Année numérique 2023 : IA générative et tentative de régulation des plateformes

Comme chaque début d’année depuis 2009, l’exercice de recul nécessaire sur l’année numérique écoulée suit avec aussi une projection sur l’année qui commence. Dans le monde numérique – transverse à l’ensemble des activités de la société – tout avance très vite et il est parfois nécessaire de prendre du recul sur les informations qui fusent chaque jour.

L’année 2022 a vu le début de la guerre en Ukraine, la hausse du prix de l’énergie, des licenciements au sein des acteurs de la tech y compris pour les GAFAM en particulier Meta, Amazon mais aussi Salesforce, Snap. Pour Twitter, cela fut de façon plus brutale avec près de 50 % des effectifs avec l’arrivée d’Elon Musk. Ceci fait suite à des profits insolents des GAFAM après la crise de la Covid. Avec le plaisir d’aller en magasin après les confinements et la crise du Covid, les commandes de colis ont marqué le pas. Des tendances ont été affirmées comme celle du live shopping ou du social selling ou dans un autre registre les prémisses de la finance distribuée avec les crypto-monnaies autres que bitcoin.

Nous avons eu peu finalement d’hypertrucages (deepfake) lors des élections en France, les candidats faisant parfois eux-mêmes un bad buzz massivement repris sur les réseaux sociaux. D’ailleurs du fait de la guerre, le sentiment de non-campagne avec absence de débats de fond a été souligné notamment depuis les autres pays. Avec la guerre en Ukraine, la campagne a ainsi été enjambée.

En 2022, le mot numérique responsable a été élu suivi par Web3. On pourra noter cette belle infographie réalisée par la société aelan.fr sur l’écosystème numérique responsable en France.

L'écosystème du numérique responsable en France avec les acteurs

Les cyberattaques dans les hôpitaux ont montré des lacunes criantes avec paralysie de fonctionnements vitaux de ceux-ci alors que les trois fonctions publiques devraient être simplifiées, moins de silos avec une transformation digitale menée et des optimisations des processus et du back office grâce au numérique.

Rétrospective des moments forts de 2022

Les réseaux sociaux avaient tendance à ronronner, à se copier les fonctionnalités des uns vers les autres, souvent les plus récents comme Snapchat ou TikTok étant sources de rajouts de fonctions pour les plus anciens. L’acquisition de Twitter par Elon Musk le 27 octobre pour 44 milliards de dollars après un long feuilleton a été l’événement de l’année. Une fuite de données de 400 millions de comptes la veille de Noël sur Twitter a été révélée avec chantage à la rançon. Le risque étant une forte amende du fait du RGPD pouvant atteindre 276 millions d’euros. L’application BeReal lancée en 2020 et Made in France perce et devient copiée par les autres. Elle traduit la recherche de l’instantanéité avec plus d’authenticité. Va-t-elle être rachetée ou bien devenir une licorne ?

Le 1er juin 2022, la COO de Meta et numéro 2 du géant des réseaux sociaux, Sheryl Sandberg, a quitté l’entreprise après y avoir travaillé 14 ans comme l’annonce d’un tournant. En fin d’année, le site de micro-blogging en open source Mastodon a fait parler de lui en alternative à Twitter sans susciter des migrations massives.

L’édition de Vivatech a permis de mettre en exergue les 3 ingrédients du Web3 (à savoir le métavers, les NFT et les crypto-monnaies qui permettent potentiellement sur le papier un passage d’un Web redevenu centralisé avec le pouvoir des plateformes vers un web décentralisé plus d’égal à égal) sur fond d’optimisation de l’énergie et des transports. Ce fut à nouveau un événement physique bien que la forme hybride soit proposée contrairement au CES de Las Vegas en janvier 2022 qui est, à cette période, resté virtuel.

// (parenthèse Web)
Web 1.0 : le web de 1989 qui était un web descendant, consistant en des sites vitrines, parfois des adaptations de brochures publicitaires de marques en ligne. Il s’agit d’un Web de 1 vers plusieurs où l’internaute est passif ;
Web 2.0 : en 2005 avec les applications sociales et les réseaux sociaux au cœur, un Web de n vers plusieurs où l’internaute est actif. Il publie, commente, interagit avec les blogs, les sites, les wikis. Ce sont aussi, outre ce côté collaboratif, des évolutions techniques (flux RSS, feuilles de style CSS pour séparer le contenu du contenant des pages) et un rapport particulier aux données où les plateformes qui règnent en maître proposent souvent des formules gratuites de leur service contre une exploitation de vos données personnelles et ce, malgré le RGPD ou l’utilisation des cookies qui sont contournés. Le produit, c’est vous ! ;
Web 3.0 : conjonction de l’Internet des objets et du web sémantique qui s’ajoute au Web 2.0 pour augmenter le champ des possibles ;
– Web3 : les applications sont distribuées avec l’apport des technologies liées à la blockchain (NFT, crypto-monnaie, smart contracts), le métavers devient un nouveau terrain de jeu avec les avatars des personnes. Les entreprises phares ne sont plus seulement les start-up mais les DAO (organisation autonome décentralisée).
[On pourra se référer à l’excellent ouvrage de culture numérique paru juste avant le confinement avec 56 pionniers du Web 2.0 francophone et paru chez Kawa]
Il est par ailleurs possible de s’abonner à la chaîne Réenchanter Internet sur YouTube qui débute sa 3e saison #TCDPA.
// (fin de la parenthèse Web)

Meta et le bitcoin ont perdu plus de la moitié de leur valeur en Bourse.

Meta et le bitcoin plongent en Bourse en 2022

FTX a fait faillite avec un mélange des genres entre place de marché côté crypto-monnaies et spéculation sur des fonds douteux et risqués. Si nous n’avons pas eu de bulle 2.0 – ce qui est remarquable puisque la bulle Internet remonte à mars 2000 –, le risque d’avoir une bulle 3.0 est réel. Les NFT, jetons non fongibles, qui constituent la preuve de détention de biens généralement virtuels sont sujets à des valorisations avec un grand écart-type et une valeur ajoutée très immatérielle. Du reste, c’est ma constatation : « Plus c’est virtuel, plus le pourcentage prélevé sur un objet immatériel éloigné du réel peut être élevé. Au Moyen Âge entre autres impôts, nous avions la dime (10 %) prélevée. Avec l’App store on est passés à la triple dime pour les applications éligibles. Désormais avec Meta dans le métavers du 50/50 est annoncé pour le partage des revenus ». Ce Meta, tel que marketé, fait la belle part aux accessoires d’avatars, etc. En outre le projet de crypto-monnaie Diem de Meta après avoir patiné avec un écosystème d’acteurs très impressionnant au départ a été abandonné fin janvier 2022. Dans le même temps, pour le métavers et les acteurs, alors que les casques Quest de Meta restent lourds et peu ergonomiques mais abordables (un peu plus de 400 euros), Microsoft semble à certains égards plus avancé avec Hololens 2 mais un ticket d’entrée à plus de 3 500 euros l’équipement. Pour l’heure, dans le métavers, les entreprises s’entraînent via des PoC pour qu’au moment où le marché décollera et quand les casques (ou lunettes) de réalité virtuelle + augmentée seront compacts et ergonomiques et plus facilement exploitables elles n’aient pas un cycle de retard.

Le cap des 25 licornes françaises a été dépassé. On a aussi beaucoup de casse au niveau des start-up, beaucoup d’appelés mais peu d’élus. Ainsi cette étude montre que 42 start-up sont passées en série A sur 5000 étudiées.

En fin d’année, le buzz pour ChatGPT (GPT pour Generative Pre-trained Transformer / modèles génériques pré-entrainés) lancé le 30 novembre a été considérable. Dans le cadre du projet OpenAI, ChatGPT répond à des questions en générant des réponses de façon autonome. Basé sur la version 3.5 de GPT, ChatGPT a été entraîné avec des données issues d’Internet à fin 2021 (ensemble de Wikipédia, bibliothèques entières, articles scientifiques, etc.). Le chatbot a une mémoire et peut générer une conversation proche du test de Turing qui permet de savoir si un humain se cache derrière la personne supposée avec laquelle on échange. Une autre force de l’outil est de générer du code informatique mais aussi d’aider des développeurs qui cherchent par exemple une librairie de code idoine à utiliser. Ceci peut générer un gain de temps appréciable. Outre ChatGPT, nous avons également un autre projet issu d’OpenAI, Dall-E qui permet de générer des images souvent réalistes à partir de simples descriptions textuelles.

Alors qu’il a fallu 3,5 ans à Netflix pour atteindre 1 million d’utilisateurs, 10 mois à Facebook, 5 mois pour Spotify et 2,5 mois pour Instagram, il a simplement fallu 5 jours à ChatGPT pour revendiquer 1 million de comptes. Beaucoup d’internautes se sont mis à créer des comptes pour le tester. ChatGPT relègue au 0.0 de nombreux chatbots. La question est de savoir si les moteurs de recherche vont être ubérisés et si certains devoirs d’élèves et d’étudiants ne pourraient pas être assistés amenant à mettre des garde-fous pour le plagia et la notation.

Le nombre d’internautes dans le monde était de 5,6 milliards en fin d’année alors que la population mondiale a franchi le cap des 8 milliards. On devrait à présent plutôt raisonner sur le nombre d’équipements en circulation (utilisés et stockés) : PC, tablettes, smartphones, etc. Et avoir des ratios par habitant et selon les pays.

On a fêté les 50 ans du langage PROLOG qui a longtemps été avec LISP l’un des deux langages de l’IA conceptuellement novateur.

Un tiers du trafic Internet émane des bots. Nous avons vécu une hausse considérable du trafic Internet au moment de la coupe du monde de foot au Qatar qui est un non-sens écologique par ailleurs et lors du Black Friday pour les achats en ligne.

C’est depuis les États-Unis que les méls de phishing envoyés ont été les plus nombreux dans le monde et de loin. L’Iran pour sa part a été le pays ayant le plus coupé Internet (60 coupures observées en 2022), soit le tiers des interruptions Internet analysées par Cloudflare.

Les deux plus grosses acquisitions de tous les temps en valeur dans la tech

Pour les acquisitions, c’est Microsoft qui détient la palme avec un nouveau record de somme déboursée : 68 milliards de dollars en janvier 2022 pour Activision Blizzard pour consolider ses vues dans le métavers. Mais l’autorisation américaine de régulation de la concurrence, la FTC (Federal Trade Commission), équivalent de l’ARCEP en France, s’y est opposée le 9 décembre 2022 car de nature à être exclusif à ses activités de jeux (comme pour la console Xbox) avec un but d’étouffer la concurrence.

En janvier, Google a absorbé l’entreprise de cybersécurité israélienne Siemplify pour 500 millions de dollars. En mars, Google a racheté Mandiant également côté cybersécurité au nez et à la barbe de Microsoft qui était aussi sur les rangs et en mai Google a acquis la start-up microLED Raxium pour les technologies d’affichage microLED pour le matériel portable et casques de réalité augmentée et virtuelle. En mars, Apple a acquis la fintech Credit Kudos au Royaume-Uni. Amazon pour sa part poursuit dans le secteur médical en rachetant en juillet One Medical, plateforme de soins primaires pour 3,9 milliards de dollars.

Le bal des acquisitions avait été ouvert en début d’année par Zoom avec le rachat de Liminal pour améliorer son offre événementielle. Liminal propose des solutions pour la production d’événements (flux de vidéos en haute définition tant à distance qu’en hybride) en se basant sur le SDK de Zoom. Square, devenue Block a acquis l’australien Afterpay le 31 janvier 2022. Notons que Square a mis 8 ans pour dégager des premiers bénéfices (en 2019), possibilité qui ne serait pas possible en France où les banques ne comprennent pas les gains futurs et la nécessité préalable d’atteindre la masse critique.

Du côté des autres entreprises, les sociétés de capital-investissement Vista Equity Partners et Evergreen Coast Capital ont racheté Citrix pour 16,5 milliards de dollars ! Sony a racheté le développeur de jeux américain Bungie pour 3,6 milliards de dollars. La société d’investissement Thoma Bravo a racheté Coupa Software pour 8 milliards de dollars. Adobe a mis la main sur Figma, qui développe des outils de conception graphique collaboratifs sur le web, pour 20 milliards de dollars.

Intel qui a toujours un gros appétit a annoncé le rachat de Tower Semiconductor pour 5,4 milliards de dollars. AMD pour sa part a mis la main sur Pensando pour 1,9 milliard pour les DPU (unités de traitement de données) pour les logiciels intelligents dans le cloud, le calcul, le stockage.

HP Entreprise a racheté Poly, pour des solutions de visio et d’audioconférences pour 1,7 milliard.

Côté sécurité, Kaseya a acquis Datto pour 6,2 milliards.

Certaines transactions s’opèrent sans communication sur les montants, c’est le cas d’UiPath pour l’acquisition de l’entreprise britannique Re:infer dans le domaine du traitement du langage naturel pour les documents et communications non structurés.
Une autre société britannique a été acquise, Micro Focus par OpenText pour 6 milliards.

Oracle a acquis Cerner dans le domaine des dossiers de santé électroniques pour 28 milliards.

Le deuxième énorme rachat a été celui de VMware, spécialiste de la virtualisation et du cloud d’entreprise, pour 61 milliards de dollars par Broadcom avec cependant des vérifications par différentes autorités de concurrence et de régulation des marchés, tant au Royaume-Uni qu’aux États-Unis et au sein de la Commission européenne.

Il faut donc rester prudent pour toutes les annonces de rachats, les autorités à la concurrence vérifient avant d’avaliser les opérations. Par exemple le rachat de la Metro Goldwyn Mayer par Amazon pour 8,5 milliards de dollars annoncé en mai 2021 n’a été officialisé qu’en mars 2022 après le go de la Commission européenne avec au passage un package comprenant des films cultes et les opus de James Bond. Le combat pour la vidéo est sans merci entre la bande des 4 des plateformes du domaine, Netflix, Amazon, Disney et Apple.

Accélération du sentiment de souveraineté numérique et de la régulation

La prise de conscience de la souveraineté numérique a commencé dans la communication mais celle-ci doit désormais se concrétiser dans les actes, de même que la réindustrialisation respectueuse par ailleurs de l’environnement. Si ces thèmes font chics dans les salons feutrés de Bercy, il faudrait aider nos entreprises sur le terrain et pas en leur donnant des chèques comme la solution de facilité face à la crise qui augmente la dette sur le long terme mais en créant un terreau fertile à l’innovation à l’échelon européen pour le passage à l’échelle accélérée, la question du go to market étant déterminante. En Europe, rappelons que nous avons 5 libertés : la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux, des personnes, mais aussi des données (santé, finance, personnelles…). D’où l’importance de disposer de cloud souverain alors que nous sommes passés du moteur à explosion à 4 temps (admission, compression, explosion, échappement) pour l’or noir, le pétrole à celui pour l’or transparent, aux 4 temps de la donnée (génération, collecte, analyse, échange).

Il est vraisemblable que l’on s’oriente vers une coopétition éclairée pour la souveraineté numérique. Pour accélérer le passage à la taille critique, on a d’une part besoin de relais de croissance en Europe, aux États-Unis et en Chine et pourquoi pas à l’avenir en Afrique avec implantation de bureaux de start-up sur place pour comprendre les codes et la culture locale tout en opérant un développement commercial. Cela passe par New York, San Francisco mais aussi Pékin, Shanghai, Hong Kong, etc. Mais aussi de s’interfacer avec les GAFAM et les BATHX tout en protégeant nos données et nos solutions. Le co-fondateur du Web, Tim Berners-Lee appelle du reste à redevenir maître de ses données, ce qui passe par la propriété de ses données personnelles comme l’exprime maître Alain Bensoussan dont on peut retrouver l’encart dans le livre La transformation digitale pour tous ! et qui indique qu’il n’existe pas de législation sur la propriété des données personnelles. Transmettre une information ne doit pas déposséder l’individu. Avec les NFT, il sera possible de reprendre le contrôle.

2023 sera l’année de mise en œuvre des 2 évolutions juridiques majeures côté numérique. Le DSA (Digital Services Act), applicable en février 2024, va toucher les très grandes plateformes et les moteurs de recherche majeurs dès 2023. Les sanctions sont à définir par les États membres de l’Union européenne dans la limite de 6 % du chiffre d’affaires [vs 4 % pour le RGPD]. Le DSA vise à la protection des internautes (haine en ligne, biais induisant des discriminations, etc.) et à la stabilité de nos sociétés (face à la désinformation, des déstabilisations des élections via des États tiers, etc.).

Le DMA (Digital Markets Act) sera quant à lui applicable à compter du 2 mai 2023. Il vise à lutter contre les pratiques anticoncurrentielles des plateformes par rapport à des acteurs en situation de position dominante sur le marché européen. L’objectif étant de faciliter une concurrence un peu plus pure et moins imparfaite et stimulation innovation et concurrence avec une liberté de choix pour les consommateurs.

La loi de Goichot-Sidaner qui indique que « plus le marché est ouvert à la concurrence, plus il faut d’agents de l’administration pour le réguler » se vérifie de plus en plus, que ce soit avec la complexité du passage d’EDF unique à EDF + Engie + RTE, etc., dans les transports, les télécoms mais aussi du côté du numérique avec le DMA.

Les crypto-monnaies qui n’ont pas de statut juridique clair devraient faire l’objet de travaux parlementaires français et à l’échelon communautaire (fiscalité mais aussi protection des investisseurs tout en assurant une stabilité financière dans un cadre permettant innovation et attrait du secteur en connaissance éclairée des opportunités et des risques).

La cybersécurité sera plus que jamais nécessaire. Les menaces de cyberattaque contre l’échange d’une rançon sans forcément hacker un système se développeront. C’est une forme de chantage à la réputation d’une entreprise avant de dévoiler publication une faille ou de publier des données personnelles. L’entreprise de cybersécurité BeyondTrust parmi d’autres appelle ceci ransom-vaporware. On peut aussi utiliser le terme de pré-ransomware avant de demander une rançon dans un processus d’escalade entre attaquant et attaqué. On aura aussi le développement de produits zero trust-ready avec une surveillance comportementale des pratiques du collaborateur pour l’entreprise que celui-ci soit au travail ou en télétravail. L’objectif est de détecter les actions inappropriées qui pourraient émaner d’un tiers non-autorisé voulant pénétrer et attaquer le système d’information de l’entreprise ou de l’organisation. Les malwares pourraient aussi affecter les caméras des smartphones.

Zoom sur le futur du travail

Zoom sur le futur du travail

TikTok sera dans le collimateur des autorités américaines et européennes après les méfiances passées à l’égard de Huawei. Un encadrement est à prévoir notamment parce que des données personnelles d’adolescents se retrouvent en Chine avec une asymétrie des attentions. TikTok enregistre près d’un million de nouveaux comptes chaque jour et comprend désormais des tutoriels. L’âge de l’utilisateur moyen progresse également en n’étant plus l’apanage des seuls ados. TikTok devient un incontournable pour les marques pour rencontrer leurs cibles. Il devient nécessaire de créer des vidéos authentiques pour développer la visibilité des marques en ligne et les ventes.

Points de repère et prévisions pour 2023

Du côté de l’informatique quantique, IBM est bien positionné. Cependant trois des GAFAM ne sont pas en reste avec Microsoft Azure, Alphabet et Amazon avec AWS qui se positionnent. Signalons que c’est Microsoft qui est le plus diversifié et solide parmi les GAFAM même si au départ on ne parlait que des GAFA. Microsoft sous l’impulsion de Satya Nadella son PDG fait plus que jamais la course en tête.

La diversification des activités de Google, Amazon, Apple et Microsoft

Pour l’informatique quantique, qui s’inscrit dans le temps long, le mieux est de consulter le site de l’expert en la matière en France, Olivier Ezratty qui livre ses prévisions pour 2023.

Son deuxième sujet est celui de la fusion nucléaire qui est également structurant d’un point de vue rupture. Dans le premier cas, c’est un nouveau paradigme au-delà de la loi de Moore pour l’informatique et le qubit qui succède au bit. Dans le second, il s’agit de l’énergie propre sans déchets nucléaires à quasi 0 émission de CO2.
La tendance de numérique responsable va se poursuivre selon ses différentes facettes et pas qu’écologiques. Les habitudes de consommation devraient évoluer notamment pour le retour des articles commandés sur les sites e-commerce. Nous avons notamment l’aberration des produits retournés qui peuvent parcourir 2 000 km en Europe pour finalement être détruits. Cela va à l’encontre de la sobriété énergétique et de la minimisation de l’impact CO2. Il est vrai que les forfaits d’abonnement comme Amazon Prime qui permettent la gratuité des frais de port poussent à la consommation. Peut-être qu’à terme une distinction pourrait être faite entre un forfait classique et un autre forfait incluant des produits retournés pour les limiter.

Les syndicats au sein des entreprises du numérique vont se développer en commençant par les fonctions en bas de l’échelle au sein des GAFAM, d’abord avec une poursuite de ce qui a été entamé aux États-Unis chez Amazon puis progressivement aux cadres. Dans le même temps, les GAFAM outre les opérations de lobbying veulent soigner leur image et montrer qu’ils innovent et contribuent à améliorer le monde en étant attractif pour les talents. C’est le propre de sites comme www.amazon.science.

Il est attendu, du moins selon Gartner, le développement de SuperApp par les entreprises. Ceci consiste à combiner les fonctionnalités de plusieurs applications et services dans un seul écosystème pour aussi centraliser les données. On le retrouve aussi dans la volonté d’Elon Musk de bâtir un Twitter agrégeant tout sur son passage à l’image de WeChat ou d’Alibaba avec AliPay en Chine.

Après le retour en grâce des podcasts en 2022 (lesquels permettent de programmer des écoutes d’émissions selon ses propres plages disponibles dans son agenda et sans contraintes : la consommation des données produites sur Internet devient un mode de CaaW, Consumption as a Wish), 2023 devrait être celui des newsletters. Elles permettent de toucher ses cibles finement à condition d’avoir du contenu à valeur ajoutée et constituent une réponse à la baisse de la portée et visibilité des publications sur les réseaux sociaux. Il est du reste structurant de comprendre le fonctionnement des algorithmes des réseaux sociaux.

Infographie qui explique le fonctionnement de l'algorithme de LinkedIn

Les réseaux sociaux par ailleurs vont progressivement intégrer des fonctions de NFT pour notamment la rémunération des producteurs de contenus.

L’IA va continuer de se perfectionner. Déjà en 2022 au Danemark nous avons eu un parti qui a choisi l’IA comme leader. Serions-nous mieux gouvernés par un expert de Sim City ayant une très grosse empathie et fibre humaine à la fois ? L’idéal n’étant pas d’allier le meilleur de l’Homme (relationnel, capacité de création) et la puissance de calcul et de simulation de la machine ? La question de l’homme augmentée reste à méditer avec notamment les développements de Neuralink avec toujours l’influence d’Elon Musk. Faut-il réparer l’homme en situation de handicap ou fabriquer des hommes augmentés qui valent 3 milliards au risque de faire une sélection par l’argent ? La question est d’ordre éthique. Là aussi, un cadre juridique international sera nécessaire avec des valeurs qui diffèrent entre Chine, Europe et États-Unis et même au sein des États-Unis où la Californie n’est pas toujours alignée avec les autres États. Le Calexit (California Exit) reste revendiqué par quelques minorités.

Nous aurons le boom de l’intelligence artificielle générative à partir de textes et d’images. GPT4 est annoncé cette année. Google ne sera pas en reste avec le projet de chatbot LaMBDa qui pourrait être intégré dans son moteur de recherche en riposte à ChatGPT.

La crise de l’énergie, en partie liée à la guerre en Ukraine, est bien plus difficile à traverser que celle du Covid pour les entreprises. Par ailleurs n’oublions pas qu’une grande partie de la production des composants est faite à Taiwan avec TSMC. En décembre dernier, une usine de Taiwan célébrait sa production en grande série de puces avec une technologie de 3 nano-mètres. Une guerre pourrait en cacher une autre.

Il serait peut-être à terme nécessaire d’avoir une présomption de non fake news comme il existe la présomption d’innocence en droit. Et en cas de préjudice causé, de demander par la suite des réparations.

2023 sera aussi, après plusieurs années de gestation et de nombreux développements techniques, l’année de lancement des sites frogans en alternative au web avec un impact énergétique notable et une ergonomie et une fluidité correspondant à un changement de paradigme.

Le temps passé sur les réseaux sociaux en France a progressé de 5 minutes en 1 an s’établissant à 1 h 46.

Avec les JO de Paris en 2024 en ligne de mire, des sportech françaises pourraient bien se développer. On a des start-up comme No Limit agency et tout un pan économique du côté de l’e-sport avec une réglementation à opérer pour faciliter les passerelles entre e-sport et sport pour la santé de tous.

Belle année 2023 à tous et à au plaisir d’échanger sur les médias sociaux et lors de différents événements numériques !

1 Commentaire

  1. Merci pour cette rétrospective très complète et détaillée. Il est bon de rappeler que le concept de l’IA et des systèmes experts ne date pas d’aujourd’hui, avec en effet
    les langages PROLOG et LISP qui fêtent leur 50 ans. L’évolution du numérique a été fulgurante et ce n’est pas terminé…

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