Résumé du livre Made in Silicon Valley – Du numérique en Amérique

Mon livre Made in Silicon Valley sous-titré Du numérique en Amérique paru en 2017 est épuisé. Un de mes lecteurs, Bruno Blaise, à présent retraité et qui a travaillé 12 ans à l’aménagement et à la commercialisation de Sophia Antipolis, a trouvé certaines idées inspirantes et m’a envoyé ce texte résumé. Fidèle au livre et après quelques légères corrections, je partage son travail de synthèse salutaire. ChatGPT ou un autre LLM n’aurait pas produit à mon sens un meilleur résumé.

Je vous livre en bonus les projets de couverture du livre. J’avais établi dans le cahier des charges pour l’éditeur Pearson la statue de la liberté avec le pont du Golden Gate, symboles respectivement de New York et de San Francisco, avec en fond un mont Rushmore avec la transposition de la sculpture géante avec les 4 présidents les plus marquants de l’histoire américaine (Washington, Jefferson, Roosevelt et Lincoln) aux 4 CEO les plus emblématiques du numérique en Amérique (Steve Jobs, Bill Gates, Mark Zuckerberg et Elon Musk). Finalement la 3e, plus consensuelle et moins en clin d’œil à l’histoire des États-Unis, a été retenue. Les 3 projets suivent ci-après rien que pour vos yeux.

Le résumé peut être cité en précisant « Extrait de Made in Silicon Valley – Du numérique en Amérique, David Fayon, Pearson, 2017 ».

Couvertures du livre Made in Silicon Valley

Structure du livre

Cet ouvrage est structuré en 10 chapitres indépendants :
Le 1er expose les fondamentaux de la société américaine explique les différences majeures entre américains français.
Le 2e abordé les 3 ères de l’informatique (matériel, logiciels, données) et montre la place économique des États-Unis dans le numérique ainsi que le processus de création d’une start-up.
Le 3e explique les fondements de l’innovation, ce qui fait la force des États-Unis et 10 critères d’innovation.
Le 4e montre comment la Silicon Valley est devenue l’épicentre du numérique dans le monde.
Le 5e expose les autres centres majeurs du numérique en Amérique du Nord.
Le 6e passe au crible les « neufs fantastiques », à savoir les GAFAM et les NATU dont la capitalisation boursière dépasse plusieurs nations majeures.
Le 7e explore plusieurs secteurs stratégiques transformés par le numérique et les spécificités américaines, tant des outils que des développements en cours et à venir.
Le 8e vient compléter les autres terres d’innovation avec un zoom sur Israël.
Le 9e fait état de la situation géopolitique des nations majeures du numérique et notamment du combat que se livrent les États-Unis et l’Asie.
Le 10e livre des réflexions pour la France, qui doit voir grand et penser global avec le tremplin de l’installation aux États-Unis pour passer à l’échelle mondiale. Il se termine par 30 recommandations pour la France.

1. Les caractéristiques économiques, culturelles, sociales et juridiques de la société américaine

Une superpuissance qui s’est construite
Les États-Unis sont devenus la première puissance économique mondiale à l’issue de la Première Guerre mondiale. Après la dislocation de l’URSS en 1991, le monde est devenu unipolaire. La civilisation nord-américaine est basée sur une démocratie, un fédéralisme pour préserver les particularités de chaque État, ce qui facilite le polycentrisme, le capitalisme qui est polymorphe, avec la montée d’une forme cognitive du fait de la 3e révolution industrielle décrite par Jérémy Rifkin.

Les États-Unis sont un peuple de migrants fort aujourd’hui de 325 millions d’habitants qui ont fait sa richesse. Avec la première place boursière Wall Street, le dollar qui reste la monnaie internationale de référence, ils ont compris l’intérêt d’une captation des talents et sont plus dans une immigration choisie avec des visas draconiens.

La qualité des synergies entre activité économique est facilitée par la qualité des infrastructures tant matérielles qu’immatériels. En outre, la concurrence devient imparfaite du fait notamment d’acteurs qui tentent de devenir monopolistes en misant sur un développement rapide pour être leader sur un nouveau marché.

Le pays est marqué par des migrations internes, notamment vers la Sun Belt – les États du Sud – depuis le Nord-Est plus peuplé et dense. Se superposent également une immigration hispanique très dynamique notamment en provenance du Mexique.

La mobilité confère à l’Américain un caractère pionnier, entreprenant et conquérant.
Claude Rochet estime que les États-Unis ont grandi par le protectionnisme et se sont construits par le libre-échangisme. Cette stratégie de puissance est calquée sur celle du Royaume-Uni. Elle remonte à Adam Smith, pourtant défenseur de l’État, qui explique que la création des monopoles a permis la conquête des marchés par l’Angleterre même si des monopoles induisent une bureaucratie qui est à défaire. Les Américains reprenant cette philosophie ont également eu à faire face à des débats opposant les partisans de Jefferson – vision esclavagiste et exportatrice des matières premières – et d’Hamilton qui était en faveur du protectionnisme anglais avec une exportation des produits manufacturés. Le blocus de Napoléon a constitué une opportunité pour les États-Unis de s’industrialiser.

Les États-Unis bénéficient d’un immense territoire avec peu d’hommes et une technologie au service du développement de la puissance de l’homme. L’enseignement de l’ingénierie s’est développé très tôt pour fabriquer des machines et transformer la nature avec la première et la 2e révolution industrielle – avec un bonus : l’existence d’énergies fossiles en Amérique du Nord.

Un rapport à l’argent sans tabou
Max Weber dans L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, explique les raisons du fort développement du capitalisme au milieu du XVIIIe siècle dans les pays où la religion majoritaire était le protestantisme.
La culture du « travailler plus et rendre à la société ce qu’elle nous a donné » est fortement ancrée dans les mentalités. En outre, le fait que les Pilgrims britanniques aient dû s’endetter sur de longues années afin de payer leur traversée à bord du Mayflower constitue un des éléments fondateurs qui expliqueraient la propension des Américains à emprunter sans états d’âme.
Alors qu’en France, la logique cartésienne domine, aux États-Unis c’est plutôt l’empirisme, ce qui explique le fait que l’on crée très facilement des entreprises, avec erreurs ou réussites.

La technologie au service du développement étasunien
Les États-Unis ont très vite compris le potentiel de l’informatique.

La Tabulation Machine Company créée en 1896 fusionne en 1911 avec la Computing Scale Company avant de donner naissance en 1924 à IBM.

Le développement de la technologie repose avant tout sur le capital social et l’immatériel selon les travaux d’Abramovitz et de Solow. Les facteurs travail et capital correspondent à moins de 50 % de la croissance, le reste étant immatériel, d’où l’attention portée au tissu social.

Le lien entre la recherche et les entreprises est important. En 1980, le Bayh-Dole Act autorisait les universités à valoriser les brevets obtenus avec des financements publics, ce qui crée un très fort effet de levier.

Dès 1982, le dispositif Small business innovation research répond aux exigences du gouvernement américain en matière de R&D et permet aux entreprises d’investir 3 % de leur budget de développement dans des programmes avec des PME innovantes. Ensuite les capital-risqueurs arrivent plus tardivement quand le marché est là.

Des différences fondamentales entre Américains et Français
Dans son livre Français et Américains : l’autre rive, Pascal Baudry explique que le clivage culturel entre Américains et Français, qui aurait des conséquences avec tous les jours, l’entreprise, le rapport innovation, etc., serait liée au comportement de la mère face à l’enfant. Il estime que le sevrage est plus précoce chez les Américains. La maman encourage son enfant à jouer au parc. A contrario, la mère française commence par rappeler les restrictions. En France, l’enfant se situe entre le confort du giron maternel et son désir de s’en évader.

Le rapport au temps
Les Américains ont une histoire courte (un peu plus de 200 ans d’existence) et se remettent en question facilement. Contrairement aux Français ou aux Italiens, ils ne sont pas nostalgiques d’un glorieux passé.

La culture de l’entrepreneuriat
Les normes sociales sont plus ouvertes aux États-Unis. Alors qu’en France jusqu’à récemment, la réussite se mesurait – en vertu du mérite et du talent – par le fait d’intégrer une Grande Ecole ou un grand corps d’état – même si c’est moins vrai du fait des quotas, aux États-Unis, c’est la culture de l’entreprenariat et du risque qui prime.
Aux États-Unis plus encore dans la Silicon Valley, devenir entrepreneur est normal.
Par ailleurs, le système éducatif français pousse à l’excellence tandis que celui des États-Unis incite à la prise de risque.
Culturellement aux États-Unis, selon Tom X de Google, et en particulier dans la Silicon Valley, il existe une capacité d’exécution sans égale et qu’on ne trouve pas en France.

La positive attitude
Tout est possible et le côté positif est d’abord regardé.
Dans la relation commerciale, l’interlocuteur aux États-Unis part avec un crédit de confiance a priori. En France, on part de zéro et la relation de confiance se construit au fur et à mesure.

Flexibilité du travail et valorisation des initiatives
Le licenciement est facile aux États-Unis, et le processus d’embauche est rapide.
Le côté optimiste de l’Américain l’amène à voir ce qu’il a gagné dans le partage et la collaboration. Le Français voit d’abord ce qu’il a à perdre.
Les Français osent moins être entrepreneurs du fait des représailles sociales ou d’un parcours atypique qui en résulterait.

La culture du résultat aux États-Unis prime le diplôme. Tout le monde peut a priori réussir. C’est l’expertise acquise qui est valorisée aux États-Unis alors qu’en France c’est culturellement le management.
Le réseau joue beaucoup plus aux États-Unis ainsi que les recommandations locales.
La stratégie américaine consiste à capter les talents et l’intelligence. Les Américains savent attirer les cerveaux et y mettre le prix en voyant cela comme un investissement.

2. De la société numérique en Amérique

Rappel sur les 3 ères de l’informatique
La révolution numérique a débuté avec le réseau Arpanet (1969), le microprocesseur (par Intel en 1971) et le micro-ordinateur (PC en 1981). La diffusion massive de ces inventions a eu un impact considérable sur l’économie. Plus récemment sont apparus le Web 2.0 et le smartphone avec l’iPhone d’Apple en 2007 qui ont multiplié le champ des possibles et des usages mobiles.

– La première période est celle du matériel où les grands systèmes règnent en maîtres. L’histoire de l’informatique est surtout celle d’IBM, acteur hégémonique.
En 1976, Apple est créé dans un garage en Californie par Steve Jobs et Steve Wozniak. Le lancement du Macintosh en 1984 marque un tournant pour la marque avec un interface homme-machine conviviale.

– La 2e période est celle du logiciel. Microsoft, qui développe des systèmes d’exploitation et des logiciels, créé en 1975 par Bill Gates et Paul Allen, va réussir deux paris, le premier en 1981 en imposant à IBM le système d’exploitation du PC, le MS-DOS, le second en 1985 en développant le système d’exploitation Windows inspirée de celui du Macintosh d’Apple. Dès lors, la valeur ajoutée va s’effectuer de plus en plus dans le domaine du logiciel au détriment du matériel.
Mais Microsoft va imposer en 1995 Internet Explorer.
Le Web est une des applications majeures d’Internet. Les premiers grands acteurs d’Internet, américains, apparaissent en 1994 (Netscape, Amazon) et 1995 (Yahoo!, eBay) lors de la phase de décollage du réseau.

– La 3e période de l’informatique est celle des données, la valeur ajoutée se déplaçant du logiciel vers les données. L’acteur qui symbolise cette époque est Google.
Les réseaux sociaux sont au cœur de cette période avec Facebook qui comprend près de 2 milliards de comptes et demeure le leader incontesté.

Le rôle crucial de la Défense et du spatial et du Gouvernement américain
Le rôle de l’armée américaine a été déterminant dans le développement des technologies et l’avance acquise dans ce domaine avec les investissements consentis en recherche. C’est ainsi que le radar, le GPS, le mobile, la cryptographie, Internet, les drones sont nés. Internet est en effet issu d’Arpanet, réseau informatique résultant du projet américain DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) en 1969.
Le seul budget de R&D de l’armée américaine équivaut à celui de l’ensemble du budget de la Défense en France. Les liens forts entre département de la Défense, industries et universités permettent le développement d’usages civils plus rapides et un retour sur investissement.

La place de l’Amérique du Nord dans le monde du numérique
Les différents classements illustrent la part prépondérante des États-Unis et de l’Asie.
L’Europe n’existe que par quelques champions locaux dans les télécoms.
La stratégie de la sud-coréenne Samsung Electronics (filiale de Samsung) est tous azimuts (mémoires, téléviseurs, smartphones).
Côté PC, aux États-Unis HP et Dell sont les survivants après la réorientation d’IBM.

L’apport d’une technologie pour la mise en œuvre en réponse du besoin
Les Américains partagent le capital de la start-up avec les investisseurs alors qu’en France la création d’une entreprise se fait plutôt par endettement ou sur fonds propres.
Il est à noter que le facteur qui était de 1 à 10 pour le montant moyen des investissements dans les start-up entre la France et les États-Unis via le capital-risque dans les années 2005 est passé à un facteur de 1 à 100 aujourd’hui.

3. Innovation et disruption, les nouveaux modèles qui viennent de l’Ouest

L’innovation et la disruption pour les entreprises
Les entreprises américaines qui arrivent à devenir des géants ont des caractéristiques très spécifiques.
Surtout, la capacité à croître très rapidement grâce à la taille du marché américain.
Une autre logique est celle des plateformes de type Amazon, Facebook, Twitter.
La vitesse permet de conserver ses adversaires derrière soi. D’où l’intérêt pour les start-up d’aller droit au but et de ne pas tergiverser dans des débats, des réunions, des plans marketing etc., sans fin.

Les critères d’innovation dans le numérique
L’innovation est un facteur fondamental pour la création de richesses et en particulier dans le numérique.

Analyse de l’innovation dans 10 villes clés
En Chine, il convient de mentionner Pékin qui abrite les sièges que Baidu et Xiaomi.
A Taiwan, Taipei où le capital-risque est très développé.
Singapour, un des 4 dragons avec la Corée du Sud, Taiwan et Hong Kong, est le 2e port au monde. En outre elle bénéficie d’une attractivité fiscale.
Tel-Aviv est le centre de la Silicon Wadi en Israël. Avec la chute de l’URSS, la ville a bénéficié d’une immigration de scientifiques russes. La concentration de start-up est forte.
Bangalore est la 3e ville d’Inde derrière Bombay et New Delhi. Son développement s’est fait autour des nouvelles technologies et constitue le symbole de la sous-traitance de l’Inde dans les domaines du logiciel mais aussi de l’aérospatiale et de la biochimie.
À Tokyo, les services, la finance et l’assurance sont les secteurs-clés.
Londres, même frappée par le Brexit, reste le premier centre financier dans le monde et jouit d’une attractivité fiscale.
Shenzhen, ville industrielle chinoise proche de Hong Kong, a une infrastructure de transport particulièrement développée. Le groupe taïwanais Foxconn, plus grand fabricant mondial de composants électroniques, a un centre de production de près de 500 000 salariés qui assemble notamment les iPhone mais aussi sous-traite pour Sony, Motorola, Dell, Amazon, HP, Samsung, Lenovo, Huawei, etc., en bénéficiant d’une main-d’œuvre bon marché et souple.
Boston est un écosystème qui reste important même si son heure de gloire se situe plutôt dans les années 1980 et 1990, avec notamment la route 128.
New York est très prisée pour la finance.
Paris et l’Île-de-France possèdent un vivier de grandes écoles et d’universités où les formations mathématiques par exemple sont poussées et appréciées.
La Silicon Valley et San Francisco sont le paradis pour l’implantation de toute entreprise innovante et dans les nouvelles technologies.

4. Zoom sur le dieu duopole Silicon Valley et San Francisco, épicentre du numérique

Un peu d’histoire : comment la Silicon Valley est-elle devenue l’épicentre mondial du numérique ?

Stanford, Terman et Shockley, les 3 mousquetaires du numérique
À l’origine, la région est connue pour l’agriculture. Une migration vers la technologie s’est opérée pour plusieurs raisons. D’abord, l’université de Stanford ouverte en 1891 est créée par le gouverneur de Californie Leland Stanford et sa femme.
En 1946 est créée la fondation du Stanford Research Institute, suivie en 1951 par le Stanford Industrial Park. Ceci permet d’attirer aussi des entreprises de la côte Est comme IBM.
Ensuite, il y a 2 hommes.
– Frederick Terman qui fit des études de chimie et d’électronique à Stanford puis un doctorat au MIT. Il a tenu tête au gouvernement américain refusant de travailler sur la côte Est. Il poussa ses étudiants à créer leur propre entreprise autour de l’université de Stanford et sur des terres appartenant à l’université.
Puis il investit dans Varian Associates, créée par d’autres étudiants en 1948, et qui fut l’une des compagnies pionnières de la high-tech dans la Silicon Valley (elle a déposé plus de 10 000 brevets).
– Le second père fondateur est William Shockley, physicien et chercheur qui fit ses études en Californie puis au MIT. Il œuvra pour les radars pendant la Seconde Guerre mondiale et dès 1945 au sein des laboratoires Bell au New Jersey.
Son caractère difficile poussa de ses jeunes collaborateurs à démissionner pour créer en 1957 Fairchild Semiconductor qui fut pionnière dans le développement des circuits intégrés. C’est aussi de là que la culture vestimentaire cool, contrairement au style costume-cravate de l’Est américain, et les relations de travail égalitaires et un peu paternaliste sous l’égide de Robert Noyce s’établirent.
En 1968, 3 personnalités de la compagnie, Noyce, Moore et Grove créèrent Intel.

L’importance de la contre-culture et du modèle ouvert
Une contre-culture libertaire régnait sur les campus américains, ce qui détermine certains choix techniques d’Internet (par exemple, temps partagé au lieu du traitement par lot, architecture ouverte de TCP/IP).
Par ailleurs, il s’agissait aussi avec les hackers d’exprimer un refus à l’informatique centralisée symbolisée par l’acteur dominant IBM.
Le point d’ancrage de la Silicon Valley est la poursuite de l’excellence. La Californie est un État libre, un terrain favorable à la fertilisation croisée entre l’Asie, l’Europe et l’Amérique, un pays qui a vu naître la philanthropie d’entreprise.

Autres ingrédients qui ont permis le succès
En 1969, au début du réseau Arpanet, l’université de Stanford était l’un des 4 points de connexion avec 3 autres universités.
Le rôle de l’armée fut également moteur ainsi que les recherches faites par l’université de Berkeley avec une saine émulation avec Stanford.
Les années 1970 virent une éclosion de sociétés qui se créèrent dans les semi-conducteurs, mais aussi Apple en 1976. Durant les années 1990 on assiste à une diversification dans le matériel informatique puis les années 2000 permirent une extension des domaines technologiques de la Silicon Valley dans les couches hautes et les applications web mais aussi les énergies renouvelables, les biotechnologies.
Cisco a dès le début des années 2000 adopté le télétravail.

De la ruée vers l’or à la ruée vers le numérique
Le big-bang de la ruée vers l’or eut lieu en Californie en 1848-1849.
La culture du capitalisme rend l’innovation plus facile, mais l’Amérique a capturé la quintessence avec une concentration d’un écosystème technologique dans la Silicon Valley. La captation des talents d’Europe, d’Asie et d’Inde est facilitée par des salaires attractifs.

La Silicon Valley au cœur des semi-conducteurs et des puces dans le monde
En 1971, le journaliste Don Hoefler, constatant la forte concentration d’entreprises de semi-conducteurs dans la vallée de Santa Clara, employa pour la première fois l’expression de « Silicon Valley » (le silicium, silicon en anglais, étant le matériau de base des puces électroniques). Dans de nombreux cas, il s’agit de start-up fondées dans des garages souvent par des étudiants ou de jeunes diplômés.
Les entreprises présentes dans les semi-conducteurs (Intel, Samsung, etc.) ont besoin de programmation et s’appuient sur des équipementiers. Tout un écosystème s’est créé.
Historiquement, toutes les entreprises qui concevaient des puces (Motorola, Texas Instruments, Philips, ST micro Electronics, etc.) avaient leurs propres unités de production.

La Silicon Valley et San Francisco aujourd’hui
Le fait que la Silicon Valley soit l’épicentre du numérique s’explique par une abondance de personnes jeunes, éduquées, d’une grande diversité, qui ont de l’argent et une énorme appétence numérique. Cela provoque un effet ricochet sur le B2B et les entreprises qu’ils servent sont aussi plus innovantes avec une très forte capacité d’attraction.
Loïc Le Meur nous donne quelques clés de la philosophie de la Silicon Valley où chaque entrepreneur veut rendre le monde meilleur en résolvant des problèmes ou lançant de nouveaux services. Il explique par ailleurs que les crises sont aussi des opportunités pour avoir des idées pour créer des start-up. Ce fut le cas pour Airbnb par rapport à la pénurie d’hôtel à San Francisco ou pour Uber en réponse à la pénurie de taxis.
L’Université de Stanford est régulièrement classée dans les 3 premières universités américaines sur l’ensemble des disciplines.
Parce qu’il existe de l’innovation, on a du capital-risque et réciproquement.
À noter que tous les GAFAM ainsi que 2 des NATU (Netflix et Tesla) ont leur siège dans la Silicon Valley, les 2 autres (Airbnb et Uber) ayant leur siège à San Francisco et les exceptions étant Amazon et Microsoft dans l’État de Washington plus au Nord.
La ville de San José s’est autoproclamée capitale de la Silicon Valley, certainement du fait de sa taille (1 million d’habitants) versus 0,6 pour San Francisco, plus connue.

Caractéristiques : statistiques et contrastes
San Francisco et la Silicon Valley représentent 1,22 % de l’ensemble du territoire de Californie mais 10 % la population, 74,2 % des business angels, 73,6 % du capital-risque, 53,6 % des brevets, 57 % des entreprises introduites en Bourse, 15,2 % du PIB.

L’autoroute 101 est surchargée et certains optent pour le travail à distance. Du fait du coût des logements, certains travailleurs sont contraints de déménager pour vivre plus loin de leur entreprise, où les loyers sont abordables.

5. Zoom sur les grands pôles d’innovation et de création de start-up aux États-Unis et au Canada : New York, Boston, Seattle, Los Angeles… des petites Silicon Valley ?

La côte Ouest des États-Unis : Seattle, Los Angeles, San Diego et Portland, zones actives
À Seattle, où était installé le siège de Boeing avant son déplacement en 2000 à Chicago, se trouve le siège d’Amazon et à 2 pas à Redmond celui de Microsoft. La présence de ces 2 géants du numérique attire tout un écosystème. L’université de Washington est la plus grande du Nord et des États-Unis.
Los Angeles est plus concentrée sur les médias avec Hollywood, la mode, l’art et constitue un parfait croisement entre médias et technologie.
Il y a aussi l’ICANN qui gère les noms de domaine du monde entier sur Internet. Elle a un pouvoir important, notamment le fait de pouvoir suspendre un nom de domaine entier. Enfin, parmi les 13 serveurs racines d’Internet, 10 sont situés aux États-Unis.
À Portland, se trouvent les sièges de nombreuses sociétés dans le Web.

La côte Est et ses joyaux, New York et Boston
New York fourmille d’accélérateurs comme First Growth Venture Network, NYC Seed.
Grégory Pouy indique que la différence entre la Silicon Valley et New York réside dans le fait que « dans le premier cas, tout le monde veut créer une entreprise et que dans le second le monde veut réussir ».
Les marques et les médias sont obligés d’être présents à New York. On y dénombre aussi beaucoup de fintech.
Boston au Massachusetts était une place forte de l’informatique dans les années 1980. La présence de l’université d’Harvard, du MIT, et de l’université de Boston y participent. De nombreuses start-up dans les réseaux fixes et mobiles sont implantées.

Le centre avec le Texas, le Colorado et les autres…
Austin au Texas est devenu un hub technologique avec également un engouement côté art et musique.
Le Colorado est actif avec les villes de Denver et de Fort Collins.

Las Vegas brille surtout par le CES
À Las Vegas, l’essentiel du business se situe dans les hôtels et les casinos.
Le CES (Consumer Electronics Show) fêtait sa 50e édition en janvier 2017.
Il ubérise le Mondial de l’automobile pour tout ce qui concerne la voiture connectée et la voiture autonome.

Le Canada, zone relais du numérique en Amérique
Le Canada fonctionne globalement autour du pétrole, des matières premières, du minerai plus que du digital. Toutefois il existe des start-up des entreprises digitales à la pointe comme aux États-Unis.

Le Canada et ses pôles d’excellence : Toronto, Waterloo, Vancouver et Montréal
À Toronto, 30 % des compagnies dans les technologies numériques du Canada sont présentes. C’est aussi le centre financier du Canada avec les 5 plus grandes banques du pays. Les médias les télécoms y sont développés.
Waterloo est l’une des villes monde qui a la plus forte densité de start-up.
Vancouver a une forte culture du capital-risque. On recense plus de 600 sociétés de médias numériques qui génèrent plus de 2 Md$ de recettes.
Montréal est un peu le Hollywood des jeux vidéo.

La preuve par 9 : les 9 fantastiques (GAFAM et NATU)
Les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) sont les 5 majors américains qui dominent le numérique et un peu plus. Tous sauf Amazon ont des profits à 2 chiffres.
Les NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) constituent la 2e vague.

Google : diversification, algorithmes avancée et intelligence artificielle
Si le point de départ de Google réside dans son moteur de recherche rapide avec un algorithme performant qui a fait sa fortune, l’entreprise se diversifie.
Elle assure sa diversification dans des secteurs comme la robotique (rachat de Boston Dynamics) mais surtout l’énergie (Nest), les transports (Google Car) et les télécoms – avec une dose d’intelligence – qui sont en fait complémentaires, notamment dans le cadre de la ville intelligente.
De 2001 à 2017, Google a acquis 155 entreprises américaines et 152 d’autres nationalités.
Google est la plus grande agence de publicité en ligne du monde.

Apple, ou le marketing le plus abouti et la culture du secret
Née en 1976, soit peu avant l’avènement du PC (1981) avec Apple 1 puis 2, en proie à des difficultés économiques au milieu des années 1990, a opéré un changement de stratégie avec le retour de son génial cofondateur Steve Jobs en 1997.
Les lancements de l’iMac puis de l’iPod et surtout de l’iPhone et de l’iPad ont propulsé Apple sur la voie royale. Son successeur Tim Cook poursuit sa stratégie.
Apple, qui est l’entreprise à la plus grande capitalisation boursière, produit massivement des produits standardisés avec des tarifs élevés et assemblés à bas coût tout en donnant l’image de produits hauts de gamme grâce à un marketing de luxe.
2/3 du chiffre d’affaires est réalisé par l’iPhone, ce qui est une source de fragilité.
Le principal risque est une banalisation des produits avec une magie qui s’émousse si l’innovation marketing est moindre.
L’optimisation fiscale et les conditions de travail chez ses sous-traitants (par exemple dans l’usine Foxconn à Shenzhen qui assemble les iPhones) sont vivement critiquées.

Amazon, la logistique et l’orientation client à tout prix
Créé en 1994 lors de la première vague du Web, le groupe initialement positionné sur la vente de produits culturels en ligne s’est diversifié.

Facebook, le roi des réseaux sociaux
L’entreprise introduit sans cesse des fonctionnalités nouvelles dans son application phare, Facebook, qui comprend 1,8 milliard de comptes.

Microsoft, la soif de diversification à la Google profitant de la rente de Windows et d’office
C’est l’une des 9 fantastique qui a accompli le plus de rachats.

Les GAFAM côté ressourcent humaines
Microsoft a été l’une des toutes premières entreprises à adopter un « career path » parallèle pour ses ingénieurs. Ceci leur permet de monter en grade tout en continuant à avoir les mains dans le cambouis (code). Le principe s’est répandu dans les entreprises de la tech américaine, Google en tête.
Chez Facebook, les ingénieurs et les chefs de projets passent 6 semaines de formation au siège.
Chez Google, lors du cycle d’intégration l’accent est mis sur l’équipe et la coordination pour éviter tout sentiment d’isolement.
Chez Apple, les nouveaux embauchés ne savent généralement pas la position qu’ils occuperont avant de commencer à travailler.
Yahoo! Serait assez proche de la philosophie de Google avec toutefois plus de niveaux hiérarchiques.
Chez Amazon, chacun des nouveaux VP passe 6 mois avec Bezos, le PDG.

Tesla, un pari fou pour ubériser les constructeurs automobiles
La culture et la gestion de crise de Tesla est remarquable pour trouver des solutions en urgence. Toutefois lorsque la gestion de crise n’est pas ponctuelle mais permanente, elle devient épuisante pour ses salariés.

Netflix, ou l’algorithme prédictif des goûts du spectateur
Netflix propose des films et des séries en streaming en abonnement de façon illimitée. Plusieurs équipements permettent de se connecter : smartphones, tablettes, téléviseurs HD, lecteur Blu-ray, consoles de jeux, etc.
Netflix exploite le big data pour conseiller le spectateur dans les choix de contenu susceptibles de l’intéresser, comme Amazon pour les biens sur son site marchand.

Uber, symbole de la distribution des activités traditionnelles
Uber, qui a développé une application de mise en relation entre clients et loueurs de véhicules privés avec chauffeur, disrupte l’activité de taxi et est l’objet de polémiques dans plusieurs pays.
Dans de nombreux pays Uber et Airbnb sont interdits ou fortement réglementés.

Airbnb, ou l’apport de l’intelligence de la multitude pour la mise en relation
Airbnb (initialement Airbedandbreakfast) est une plate-forme de location de logements de particuliers qui met en relation loueurs et vacanciers. L’idée du service est venue de la saturation de chambres d’hôtel dans certains lieux à des périodes.

Les GAFAM, plaque tournante de la coopération entre les acteurs
Ces acteurs sont parfois en compétition directe sur les mêmes marchés ou produits, parfois en collaboration. C’est l’ère de la coopétition. Microsoft est l’entreprise qui possède le plus de partenaires.
Microsoft et Intel ont des réunions travail communes à Redmond, par exemple pour une meilleure intégration entre matériel et logiciel.
Un partenariat a été noué entre Intel et Amazon pour la maison intelligente.

6. Analyse sectorielle des forces américaines dans le numérique

Les acteurs du numérique aux États-Unis souhaitent que le marketing soit pertinent et non répétitif.

Réflexion sur la stratégie des acteurs
Le chinois Lenovo, après avoir racheté la division des PC portables d’IBM en 2005, a acquis sa division serveurs pour 2,3 Md$. L’idée d’IBM est de se concentrer sur les services qui représentent une plus grande valeur ajoutée comme le cloud ou le big data.
Lenovo poursuit sa croissance alors qu’IBM perd un savoir-faire précieux.
Pour Patrick Consorti, « cette erreur a permis aux pays d’Asie du Sud-Est de développer leurs propres inventions sur la base du matériel cédé et d’ajouter du logiciel puis de le revendre sous des incarnations différentes ».

De nouveaux courants de management
En matière de marketing et de management, les Américains sont souvent pionniers de nouvelles approches.
Le management de l’intelligence collective et le management digital sont plus en phase avec la culture californienne qu’avec la culture latine parfois hiérarchique et moins ouverte aux interactions digitales.

Les enjeux de sécurité outre-Atlantique
Symantec, créé en 1982, est le géant des entreprises de sécurité informatique.
Le FBI a des pouvoirs colossaux en matière de piratage informatique. Il peut pratiquer des opérations de piratage sur tout ordinateur, smartphone tant en Amérique qu’à l’étranger. Le risque d’avoir une « double punition » a été pointé : avoir un ordinateur déjà infecté par un logiciel malveillant puis subir la fouille du bien avec le risque de perdre des données lors de ces manipulations.

Exploitation des données : le cas de l’immobilier
Aux États-Unis, les données personnelles relatives aux salaires ne sont pas taboues mais au contraire largement accessibles.

De nouveaux acteurs télécoms et notamment l’Internet des objets
L’Internet des objets, avec la multitude d’appareils reliés à Internet, est un secteur stratégique. Des réseaux spécifiques pour faire communiquer les objets et optimisant l’énergie ont été développés.

La disruption automobile a commencé
1 Français sur 10 vit de l’automobile. La capitale mondiale de l’automobile a longtemps été Detroit avant la vague japonaise puis sud-coréenne.
Quels sont les possibles facteurs de disruption et des cas d’école comme Tesla sont-ils replicables ?
Plutôt que de se placer dans la politique du zéro défaut et de la qualité totale qui fait partie de la culture japonaise, Tesla a choisi de lancer une voiture comme s’il s’agissait d’une application logicielle en version bêta permanente. Le retour des conducteurs alimente une large base de données qui permet d’améliorer en quasi temps réel l’expérience utilisateur.
Dans le domaine de la conduite assistée appelée à devenir, à terme autonome Tesla et Intel se préparent.
Intel a acquis en 2017 pour 15 Md$ la société israélienne Mobileye (vision, cartographie et repérage automatique sur les routes avec alertes et prises de décision à la place du conducteur).

Autres exemples sectoriels : le monde de la santé, des edtech, des fintech, de l’énergie
La naissance des biotech remonte à 40 ans. La modification par génie génétique de bactéries et levures a permis la conception de médicaments totalement nouveaux ou de produire des hormones humaines telles que l’insuline, jusqu’alors extraite de l’animal.
Raphaël Rousseau résume la clé de la réussite dans la Silicon Valley pour la biologie moléculaire, à savoir « la conjonction de talents pour découvrir (recherche fondamentale avec un pôle universitaire fort), développer (entrepreneurs pour la production industrielle), et financer ».
Les Google, Amazon, IBM et leurs outils permettent une analyse de données massives. Les algorithmes ont à apprendre le langage des médecins qui restent les experts.
Alors que la polémique fait rage dans des applications industrielles des OGM dans l’alimentation où le principe de précaution doit prévaloir, il ne faut pas oublier leurs bénéfices pour l’espèce humaine, sans aucun risque pour l’environnement.
San Francisco comprend Indie Bio, le plus gros accélérateur des biotechnologies des semences, et investit à hauteur de 250 000 $ dans les start-up sélectionnées.
Une nouvelle fintech fait généralement appel soit à du financement participatif (crowdfunding), soit au paiement sur mobile, soit encore à une forme de banque en ligne.

Intelligence artificielle et singularité, obsession des esprits de la Silicon Valley
En mai 1997, le champion du monde d’échecs Garry Kasparov est battu par Deep Blue, superordinateur conçu par IBM. En mars 2016, le légendaire joueur de Go Lee Lee Se-dol est défait par le programme AlphaGo de Google.
Le deep Learning permet d’identifier des caractéristiques dans les données, par exemple l’identification de personnes ou d’objets sur les photos.
Le reinforcement consiste à donner à l’algorithme un environnement avec des contraintes, des règles pour les actions et un objectif cible. Puis l’algorithme est lancé en autonomie par essais et erreurs. Ceci est efficace pour l’apprentissage des jeux et par itération il optimise sa façon de jouer. La combinaison des 2 techniques permet simultanément la reconnaissance de l’environnement et l’atteinte des objectifs. AlphaGo tire parti de ces 2 techniques.
Nul ne sait toutefois quand la loi de la singularité (moment où les intelligences artificielles des machines dépasseront les capacités du cerveau humain) sera atteinte.
Elon Musk, avec Neuralink, créée en 2016, veut insérer des implants dans le cerveau pour ajouter une couche artificielle intégrale à l’intelligence humaine et l’améliorer.
Tous ces développements suscitent des craintes légitimes d’un point de vue éthique. La formule de Rabelais, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme », est plus que jamais d’actualité.

7. Autres terres numériques et d’innovation dans le monde et coopétition avec l’Amérique

L’ancien monde a des atouts au-delà de Londres et Paris
Dassault Systèmes est l’un des fleurons technologiques en France. Spécialisé dans les logiciels de conception en 3D, il est le 2e éditeur de logiciels européens derrière SAP.
Il existe aussi des visions de dirigeants comme Linus Torvalds en Finlande, créateur de Linux. Xavier Niel est en France le plus emblématique. Il a compris l’importance du code avec les lancements de ses Ecoles 42 et de Station F à la Halle Freyssinet à Paris, l’un des plus grands campus de start-up au monde.
L’Europe du Sud est attractive pour ses faibles coûts avec des développements logiciels sous-traités en Roumanie ou au Portugal.
Dublin attire pour des raisons fiscales notamment, avec les sièges européens de Google, Facebook et Amazon et de nombreuses start-up.
Amsterdam également une place montante en matière d’innovation.

Des places montantes partout dans le monde
Sydney et Melbourne en Australie attirent une grande partie des start-up du pays.
En Inde, hormis Bangalore, figurent Bombay et New Delhi alors que la Chine a plusieurs places fortes en complément de Shenzhen à commencer par Hong Kong, mais aussi Pékin et Shanghai.
Enfin, Israël développe des entreprises innovantes dans beaucoup de domaines.

8. Perspectives pour l’Amérique face à la montée des autres nations numériques

Les États-Unis, rois des acquisitions entreprises numériques
Les États-Unis investissent massivement au rachat des entreprises pour être à la pointe dans les domaines innovants. Elles ont racheté 4 fois plus de start-up que les entreprises européennes entre 2012 et 2016.

Vers une poursuite de la domination américaine, des GAFAM et autres acteurs ?
Louis Pouzin est conscient d’une domination sans partage des États-Unis avec une Europe qui fait de la figuration.
Sur Internet, les Chinois ont plus de poids que l’Europe qui part en ordre dispersé.
On a des lois européennes, pourquoi ne les applique-t-on pas, les GAFAM ne payent presque pas d’impôts en Europe ?
Les entreprises qui arriveront à se diversifier seront vraisemblablement les gagnantes.
La contestation de la puissance américaine grandit tandis que des pays émergents, au-delà de leur réussite économique, cherchent avant tout à défendre leurs intérêts politiques. Le dollar est en train de vaciller, alors qu’il était un agent redoutable absence américain. Les États-Unis restent la seule puissance « globale » qui demeure, mais leur capacité de peser sur les événements s’affaiblit.
Les Américains investissent énormément à long terme dans des projets très risqués qui rapportent beaucoup s’ils marchent.
Le Mexique a un très fort potentiel de croissance. Il présente un coût de main-d’œuvre très compétitif et moins de différences culturelles par rapport à l’Asie ; par ailleurs le smartphone y est populaire. Du fait du moindre coût des transports, il est peu probable que l’assemblage de composants pour les États-Unis s’y fasse davantage. »

Les acteurs de la gouvernance vont-ils s’émanciper des États-Unis ?
En matière de gouvernance d’Internet, l’activité la plus visible est celle des noms de domaine géré par l’ICANN. Or la vie privée, le respect de la confidentialité des informations, la sécurité des transactions bancaires sont d’autres aspects importants de gouvernance et non gérée par l’ICANN.

La Chine numérique s’est éveillée
Le tournant quant à l’importance stratégique du numérique pour la Chine a été pris en 2000, avec une double volonté de créer les conditions de croissance et de développer une propre politique de R&D et d’innovation dans le domaine. Elle dispose de ses GAFAM, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiamei).
Les Chinois mettent comme conditions dans la signature de contrats le transfert de technologie. Progressivement, ils montent en gamme et intègrent la technologie qui est une commodité qui est achetée. La Chine, après avoir copié vers les années 2005 des applications sur Internet existant États-Unis, a commencé à innover au début des années 2010 en développant des services répondant à ses particularités locales, par exemple WeChat autour des services bancaires.
L’Internet des objets et le cloud sont 2 axes stratégiques numériques pour la Chine.
De 2013 à 2015, la Chine a déposé 2 541 brevets technologiques contre 1 065 aux États-Unis et 441 Allemagne.

Les dragons et places fortes asiatiques
Outre la Chine et le Japon, Singapour, la Corée du Sud et Taïwan jouent un rôle qui va crescendo dans le numérique. Ainsi Taïwan est-il le premier producteur mondial de microprocesseurs.

La Russie et l’Inde ont la taille critique
Les Russes, pour leur part, appliquent la stratégie de Lénine, à savoir que « les capitalistes vont vendre la corde qui servira à les pendre ». Ils ont, comme la Chine, après avoir développé des clones d’outils américains comme Vkontakte pour Facebook, su développer des outils spécifiques comme Telegram ou Prisma pour la transformation de photos en des fonctionnalités plus avancées qu’Instagram. La Russie possède la taille critique pour disposer d’un marché intérieur suffisant et avoir un double jeu comme la Chine : maîtriser ses propres outils sur son marché intérieur et aussi les développer à l’extérieur.
L’Inde est un excellent partenaire pour les États-Unis dans le secteur informatique. Elle fournit des forces de travail, notamment en génie logiciel, hautement qualifiées et en grand nombre. C’est plus un marché de consommateurs où les GAFAM essaient de s’implanter localement et d’adapter leurs services.

Le e-commerce en voie de consolidation
Côté e-commerce, Amazon domine en Amérique du Nord et est fortement ancré en Europe. Alibaba est le leader en Chine.

Un changement de la donne d’ici 2050 ?
Le rapport The long view – How will the global economic order change by 2050 ? du cabinet PWC en mars 2017 analyse les facteurs fondamentaux de croissance des pays. Il prévoit un doublement du PIB mondial dans la période 2016-2050. Et montre l’augmentation du poids des 7 puissances émergentes (Brésil, Russie, Inde, Chine, Mexique, Indonésie et Turquie), le poids moindre des pays du G7 – l’Union européenne passerait sous les 10 % des richesses mondiales. Dans ce contexte, les États-Unis glisseraient à la 3e place derrière la Chine et l’Inde et la France à la 12e. Toutefois, la richesse par habitant restera plus importante aux États-Unis. Et dans le secteur numérique, les États-Unis devraient rester leaders.

La sublimation numérique pour l’Afrique ?
La « sublimation numérique » qui consiste à shunter une étape dans le développement numérique pourrait être salutaire pour l’Afrique. Celle-ci consisterait à passer de rien au téléphone portable connecté à Internet directement, sachant que la culture de l’oralité est très forte en Afrique. L’étape intermédiaire du PC serait évitée.
Notons que cette sublimation numérique vaut aussi pour les entreprises technologiques.

Le recyclage des déchets électroniques, un enjeu mondial avec l’Europe en arbitre ?
Parmi tous les déchets, les déchets électroniques connaissent la plus forte croissance dans le monde et sont les plus complexes à recycler.
L’obsolescence perçue des produits dans les pays riches, alliée à la fragilité des écrans, se traduit par de la pollution. Cependant, ce peut également être une opportunité de réduire la fracture numérique en donnant ou cédant du matériel d’occasion jugée obsolète aux États-Unis en Europe mais très utile en Afrique.
Les terres rares sont présentes dans l’informatique moderne. Les réserves de ces terres rares sont détenues pour moitié par la Chine. Suivent ensuite les États-Unis et la Russie est à degré moindre Canada et Amérique du Sud.

Solutions à bâtir pour un recyclage des déchets efficient
Seul 20 % de l’or des matériels électroniques est récupéré dans les décharges. Pour Jean Pouly, un système de franchise est à imaginer avec les filières de recyclage.
L’éco conception des produits dès le départ est un enjeu environnemental économique fort.

9. Réflexions et propositions pour la France

La présence française aux États-Unis pour une coopération en mode gagnant-gagnant
Il existe plusieurs facteurs à connaître :
– Les conseillers du commerce extérieur de la France.
– Le réseau French Founders lancé en 2014 pour les entrepreneurs francophones qui regroupent 2 000 adhérents.
– Business France créé en 2015.
Il existe également les chambres de commerce franco-américaines.

Frédéric Lefebvre insiste sur la difficulté à souder la diaspora, ce qui est pourtant essentiel pour le rayonnement de la France.
En France, il est nécessaire de repérer les lieux où l’écosystème est favorable pour se développer et dès lors investir massivement dans ces endroits-là.
Les coûts de développement aux États-Unis, particulièrement dans la Silicon Valley et à New York, étant élevé alors qu’ils peuvent être concurrentiels tant en coûts qu’en qualité en France, il peut être pertinent d’avoir une équipe de développeurs en France avec cependant un bémol, la moindre flexibilité.
Un juste équilibre serait à trouver entre États-Unis et Europe pour que la protection des données et la croissance puisse être conciliées.

Adresser le marché américain pour penser global
Comme l’affirme Carlos Diaz : « Les start-up françaises doivent jouer à présent dans la cour des grands. C’est la seule façon de concourir avec les États-Unis et d’exister mondialement. »
L’écosystème mondial du numérique à son cœur à San Francisco et dans la Silicon Valley. Pour échanger ou coopérer avec les GAFAM, il est impératif de venir ici.
BPI France USA est là pour pousser des pépites françaises en créant des ponts avec les États-Unis. Les équipes R&D peuvent se trouver en France tandis qu’aux États-Unis sont installés le CEO, les équipes marketing et de vente.
L’objectif commun de toutes les structures est selon Emmanuel Lebrun Damien, Consul général de France à San Francisco :

1) Promouvoir la France comme une terre de start-up attractive pour le numérique

2) Donner une bonne image des ingénieurs français qui sont appréciés, souvent parmi les meilleurs du monde

3) Aider les entrepreneurs français à participer à l’écosystème de la Silicon Valley et passer à l’échelle pour être calé sur le marché mondial. »

Les échecs de Viadeo face à LinkedIn et désormais de Dailymotion face à YouTube sont là pour illustrer la faiblesse des champions français s’ils ne pensent pas dès le départ marché mondial.
L’implantation aux États-Unis pour avoir des relais de croissance et penser mondialement est nécessaire dans le numérique, plus encore que dans la vente de produits physiques.
Pour autant, le cheminement classique consiste plutôt à créer d’abord une start-up en France (en optimisant les charges et bénéficiant d’aides étatiques avec des fonds publics et privés) puis, pour passer à la dimension internationale, ouvrir un bureau et s’implanter aux États-Unis.

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