1. Quelles évolutions voyez-vous se dessiner pour les médias sociaux avec notamment l’essor des mobiles et l’arrivée de l’Internet des objets ?
Pour moi, la principale évolution des médias sociaux, c’est que ce concept va devenir « mainstream ». On ne pourra pas (ou presque pas, il restera des récalcitrants…) envisager un nouveau produit, un nouveau service, sans prendre en compte sa dimension « web sociale », pour plusieurs objectifs, souvent simultanés, en vrac : la relation client, la stratégie de contenus, la notoriété de la marque, etc. Les sites web devront intégrer cette couche sociale, qui peut aller bien au-delà du simple affichage de boutons de partage ou de lien vers les « comptes sociaux » de l’entreprise. Le site web deviendra social.
[photo par Christophe Averty]
Ceci a plusieurs impacts, surtout sur la mise à jour des contenus : le métier de community manager va se « commoditiser », voire se fondre progressivement dans la masse des autres métiers. Cela ne signifie pas qu’il disparaît, mais au contraire qu’il ne se distingue plus d’autres fonctions liées à la communication de l’entreprise.
Le mobile en soi ne change pas la donne, sauf qu’il permet de faire du web social à toute heure de la journée, en tous lieux. Dans un centre commercial, au travail, en vacances ou assis sur la cuvette des WC. Sale temps pour les community managers, dont les contrats de travail devront probablement évoluer pour intégrer – au sein de certaines entreprises – des horaires de travail le week-end ou en soirée.
Quant à l’Internet des objets, je ne crois pas qu’il ait une incidence sur le web social. Il s’agit d’un domaine disjoint. Si ma télé ou ma balance personnelle se mettent à tweeter avec ma trottinette [ou VIR pour David ;-)], cela a peu d’incidence sur ma relation au produit. Je suis partisan d’un usage efficace des médias sociaux, dans une relation personnalisée avec l’entreprise ou la marque.
2. Quelles sont les marques qui, ces derniers mois, se sont, selon vous, montrées les plus innovantes dans les usages des médias sociaux ? Pensez-vous que les réseaux sociaux éphémères comme Snapchat ont un intérêt pour les marques ?
Difficile de faire un choix, alors je préfère donner une orientation : mon pari, c’est celui d’un fort développement des médias sociaux en B2B, et principalement le couple LinkedIn / Slideshare (qui lui appartient…). LinkedIn est en train de proposer les mêmes types de fonctionnalités et d’approche que Facebook il y a 4 ans. Les entreprises qui s’y sont investies en ont tiré d’immenses bénéfices, et le grand enjeu va être de former les équipes commerciales au « social selling », comme l’appelle LinkedIn.
Du point de vue des plateformes, les rares qui perceront devront être très agiles, car Facebook et Twitter disposent d’une force de frappe énorme pour contrer toute innovation et offrir des services similaires : en la matière, ils font un peu office de « trous noirs », tout ce qui passe trop près d’eux est happé…
J’ai une relation personnelle très sceptique vis-à-vis des réseaux sociaux éphémères. Pour moi, ils profitent essentiellement de la bulle, mais je ne vois pas encore bien comment ils pourraient détourner vers eux une part significative – disons 10 % – des investissements réalisés sur Facebook et Twitter. Valoriser un Snapchat à 10 milliards de dollars, c’est une pure folie spéculative. Je me trompe peut-être, mais laissons le temps au temps, comme disait Mitterrand.
3. Enfin pourriez-vous nous présenter votre dernier livre La communication digitale expliquée à mon bossLa communication digitale expliquée à mon boss et nous livrer à ce sujet quelques anecdotes ?
Avec plaisir. Ce livre, sorti en octobre 2013 déjà, a été co-écrit avec Yann Gourvennec, et une brochette d’auteurs spécialistes de leurs domaines respectifs : il y en a une trentaine. Il aborde une multitude de sujets autour de la communication digitale des entreprises : spécificités B2C / B2B, stratégie de contenu, achats médias, relations presse 2.0, e-réputation, problèmes organisationnels, événementiel, etc. Ce n’est pas un guide pratique pour mettre en oeuvre, mais plutôt un ouvrage qui doit amener à une réflexion au sein de l’entreprise, de manière à transformer les modes de communication. C’est pour cela qu’il s’adresse – indirectement – aux boss, seuls à mêmes de valider une telle transformation.
Je vous livre quelques anecdotes :
– comme le premier volet (Les médias sociaux expliqués à mon boss, février 2011, même éditeur), ce livre a été conçu le jour par Yann, alors que j’en ai rédigé ma part la nuit. C’est un mode très efficace de collaboration pour un ouvrage à quatre mains,
– contrairement au premier volet, conçu en deux mois, celui-ci a pris près d’un an entre l’ébauche du plan et la sortie effective,
– le livre a été réduit de près de 30 % pour ne pas dépasser les 420 pages. Dix chapitres en ont été extraits et sont disponibles gratuitement sur le site Amonboss,
– une vingtaine de schémas issus du livre ont été compilés dans une présentation disponible librement en téléchargement sur Slideshare (http://amonboss/slides2013), elle a d’ailleurs été vue plus de 30 000 fois !
– le livre est préfacé de Pierre Gattaz, pour marquer l’importance du digital pour toutes les entreprises. D’ailleurs, nous ciblons avant tout un lectorat de personnes qui ne sont pas à l’aise avec le sujet,
– le président de la République François Hollande en a reçu un exemplaire en mains propres, lors d’un déjeuner de patrons du numérique, auquel j’ai été convié en octobre 2013, une semaine après la sortie du livre. En voyant la couverture, le président a souri en demandant si c’était lui qui était représenté sur fond rose…
– comme tous les livres publiés chez Kawa, la version électronique est en vente au tiers du prix de la version papier environ,
– la version en anglais doit sortir courant octobre, sous le titre : Mastering Digital Communication like a boss,
– la collection « …expliquée à mon boss » est appelée à se développer, avec des ouvrages comme « Le big data expliqué à mon boss », « L’innovation et les start-up… », « Les RH… ». Nous avons même édicté les « 10 commandements » de l’auteur d’un ouvrage dans la collection. Les premiers ouvrages prévus ont pris un peu de retard, mais c’est dans le pipe,
– les revenus du livre sont intégralement reversés à l’association Media Aces, co-fondée avec Yann en 2009.
9 septembre 2014
Hervé Kabla, blogueur, polytechnicien, est directeur et fondateur de Be Angels,qu’il dirige depuis 2008. Be Angels est une agence de communication digitale spécialiste des médias sociaux, qui intervient en conseil, stratégie et en mise en oeuvre auprès d’entreprises françaises et internationales sur les secteurs de l’assurance, de la santé, de la high-tech et du retail.
Commentaires récents