En 2009 est apparue la coche bleue sur Twitter. Pour mémoire, Loic Le Meur était intervenu en faveur de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, pour que son compte attaqué et déplateformisé puisse être restauré. C’était près de 12 ans avant l’assaut du Capitole et la déplateformisation de Trump sur Twitter et 3 ans seulement après la création de la firme à l’oiseau bleu à San Francisco. Cette nouveauté fonctionnelle, ce petit symbole affiché après le nom du compte, avait par la suite permis de distinguer plus facilement des comptes parodiques ou d’usurpation des officiels. Les organismes de renom, les personnalités publiques considérées comme notoires (stars, responsables politiques, journalistes, experts) pouvaient l’avoir. Je l’avais obtenu en 2016.
Cette coche bleue détenue par moins de 0,2 % des comptes était enviée par ceux qui ne la possédaient pas. Peu après l’annonce d’Elon Musk le 1er novembre dernier de pouvoir disposer de la coche bleue en payant (8 dollars HT par mois, soit plus que les frais d’hébergement d’un site web), des freelances, des community managers se sont rués dessus, ce qui peut se comprendre. Mais on a aussi des comptes qui ne sont pas du type Prénom Nom ou d’autres qui ont plus d’abonnements que d’abonnés en quête de notoriété qui l’ont acquises. Et du moment que l’on passe par la case départ « payer Elon », peu importe le contenu des tweets, le sésame est automatiquement délivré avec un numéro de téléphone associé.
Le 20 avril 2023, la coche bleue pour les comptes historiques a disparu alors que peu avant nous avions des comptes bleus historiques et en même temps des comptes bleus payants.
Certains comptes certifiés ont payé avant le 20 avril pour être sûr de conserver une coche bleue qu’ils avaient déjà, de peur de la perdre et, de fait, cautionnaient le management agressif d’Elon Musk et sa politique de tweet censitaire (la visibilité d’un tweet étant doublée voire quadruplée selon les cas, mais le double d’epsilon reste epsilon si l’on n’a pas de notoriété).
On est ainsi passé des comptes certifiés aux comptes vérifiés !
On pourra toujours avoir des faux comptes, des usurpations d’identité. Pourquoi ne pas nous authentifier nous-mêmes ? Il n’y a pas si longtemps pendant la Covid, le citoyen français lambda pour sortir de son domicile à 1 km aux alentours maximum se faisait une auto-attestation qui avait valeur légale. Il appartiendra à chaque utilisateur de se faire son propre jugement et distinguer le faux du vrai, que le compte soit vérifié ou non. Il conviendra d’analyser la teneur des messages, si le site officiel de la personne renvoie bien sur ledit compte Twitter ou non, etc.
Certains VIP avaient déclaré refuser de payer pour la coche bleue. Ainsi le patron de Twitter Elon Musk aurait payé la certification de certains comptes : Stephen King, Tim Cook…
Pourquoi ce traitement de faveur pour les très riches ? C’est un peu comme ceux qui ont des milliards en Bourse et ne payent rien pour l’impôt sur la fortune alors que ceux qui ont un appartement dans une grande ville et une résidence secondaire et que la valeur est supérieure à 1,3 million d’euro ou plus paient l’IFI (impôt sur la fortune immobilière). Les aisés payent pour les très riches.
En me livrant à l’exercice, le 21 avril, j’avais constaté lors du grand ménage de Twitter une disparition de la coche bleue sur des comptes et non des moindres : le Pape François, Bill Gates, Mediapart, BPIfrance, GroupeLaPoste, renault_fr, renaultgroup, TF1, Lexpress, Eric Ciotti, Jean-Luc Mélenchon, Edouard Philippe, Montebourg, Ecole polytechnique, Julien Courbet. Le lendemain ces comptes (à l’exception des 4 derniers) avaient récupéré une coche bleue ou dorée. Je doute fort qu’ils aient tous payé et que le macaron soit intervenu en si peu de temps. Cela ressemble plus à des traitements par exception et de faveur du prince Elon.
Aujourd’hui la coche bleue signifie que l’on a payé et fait vérifier son numéro de téléphone, c’est tout.
Ironie de l’histoire, Loic Le Meur, qui finalement est l’inspirateur du badge bleu et qui a ensuite fait des émules avec Facebook, Instagram, YouTube, a payé pour avoir une coche bleue avant le 20 avril et sa coche a été enlevée. Un comble !
Pour nous y retrouver, nous avons 3 coches aujourd’hui :
Avoir la coche bleue est aujourd’hui la possibilité d’éditer des tweets non limités à 280 caractères avec des caractères en gras et en italique (!), de réduire la part de la publicité dans sa timeline, d’augmenter un peu la visibilité de ses tweets. C’est le passage à un mode premium et la fin du gratuit qui pourrait faire ricochet auprès des autres réseaux sociaux majeurs. Mais si demain tout le monde est bleu, faudra-t-il payer encore plus pour avoir plus de visibilité ou un autre avantage (avéré ou marketing) ?
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