Le vote électronique reste controversé. Et le débat n’est pas nouveau entre partisans et détracteurs.
Après avoir e-voté à Issy qui est un vote électronique nécessitant néanmoins un déplacement physique au bureau de vote, j’ai souhaité participer à l’élection pour la primaire à Paris. On a pu lire ici ou là que l’élection était faillible. C’est vrai et il est à déplorer des fraudes à la marge. Celles-ci ne viennent pas du système de vote lui-même mais de connaissances glanées dans le monde physique permettant d’usurper l’identité d’une personne inscrite sur les listes électorales en votant à sa place sur Internet. En effet, il suffit de connaître l’identité d’une personne, son arrondissement et sa date de naissance pour voter à sa place. Puis de régler 3 euros – soit le prix du vote + 2 à 3 euros – soit le coût d’une carte SIM par vote. Sachant que le numéro de téléphone est limité à deux utilisations – ce qui peut permettre de voter par procuration par exemple pour son conjoint.
Néanmoins, un citoyen voyant son identité usurpée dans l’hypothèse où une personne a déjà voté en utilisant ses informations identitaires peut porter plainte pour usurpation d’identité même si la procédure est longue et dissuasive.
Le paiement de 3 euros pour participer, qui revient à un suffrage modérément censitaire, s’explique par des frais techniques pour la mise en place du système. Et ne coûte pas au contribuable contrairement à d’autres primaires nécessitant des réquisitions de locaux publics le temps du scrutin.
Techniquement le système semble convenir avec une interconnexion entre la base de données des inscrits sur les listes électorales (quoique les personnes récemment majeures ou décédées ne figurent peut-être pas dans la base) et une remontée du nom et des prénoms de la personne souhaitant obtenir un ticket de vote. Le problème majeur réside dans la vérification de l’identité du citoyen derrière l’écran, l’authentification étant basée sur ce que l’internaute CONNAIT (les informations de la personne peuvent être récupérées – il suffit de se procurer le listing électoral ou de connaître la date de naissance et l’arrondissement de la personne), sur ce qu’il POSSEDE (la carte bancaire avec un paiement sécurité en https mais ce n’est pas un élément attestant l’identité mais permet simplement le paiement avec un bon degré de sécurité et une carte SIM pour le portable où est envoyé le code pour le vote mais des cartes SIM « one shot » peuvent être acquises à peu de frais) et sur ce qu’il EST. C’est ce troisième élément de preuve qui permet d’avoir une authentification forte. Pour que le système soit fiable, il faudrait donc un examen biométrique sophistiqué de type rétine de l’œil (mais qui coûterait les yeux de la tête, c’est le cas de le dire), ou plus simplement via webcam pour visualiser la personne derrière l’écran avec un procédé de reconnaissance d’image – mais tout cela a un coût. Ne serait-ce pas prendre un marteau pour écraser une mouche ? Car il convient de le rappeler, il s’agit d’une primaire au sein d’un même parti…
En tout état de cause, Nathalie Kosciusko-Morizet a remporté une victoire nette. Et plus de 20 000 personnes ont voté soit 1,7 % des inscrits, ce qui est un résultat honorable. Néanmoins avec un peu plus de 60 000 euros de recettes de vote, la couverture des frais n’est pas assurée. Mais si l’opération avait été menée dans le monde physique, les coûts auraient été bien supérieurs… Cette opération qui permettra de dégager des pistes de progrès pour de futures primaires à l’UMP et plus généralement dans tous les partis aura permis un débat d’idées alors même que d’autres partis optent pour un candidat unique cornaqué.
1 Commentaire
Un vote en ligne assorti d’une reconnaissance biométrique du votant vous semblerait donc « convenir ». C’est mal connaître les propriétés d’opacité de ce mode de vote…
Un vote démocratique DOIT être transparent
L’OSCE (Organisation Pour la Sécurité et la Coopération en Europe) rappelle que la transparence est la pierre angulaire des élections démocratiques.
Pas de transparences => pas de démocratie, mais un simulacre d’élections démocratiques.