait un sérieux progrès par rapport au ZX 81 sans compter la vitesse de chargement des programmes (1500 bauds et la possibilité de chargement rapide, fast load même si le risque d’un rechargement était à accepter). Il devenait facile de programmer des jeux pour peu de mémoriser les mnémoniques de l’assembleur et les codes hexadécimaux associés.
Le QL qui techniquement marquait un bon en avant (quantum leap en latin) ne connut pas le succès escompté. Il n’évolua pas contrairement aux Amiga, Atari ST et Macintosh en restant figé sur le micro-processeur d’entrée de gamme de Motorola, le 68000. Celui-ci était meilleur que les 8086 ou 80286 d’Intel. D’autres évolutions du Spectrum suivirent et Amstrad racheta la partie informatique de Sinclair.
Clive Sinclair fut néanmoins également visionnaire en essayant la micro-voiture électrique avec la C5 à petit prix mais sans maturité du marché et sans cas d’usage probants.
Lors du lancement du livre Transformation digitale 2.0 en juin 2019, nous faisions un petit hommage au créateur du ZX 81.
Beaucoup doivent à Clive Sinclair quant à l’initiation à l’outil informatique et ses réalisations majeures restent le ZX 81 et le Spectrum. Merci. Les Elon Musk ont un peu de points communs avec vous mais ils oeuvrent sur le premier marché mondial et avec des capacités à lever des fonds considérables, ce qui fait une sacré différence.
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