3 questions à … Ségolène Dufour-Genneson

1. Pourriez-vous présenter ARTHIS (Augmented Reality Treasure Hunt Imaginative Sandbox) qui permet d’exploiter la réalité mixte sur son smartphone avec la géolocalisation ? Comment se faire une place dans un écosystème d’acteurs déjà foisonnant ?

Arthis se consacre à l’exploitation de la puissance de la réalité augmentée pour améliorer nos expériences quotidiennes en intégrant de manière transparente des éléments de virtualité dans la réalité grâce à la géolocalisation. La réalité augmentée est devenue une technologie omniprésente, mais il manque une plateforme accessible pour exploiter pleinement ses capacités. Arthis cherche à combler cette lacune en développant le bon outil et en créant un écosystème qui permette l’intégration transparente de la réalité augmentée dans notre vie quotidienne, améliorant ainsi nos expériences de voyageur, de consommateur, ou de citoyen.

À long terme, cela signifie remplacer toute la signalisation temporaire (pour les événements ou la publicité) par des ARTags géolocalisés, ciblés précisément pour chaque utilisateur, afin de fournir uniquement les informations les plus pertinentes et les plus convaincantes, au bon endroit, pour vous amener là où vous devriez être, et dans la langue de votre choix. Imaginez que vous vous rendiez à votre place pour le grand match grâce à votre billet acquis et intégré dans l’application ARTHIS, qui vous indiquera le meilleur itinéraire à suivre, jusqu’au wagon de métro et à la ligne de sécurité, et diffusera des publicités pour votre entreprise, ou des messages d’information parfaitement intégrés dans le décor, et auprès du bon public. C’est ce que nous voulons faire. C’est facile, transparent, pertinent et cela produit un minimum de déchets.

Interview de Ségolène Dufour-Genneson, co-fondatrice d’Arthis

Aujourd’hui, le monde de la réalité augmentée est en croissance ce qui offre de nombreuses possibilités de collaboration. Par ailleurs, beaucoup d’acteurs gardent le contrôle du contenu, dont nous souhaitons rendre le contrôle à nos utilisateurs.

2. Quels sont les usages possibles tant pour les entreprises que pour les particuliers avec des appartenances à des communautés ? Quel est votre modèle économique ? Pourriez-vous nous expliquer le concept d’ARTags pour les informations encapsulées ?

ARTHIS permet de créer, de partager, et de consulter simplement grâce à son smartphone des itinéraires dans l’espace, jalonnés de “ARTags” qui sont des balises en 3D qui peuvent conteneur du texte, du son, des images ou toute autre information, ludique ou sérieuse, suivant le désir de l’utilisateur. Elles sont accessibles aux utilisateurs choisis par le créateur (ouvert au public ou réservé à des employés par exemple) grâce à une application.

En ce qui concerne notre modèle économique, nous proposons une licence d’utilisation pour les entreprises qui souhaitent utiliser notre technologie en marque blanche. Cette licence inclut un accès complet à nos outils de création et de partage de contenu en réalité augmentée. De plus, nous envisageons également une structure de revenus basée sur des micro-transactions pour certains contenus premium ou fonctionnalités additionnelles pour les utilisateurs individuels. Notre objectif est de maintenir la plateforme accessible tout en offrant des options de monétisation supplémentaires pour soutenir son développement continu. Les deux plateformes, ancrées sur la même architecture, pourront être utilisées ensemble ou séparément.

Aujourd’hui, nous proposons cette application en marque blanche pour permettre aux commerces, hôtels, musées ou collectivités de proposer du contenu interactif à leurs clients sans avoir à passer par une agence à chaque nouveau parcours, et donc à moindre coût.

Dans son utilisation la plus simple, ARTHIS complète ou remplace avantageusement les guides papiers et les services de conciergerie et ce, grâce à des intégrations d’IA générative, automatiquement dans la langue d’utilisation par défaut du téléphone de l’utilisateur. A moyen terme, nous travaillons à intégrer nos travaux de recherche sur la reconnaissance des plans et des algorithmes de gestion des flux qui permettront d’améliorer et de personnaliser l’expérience événementielle permettant de limiter les “embouteillages” et d’optimiser les parcours.

Sur la même architecture, l’application ARTHIS pour une communauté ouverte est actuellement en Bêta fermée, et permettra à terme de créer des parcours découvrables par affinité. A l’instar de TikTok par rapport à un studio hollywoodien, nous souhaitons, non pas concurrencer Pokemon Go, mais permettre à tous de laisser leur créativité s’exprimer en réalité augmentée sans barrières.

3. Que pensez-vous de l’évolution du secteur des métavers, est-il parvenu à la stabilité après des sur-attentes notamment avec Meta qui a annoncé voici peu des Ray-Ban Stories ? Enfin comment tirer parti de la géolocalisation tout en ayant des garde-fous pour les libertés ?

Nous croyons fermement à des solutions hybrides et c’est ainsi que nous avons pensé ARTHIS. Plutôt que de fuir le réel, nous permettons à tous d’enrichir leur environnement d’éléments virtuels choisis. Cette solution nous paraît plus attractive et plus inclusive. Par ailleurs, elle participe à des dynamiques de société positives : la redynamisation des centres villes, l’accès aux commerces locaux, le tourisme de proximité et les mobilités douces. La sortie des Ray Ban Stories participe à l’engouement pour la réalité mixte accessible, et comme le disait très bien cet été Eric Marcellin Dibon de Microoled, la réalité augmentée n’en est qu’à ses débuts, et cherche encore ses cas d’usages (justement proposés par ARTHIS).

La géolocalisation apporte une dimension de personnalisation du contenu inédite à la réalité augmentée, mais comme avec tout nouvel usage technologique, elle vient avec son lot d’interrogations éthiques et de besoins réglementaires. Nous participons activement à ces réflexions en Europe et aux Etats-Unis. La révolution du Web3 est celle de la décentralisation des données, et en mettant la tech directement dans les mains des utilisateurs, nous espérons contribuer à les rendre maître de leur existence en ligne. Tout comme sur les sujets de données, nous avons la chance en Europe de bénéficier d’une réglementation qui met la protection des utilisateurs à son cœur. Dans cet esprit et en attendant un cadre mieux défini, nous adoptons une politique de minimisation des données, ne conservant que les informations strictement nécessaires pour fournir le service, tout en assurant une transparence totale sur l’utilisation des données.

Ségolène Dufour-Genneson co-fondatrice et Directrice Stratégie et Commerciale d’Arthis, se définit comme une diplomate au service de l’innovation privée. Elle a passé la première partie de sa carrière à créer des organismes de partenariats entre le public-privé, dès l’université pour les 100 ans de l’Entente Cordiale, puis les conférences TED et TEDx à Pékin, et enfin un partenariat entre la CIFA, ASP Consulting et ONU promouvant l’éducation et l’Éthique Financière. Elle a fait partie de l’équipe inaugurale du Georgetown Institute for Women, Peace and Security, le Think Tank d’Affaires Internationales d’Hillary Clinton. Entrée chez Axa en 2014, elle a travaillé aux Etats-Unis puis à Shanghai oeuvrant au rachat en 2019 de la filiale chinoise AXA TianPing.

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