Rapport Villani sur l’intelligence artificielle : du sens et de la stratégie

Le rapport Villani librement téléchargeable Donner un sens à l’intelligence artificielle – Pour une stratégie nationale et européenne vient d’être remis. La mission était composée de 4 membres du CNN (Conseil National du Numérique), du directeur de recherche de l’INRIA et d’un ingénieur de la DGA.

3 domaines d'application de l'intelligence artificielle

Le rapport est articulé en 6 parties :

Politique économique articulée autour de la donnée : les aspects d’ouverture avec de l’open data dans un cadre juridique maîtrisé, achat public, etc. et dans quelle mesure l’IA s’intègre.

Recherche agile et diffusante : outre la formation au cœur, le fait de pouvoir faire sauter les silos avec une fluidité entre chercheurs, étudiants et entreprises est à noter.

Anticiper et maîtriser les impacts sur le travail et l’emploi : la transformation (et formation au) digital(e) est analysée avec aussi des considérations pour l’accompagnement des emplois à plus fort risque d’automatisation (21 % pour les agents d’entretien, les plus menacés) et le renfort en éducation au numérique bien maigre avec une phrase page 121 « La nouvelle option informatique et la nouvelle discipline « humanités numériques », au lycée, viendront utilement permettre à la fois de renforcer la compétence en algorithmique des élèves les plus motivés, et la culture numérique qui dans notre société numérique doit maintenant faire partie du bagage de tous et toutes ». D’une façon générale le rapport va au-delà de la seule considération d’IA qui est un thème transverse même si certains points restent esquissés.

L’IA au service d’une économie plus écologique : l’idée est intéressante. Peut-être qu’un élargissement dans le cadre des villes intelligentes aurait été à creuser.

Ethique de l’IA : il s’agit de la spécificité française qui est bien souvent absente des acteurs américains qui sont plus rivés sur les seules considérations économiques.

IA inclusive et diverse : la diversité est prônée comme objectif avec un objectif quantifié de 40 % d’étudiantes dans les filières du numérique sachant que nous risquons d’avoir un écart-type très fort entre les aspects communication numériques où les femmes sont plus représentées que dans le développement dans les couches basses et le matériel.

Chaque partie se termine par quelques pages « dans l’imaginaire » pour le fun via Anne-Caroline Paucot.

Suivent 5 focus sectoriels intéressants :

La transformation de l’éducation qui laisse un goût d’inachevé par rapport aux opportunités d’e-learning et de la nécessaire éducation au numérique plus précoce et l’apprentissage du codage à un plus grand nombre, n’en déplaise à l’énarque Laurent Alexandre.

La santé à l’heure de l’IA qui est un sujet crucial avec le vieillissement de la population et du besoin en solutions médicales de prévention et de curation en présentiel et à distance.

La France leader de l’agriculture augmentée. Cette partie va plaire à l’APCA et à Hervé Pillaud, l’agriculteur 2.0.

La politique d’innovation de rupture dans le secteur du transport au niveau européen. L’axe est surtout mis sur la coopération franco-allemande alors que le cadre est plus large, on le voit avec l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi par exemple.

L’IA au service de la défense et de la sécurité est un aspect structurant pour la France qui comme pour l’agriculture est le poumon de l’Europe. Toutefois les quelques pages sont assez maigres par rapport aux enjeux de souveraineté, de protection par rapport au terrorisme, aux cyberattaques où l’IA a un rôle majeur à jouer.

Le rapport est également résumé au début en 10 pages, pour les 6 parties.

En comparaison avec d’autres rapports, il n’y a pas de recommandations numérotées mais le rapport esquisse pourquoi l’IA est stratégique pour l’ensemble de la société et présente plus un côté littéraire dépourvu de schémas. Un glossaire avec définition des termes usuelles de l’IA aurait été bienvenu : système expert, big data, chatbot, deep learning, machine learning, etc.

A noter que la dotation de 1,5 milliard pour l’IA en France peut paraître importante mais reste modeste comparativement à l’action de la Chine en la matière. L’empire du milieu ambitionne d’ici 2030 d’être le leader mondial et du même coup dépasser les Etats-Unis. Lors d’un événement organisé par l’IHEST le 12 mars dernier, avec Bertrand Braunschweig, directeur du centre de Saclay Ile-de-France de l’INRIA et Charles Thibout, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), été évoqué le chiffre de 120 milliards d’euros d’investissement en Chine pour un impact économie attendu de 1 200 [ce qui correspondrait à un investissement par citoyen 5,5 fois supérieur en Chine comparativement à la France alors même que le PIB par habitant est bien inférieur]. De là à faire paraître frugale l’innovation en matière d’IA en France…

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