Sélection de 10 livres au rayon numérique pour débuter l’année 2023

Une nouvelle sélection de livres [numérique | digital selon les goûts] de début d’année – pour ceux qui seraient en manque d’idées de cadeaux de rattrapage mais pas que – suit.

Plusieurs aspects du numérique figurent.

Data démocratie


Sous-titré Etre un citoyen libre à l’ère du numérique est le nouveau livre de Thomas Jamet avec Florian Freyssenet et Lionel Dos Santos De Sousa. Il s’agit d’un livre de réflexion sur le monde de demain avec le numérique et l’ubérisation de la société induite par les GAFAM et comment les États pourraient travailler de façon complémentaire avec les plateformes numériques dans la co-création de valeur autour de la donnée et un partage plus équitable (lequel ne repose pas sur les interdictions ou les taxes). Les 6 parties ne sont pas toutes sur le même plan. Nous avons tout d’abord un rappel sur le pouvoir des GAFAM, les états-nations virtuels avec un schéma pages 52-53 du circuit de la donnée. En me permettant une comparaison je pourrai dire que « l’on passe ainsi du moteur à explosion à 4 temps (admission, compression, explosion, échappement) pour l’or noir, le pétrole à celui pour l’or transparent, la donnée », à comme l’évoquent les auteurs, les 4 temps de la donnée : « la génération, la collecte, l’analyse et l’échange ». Sur ce schéma fondamental, les acteurs et les services sont positionnés. Les données du livre sont récentes avec beaucoup de références pendant la Covid et après avec aussi le web3 et la nécessaire complémentarité entre l’intelligence artificielle et le rôle de l’humain en dernier ressort que ce soit – et c’est analysé lors du chapitre 5 – pour les domaines de la santé et de la sécurité. Les aspects géopolitique et souveraineté numérique sont traités lors du chapitre 2, plus sur la partie américaine avec un zoom sur les interdictions crescendo de Huawei aux Etats-Unis et pas seulement et les menaces pour la sécurité avec l’importance du lobbying. Le chapitre 3 traite du cas français avec notre retard et une devise républicaine qui pourrait être « liberté, égalité, fraternité, connectivité ». Le chapitre suivant s’attache au concept clé du livre, la rétocratie ou la mise en réseau de l’Etat, des services publics (qui ne font que se dégrader depuis des années alors que les prélèvements sociaux et les impôts augmentent) et le citoyen. Le dernier chapitre questionne sur la capacité de changement et en annexe figurent 5 recommandations. Ajoutons que le livre est pimenté surtout pour les premiers chapitres par des références historiques depuis la Grèce antique en passant par la science-fiction (HAL est dans le hall, les Empires contre attaqueront, etc.) et quelques jeux de mots avec également la notion importante de stand alone complex. Pour alimenter sa réflexion et sa culture numérique, ce livre fait partie des must read.

40 mots pour un numérique responsable


Le livre 40 mots pour un numérique Responsable est d’actualité alors que toutes les entreprises sont confrontées à la RSE. Les défis de l’obsolescence programmée, de l’inclusion numérique, d’un partage des savoirs et d’un mieux vivre avec le numérique et non une dépendance sont clés. Après une première partie qui brosse le contexte dans lequel est indiqué qu’une personne change de smartphone tous les 23 mois, ce qui engendre une grande pollution comme on l’a vu avec le livre de Guillaume Pitron L’enfer numérique ou encore la notion de transformation numérique responsable, les termes du numérique responsable sont progressivement définis. On y trouve pêle-mêle low tech, réparabilité, neutralité carbone (alors qu’il ne s’agit que d’un des aspects ; nous avons la question de l’épuisement des ressources, des terres rares, etc.), écocide, illectronisme, souveraineté numérique, iconomie, résilience, décommissionnement (qui est intéressant pour les vieilles applications archaïques et énergivores d’une Direction des systèmes d’information d’une grosse structure), écoconception, agilité.

Datae humanum


Encore un livre qui utilise en sous-titre la transformation digitale et surfe sur les enseignements de la crise de la Covid, cette fois-ci au service du renouveau humain. Le livre expose pourquoi il est nécessaire de transformer l’organisation avec le digital pour créer de la valeur différemment. La transformation avec la technologie est pour l’auteur vue à 5 niveaux : 1. Les contours de l’offre 2. La manière de service les clients et d’interagir 3. La manière de travailler, dans le design de l’organisation et les méthodes 4. La raison d’être 5. La monétisation générée et le business model. Dans ce contexte, la data est clé ainsi que la réduction entre sachants et non sachants. Il convient de se poser les bonnes questions comme la donnée que l’on a à disposition sans même l’exploiter, est-ce que la donnée est transformable en donnée utile, est-ce que la donnée collectable si l’offre évolue vers de nouveaux modèles ? Le chapitre 4 qui évoque l’aspect philosophique de la transformation digitale est le plus original avec des renouveaux symbolique, anthropologique et social. Il amène à une réflexion orthogonale à celle cartésienne dans laquelle on vit où la question du sens est parfois absente. Même si l’usage de la data est mise au cœur de toute stratégie et tout management d’entreprise, il n’y a pas de recette magique sur le comment faire et chaque organisation y puisera quelques schémas et réflexions dans le livre d’Helen Zeitoun pour élaborer sa propre stratégie.

L’important c’est le CO2

Après une introduction de Michaël Trabbia présentant les enjeux de réduction des émissions de CO2 laquelle ne doit pas sacrifier notre niveau de vie, c’est-à-dire avoir un impact négatif sur le PIB qui serait corollaire de pauvreté, et en insistant sur l’augmentation de la durée de vie des équipements (par exemple passer de 3 à 5 ans la durée d’utilisation d’un smartphone avant de le reconditionner), 7 dirigeants expriment leur point de vue à travers un chapitre chacun parmi lesquels François Asselin, Gilles Babinet, Bertrand Badré, Thierry Beaudet, Anne-Sophie Grouchka, Laure de La Raudière, Jean-Hervé Lorenzi. La question démographique est pointée, tout comme la nécessité de raisonner sur le cycle de vie complet de la production d’un produit avec le passage vers l’écoconception, l’exploitation des métaux et composants nécessaires au numérique et les problèmes humains qui en découlent, le fait que le numérique pouvait contribuer à optimiser les 96 % de rejet de CO2 des autres secteurs d’activité. Des idées sont émises comme l’accès à des indicateurs liés au CO2 en open data, le nécessaire accompagnement et non la sanction notamment pour les TPE et les PME. Restent aussi des questions comme celle de l’acceptation, voudrons-nous consommer des insectes comme propose la start-up Ynsect créée en 2011 ? Comment faire pour que la Chine qui est le premier pays en matière d’habitants pollue moins ? [NDDF : car si la France rejetait 30 % de moins par habitant, ce qui serait un effort considérable, celui-ci serait englouti par 0,85 % d’émission en plus par la Chine]

L’élan décisif


Préfacé par Aurélie Jean, Carlo Purassanta, qui a consacré une grande partie de sa carrière chez IBM avant de pivoter chez Microsoft d’abord en Italie puis en France à la direction de Microsoft France, estime que l’Europe peut redémarrer face aux Etats-Unis et à la Chine. L’allégorie des redémarrages va bien au-delà de rebooter son ordinateur. Comme tout Italien amateur de sport, elle prend appui sur la finale 1984 de Roland Garros entre Ivan Lendl et John McEnroe. Mené 2 sets à rien, sans rien lâcher, Ivan le terrible a redémarré pour coiffer en 5 sets le joueur américain qui s’était baladé lors des 2 premiers sets : en sera-t-il de même pour l’Europe face au combat pour la suprématie numérique où nous sommes à la ramasse face aux Etats-Unis et à la Chine ? La première partie est plus une réflexion après du recul opéré lors des restrictions liées à la crise covid et un retrait vis-à-vis de Microsoft : une première partie de carrière consacrée à l’informatique avec par exemple la bascule opérée par IBM après la cession de la branche PC au chinois (déjà à l’époque) Lenovo l’amenant dans la galaxie Microsoft et surtout une maîtresse révélatrice de son potentiel qu’il a revu récemment lorsqu’elle fêtait ses 99 printemps. L’auteur explique à sa manière comment l’Europe peut avec le numérique et l’innovation revenir dans la course. La seconde partie délivre 9 pistes pour transformer notre société (dont l’innovation, la politique industrielle, l’éthique, le juridique, la formation, le développement durable, les territoires) en surfant sur la 4e révolution industrielle : L’élan décisif est en fait comment modifier notre destin pour agir et non subir (GAFAM et BATHX sans les citer) car comme le disait Alan Kay, informaticien américain qui travailla au laboratoire PARC de Xerox, pour Atari, Apple et HP : « Le meilleur moyen de prédire le futur c’est de l’inventer ».
Le livre apporte des questionnements pour que chacun à son niveau apporte des réponses. Un regret cependant, peu de projection du fait des cartes rebattues avec la crise de l’énergie liée en partie à la guerre en Ukraine.

Pro en réseaux sociaux


Ce livre de Christine Balagué et de votre serviteur en 13 chapitres conclus par 13 plans d’action comprend des outils pratiques pour être plus performant sur les réseaux sociaux : comprendre le fonctionnement des algorithmes, comment s’opère un buzz, etc. Il est organisé pour des mises en œuvre opérationnelles depuis la stratégie à l’action. Des thèmes peu traités sont abordés comme l’usage en B2B, pour les RH, l’emploi des réseaux sociaux en entreprise (avec les chartes d’usage, la succession numérique), la compréhension des fake news et des mécanismes viraux. Il fait également le point sur les réseaux sociaux majeurs (Facebook, Instagram, LinkedIn, Twitter, YouTube, TikTok) et les autres avec dans quel type d’usage et de structure il est plus intéressant d’être présent sur tel ou tel outil.

Tous accros aux écrans


Ce livre d’Alexis Peschard, addictologue et en même temps chef d’entreprise, est très simplement conçu en deux volets, d’abord la définition de la cyberdépendance puis comment faire pour sortir d’une situation de cyberdépendance qui est par ailleurs un phénomène grandissant pour être pris au sérieux. En partant des neurosciences, des mécanismes de récompense du cerveau, il montre que la dépendance aux écrans, smartphones en particulier avec les applications addictives qui vont avec, est une autre forme que le tabac, l’alcool et les drogues. Ici les formes sont plurielles, achats en ligne, surmenage dans le travail (workaholisme), jeux en ligne, etc. Avec un mécanisme de défense des victimes, le déni. Entre passion et addiction, la frontière est floue et il existe plusieurs facteurs de risques qui sont examinés. Une règle des multiples de 3, intéressante, est énoncée pour les enfants : pas d’écran avant 3 ans ; entre 3 et 6 ans, l’écran est partagé avec l’adulte ; entre 6 et 9 ans, l’écran peut servir de base à un éveil créatif ; entre 9 et 12 ans, on contrôle pour aller vers une autonomie progressive avec une prise de conscience autour des avantages et dangers inhérents à Internet et aux écrans. Pour sortir de l’addiction, il faut déjà faire un constat de son degré de dépendance aux écrans. Des questionnaires simples à réaliser et selon le type de dépendance sont proposés dans le livre. Des solutions et des pistes de déconnexion, par exemple pendant les vacances sont proposées.

Métavers, NFT : décrypter le nouveau monde


Le livre commence par une définition des termes comme métavers, avatar, Web3, smart contracts, DAO. En introduction, des rappels salutaires viennent remettre les horloges en place. Ce n’est pas parce qu’il y a eu des baisses du bitcoin ou des corrections boursières que le métavers est mort. En outre un quiproquo vient du fait que le 28 octobre 2021 en devenant Meta, le Groupe Facebook a fait croire que « le métavers, c’est Meta » un peu à l’image de Louis XIV qui scandait « L’Etat, c’est moi ». Les caractéristiques du métavers (immersion, persistance) sont évoquées. Les données et exemples sont récents dans une tonalité pro-technologie et recueil de l’état de l’art sans insister toutefois sur l’acceptation humaine même si la réflexion est l’utilité du métavers dans l’entreprise au-delà de Teams ou Zoom. La question du droit dans le métavers est bien abordée dans une seconde partie qui lui est consacrée avec in fine celui de la régulation. Un bon tour d’horizon nourri d’exemples récents.

La transformation digitale pour tous !


Ce livre co-écrit avec Michaël Tartar est le troisième et le plus abouti sur la transformation digitale. Avec le retour d’expérience de cas de transformation digitale (réussie et ratée) de toute organisation, il contient le modèle DIMM (Digital Internet Maturity Model), librement utilisable qui permet d’établir un diagnostic des forces et faiblesses de son organisation. C’est un préalable avant d’entamer la feuille de route de transformation digitale de son organisation avec les choix/arbitrages à opérer ainsi que le budget et la conduite du changement sur les actions à réaliser et les impacts associés en matière de maturité. Ils se traduisent en parts de marché, en satisfaction des clients du fait de l’expérience utilisateur améliorée, en image, etc. Ce modèle DIMM comprend 6 axes (Stratégie, Organisation, Personnel, Offre, Technologie & Innovation, Environnement) lesquels sont composés de groupements et d’indicateurs, lesquels permettent une mesure pour chacun d’eux de la maturité numérique associée. Ceci permet des comparaisons, est-ce que Renault est plus mature que Peugeot dans le domaine automobile par exemple et sur quel axe et indicateurs, etc. Et pourquoi ?

L’excellence démocratique


Sous-titré Réinventer la démocratie dans un monde complexe et incertain, il s’agit du nouvel ouvrage d’Olivier Zara qui, parti du monde du numérique, s’est attaché aux sujets liés à l’intelligence collective et au management. Désormais, toujours dans une approche holistique et dans un monde dit VUCA, il s’attache à un sujet brûlant alors que l’abstention ne fait que progresser au fil des élections et que les votants choisissent la personne la moins pire, sans adhésion. Certains concepts décrits dans des ouvrages précédents comme la stratégie du thé sont réutilisés pour cette problématique. La question des biais congnitifs (188) est évoquée d’emblée ainsi que l’enjeu du livre alors que la crise climatique rend l’exercice de la démocratie plus complexe. Il ne faut pas s’attendre à un livre qui parle de numérique. Notons deux grandes règles des manipulateurs que l’on peut vérifier dans les faits : « 1. Plus c’est gros, plus ça passe ! 2. Plus on répète souvent le mensonge, plus il devient crédible ». Le livre est cependant passionnant à travers 13 chapitres dont un L’élection sans candidat qui est le plus utopique et aussi le mode le plus abouti avec l’aide de solutions numériques proposées pour le réaliser. A mettre dans toutes les mains de ceux qui s’intéressent au numérique et à la démocratie et/ou politique.

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