La transparence sur l’algorithme de Twitter et ses principes
L’algorithme de Twitter – comme ceux de tous réseaux sociaux – fait couler beaucoup d’encre, plus encore depuis qu’Elon Musk a racheté la firme à l’oiseau bleu originaire de San Francisco.
Pour assurer la transparence de l’algorithme de recommandation de Twitter, Elon Musk a tenu sa promesse et l’a fait publier. Il s’agit de donner les éléments de la construction de la timeline de chaque utilisateur de Twitter, ce qu’il verra s’afficher sur son smartphone, PC ou tablette et également comment faire pour que ses tweets soient plus visibles. L’algorithme est disponible sur GitHub.
On pourra aussi se référer à cette publication scientifique qui a inspiré les concepts implémentés dans l’algorithme de recommandation de Twitter : https://arxiv.org/abs/2202.05387.
L’enjeu est d’afficher les tweets les plus pertinents selon Twitter dans la timeline de chaque utilisateur pour que ce soit le plus engageant et le plus rentable possible. Un réseau de neurones qui comprends quelques millions de paramètres et continuellement entraîné avec les interactions de tweets est utilisé. Pour faire simple, nous avons les données (de chaque utilisateur, les tweets, le graph social de chacun), des caractéristiques qui sont modélisées et une sorte de mixeur qui détermine ce qui sera visible par chacun en une fraction de seconde avec intégration de tweets publicitaires ou sponsorisés et de comptes à suivre. Ceci est résumé dans le schéma suivant.
Ainsi nous avons une interconnexion des services, des graphes de connaissances, des modèles de détection de contenu abusif, des modèles de graphes pour la prédiction d’interaction d’un utilisateur donné avec un autre, du PageRank de chaque twittos, etc.
Nous avons une notion de « dans le réseau » et « en dehors du réseau » de chaque utilisateur. Ainsi, chaque compte est catégorisé dans un groupe de comptes similaires. Un tweet d’un utilisateur est d’abord diffusé dans ce groupe proche avant d’être visible plus largement ailleurs si celui-ci suscite des interactions un peu comme sur LinkedIn par exemple.
Les facteurs qui influent la visibilité d’un tweet
Un algorithme dans l’algorithme permet déjà de déterminer le Tweepcred où équivalent du PageRank Twitter de chaque utilisateur qui est un score ici compris entre 0 et 100 (contre 0 à 10 pour Google).
Un Tweepcred élevé permet d’avoir ses tweets en visibilité . Si le Tweepcredt < 65, au maximum 3 tweets seront mis en visibilité. Sinon a priori il n’y a pas de limite sauf que trop de tweets peut être assimilé par les twittos à du spam en provoquant une lassitude et que les tweets ont une durée de vie (demi-vie de 6 heures). Les tweets les plus anciens ont un score de 0.003.
Alors que sur LinkedIn, Instagram et Facebook, ce sont les partages puis les commentaires et enfin les J’aime qui vont par importance décroissance, il en est tout autre avec Twitter.
Un Like se voit en effet attribuer un score de 30, un retweet de 20 et une réponse simplement de 1. Ceci se rajoute dans la construction du score global. Peut-être pour pénaliser ceux qui répondent à un tweet en trollant. Encore une fois c’est la viralité qui est cherchée en premier lieu.
L’ajout d’un lien externe (vers une source tierce hors de Twitter) à tout tweet le pénalise. Tout est fait par Twitter pour garder l’audience au sein de la plateforme. Ceci est handicapant si l’on souhaite pointer vers un article de site ou de blog pertinent alors même que la longueur d’un tweet est de 280 caractères (plus avec Twitter Blue).
Si on est abonné à Twitter Blue justement, on a un facteur multiplicatif de 4 mais qui est ramené à 2 si on n’est pas dans le même réseau que l’auteur d’un tweet. Les photos et les vidéos sont affectés d’un coefficient 2 à date.
La création d’un contenu engageant est plus importante que les J’aime ou retweet.
A noter que le fait de cliquer sur votre tweet et d’y rester plus ou de cliquer sur votre profil via un tweet est plus important qu’un J’aime. Ce qui est en revanche pénalisant dans le score global est d’être bloqué par un utilisateur et plus encore d’avoir une indication de spam ou pire un signalement.
Le ratio abonnés/abonnements est important d’où la course aux abonnés sans se désabonner de comptes pour autant car il est important d’avoir un graphe social.
Autre particularité, le Gouvernement (américain) peut interférer avec l’algorithme en cas de besoin comme une porte dérobée dans le code comme pour des recommandations pour suivre des candidats en période d’élection ou supprimer ce qui est jugé comme étant de la désinformation.
Quelques autres principes à avoir à l’esprit pour plaire à Twitter
Au même titre que pour le référencement, il faut savoir parler à Google, pour la visibilité il convient de dompter Twitter. Certains sujets sont à éviter (par exemple Ukraine à date) car on est pénalisé par l’algorithme qui est vrai à un instant t et est sujet à évolution. Cela me rappelle mon grand-oncle qui m’avait demandé où je cachais ma tirelire. Je lui avais montrée un matin et le soir même l’avais déplacée… alors qu’il voulait y glisser subrepticement un petit billet. C’est à l’image du changement de mot de passe pour garantir la sécurité de son compte (bancaire ou Twitter, ça rime).
Il convient de publier ce qui intéresse votre communauté et non de s’éparpiller.
Il est préférable de tweeter dans une seule langue.
Les mots inconnus et les fautes sont pénalisés, ce qui est dommageable pour les savoureux néologismes que l’on peut découvrir via ce réseau social dans l’instantanéité et le scoop.
Ne pas utiliser plus d’un hashtag par tweet, de façon à lutter contre le spamdexing consistant à mettre pleins de hashtags pour tenter de ratisser large.
Les sujets tendances sont à privilégier de même que les listes.
Enfin, il convient de ne pas répondre aux bots.
Apparition d’un petit compagnon, le chien pour nouveau logo Twitter
Le 3 avril, le logo Twitter a été troqué par celui du Dogecoin, une crypto-monnaie qui a connu un boom considérable côté valorisation. Il s’agit d’un mème, le #Doge, un chien de sauvetage nommé Kabosu. C’est un peu comme si inconsciemment le meilleur ami de l’homme, le chien avait un côté Twitter et vice versa pour le mélange des genres. Une affaire de communication qui s’est enchaînée avec la transparence de l’algorithme de Twitter. Ce logo petit chien pourrait être provisoire.
Du côté des comptes certifiés
Lorsque Twitter a acquis Twitter, les comptes certifiés ne représentaient que moins de 0,2 % des comptes.
Désormais, il est possible d’acquérir un badge bleu mais pour la gestion entre les utilisateurs voulant acheter un badge bleu (souvent des community managers ou des personnes à la recherche d’une visibilité pour leur business) et les comptes précédemment certifiés ante-Musk, une confusion règne.
Plutôt que de mettre en place une usine à gaz, désormais il est indiqué que le compte est certifié parce qu’il est abonné à Twitter Blue ou parce qu’il avait été certifié avec l’ancien système de notoriété de comptes, les anciens comptes certifiés étant peu enclins à débourser un abonnement.
Pour savoir si le badge bleu est historique et ne résulte pas de l’acquisition (onéreuse) de la pastille bleue, il est possible de se rendre sur le compte Twitter @verified et de regarder parmi les comptes certifiés les abonnements qui s’affichent, ce qui reste fastidieux. En outre, le prix est de 84 $ par an HT alors qu’à titre de comparaison l’hébergement d’un site Internet de 40 euros environ par an ou encore la tarification à l’acte des services d’OpenAI (https://openai.com/pricing) pour ChatGPT, DALL-E, etc. moins dispendieuse. Ou encore des sites Frogans à 6 € HT l’année pour le prix facturé au distributeur, le client final passant par un hébergeur.
Les nouveautés risquent encore d’arriver et de faire tâche d’huile pour les autres réseaux sociaux majeurs. A suivre par conséquent.
1 Commentaire
Bonjour,
Sait on si les comptes avec la certification grise/or (comptes officiels) disposent du même traitement que les utilisateurs de blue en terme de visibilité ?