1. Quelles seront les caractéristiques techniques de la nouvelle génération post-IP ?
La nouvelle génération Post-IP n’est pas encore définie ! Elle devrait se mettre en place dans dix à quinze ans. Son objectif est de remplacer l’actuelle génération Internet qui atteint ses limites dans plusieurs domaines comme la consommation d’énergie, la sécurité ou la forte mobilité. Aujourd’hui il n’existe que des pistes mais pas l’étincelle qui doit être à la base de cette future génération. De nombreux projets, dont le projet phare 4WARD, avancent vers des propositions intéressantes. En fait, deux écoles se sont formées, celle qui suppose que le post-IP sera compatible à IP et celle qui repart de zéro ou « clean slate ». Les thématiques les plus en avant pour cette nouvelle génération sont :
- la virtualisation : tous les équipements de réseau sont virtualisés, depuis les routeurs jusqu’au firewall en passant par les diverses box intermédiaires ;
- l’autonomie : technique qui permet à la fois la spontanéité et l’autonomie. L’objectif est de gérer et de contrôler automatiquement les futurs réseaux ;
- la sécurité forte : les clients du futur réseau seront tous authentifiés mais de façon fermée, c’est-à-dire sans que leur identité puisse être dévoilée ;
l’utilisation massive des connexions hertziennes avec la radio cognitive et les antennes intelligentes ; - les réseaux à contrôle sémantique : en fonction de la sémantique, les flots sont traités de façon spécifique ;
- l’intelligence : tous les équipements seront dotés d’agents capables de prendre des décisions locales et d’en faire part à leurs voisins.
2. Comment se positionnent les entreprises Qosmos, Ucopia, EtherTrust, Virtuor dont vous êtes à l’origine ?
Les entreprises dont je suis à l’origine sont complémentaires pour toucher les différents points sensibles que l’on retrouve dans le Post-IP :
- QoSMOS a été la première société à commercialiser un filtre applicatif capable de reconnaitre tous les flots de l’Internet. Ceci permet d’accélérer, détruire, traiter les flots à la demande et plus généralement d’aller vers les techniques de contrôle sémantiques.
- Ucopia propose des solutions de sécurisation, de gestion de la mobilité et de convergence pour les applications voix, vidéo, données sur les réseaux sans fil et filaire.
- EtherTrust commercialise un logiciel pour carte à puce pour sécuriser fortement les applications Web, en rendant impossible le fishing et les attaques par des logiciels malveillants.
- Virtuor est la première société à proposer une technique d’ouverture et de fermeture de réseaux virtuels à la volée.
3. Enfin en matière de réseaux, tant sur l’infrastructure que sur les services, sur quels projets la France et l’Europe pourraient-ils s’appuyer pour peser sur la scène internationale ?
De nombreux projets européens ont été lancés pour essayer de positionner l’Europe au premier plan de la scène internationale en matière de réseaux. Ce sont sûrement les grands projets européens du septième plan (FP7) qui ont le plus d’impacts. Parmi ceux-ci nous pouvons citer, comme déjà mentionné dans la première question, 4WARD pour la future génération de réseaux ainsi que le projet Trilogy qui se préoccupe du contrôle des futurs réseaux, le projet SENSEI sur les réseaux de capteurs et E3 sur les réseaux sans fil et de mobiles.
La recherche européenne est au même stade d’avancement que les projets américains autour de FIND (Future Internet Design) et NetSE (Network Science and Engineering) ou les projets asiatiques AKARI ou FIF (Future Internet Forum).
10 octobre 2009
Guy Pujolle est professeur à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI), expert international en matière de réseaux de télécommunication et auteur du livre best-seller Les réseaux. Il est par ailleurs membre du Comité consultatif scientifique du Groupe France Télécom.
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