1. Pourriez-vous présenter les caractéristiques d’Autobiz qui, grâce à l’analyse de données massives, permet d’estimer plus justement le prix des voitures d’occasion ? En quoi l’apport du big data a-t-il permis de disrupter L’Argus de l’automobile en permettant une meilleure fiabilité des prix et de mieux refléter l’offre et la demande avec une rareté de certains types de véhicules ?
Depuis 2007 en France et 2009 dans 21 pays en Europe, Autobiz analyse le marché du véhicule d’occasion sur Internet.
Plus précisément, nous faisons quotidiennement la « pige » de toutes les annonces auto des 300 plus grands sites de 21 pays européens. Ces données recueillies grâce à notre technologie maison sont ensuite dédupliquées, enrichies puis interprétées à travers des outils de machine learning et des algorithmes eux-aussi propriétaires. Depuis notre création nous avons traité plus de 10 milliards de relevés de prix de la sorte ! Nous maintenons ainsi plus de 300 000 références dont les valeurs de marché sont recalculées chaque semaine.
Grâce à cette méthodologie, nous avons séduit 8 des 10 plus grands constructeurs européens ou encore plus de 5 000 points de vente qui utilisent quotidiennement nos données. Ces dernières sont en effet beaucoup plus « à jour », précises et bien entendu transparentes que les méthodes de cotation traditionnelles.
Partant des prix du neuf, les méthodes traditionnelles déprécient chaque année tous les véhicules d’un même pourcentage avant le cas échéant, de corriger leur prix quelquefois dans l’année à travers des réunions auprès d’experts du marché.
2. Comment va évoluer le marché de la vente de voiture sur Internet. Des constructeurs comme Tesla d’abord sur Internet se sont mis à ouvrir des concessionnaires dans le monde physique alors que la tendance pour le véhicule d’occasion serait des achats en ligne sans voir le véhicule ? Quelles technologies notamment l’IA le permettent d’avoir des garanties contre les défauts (par exemple carrosserie, impacts) ?
Depuis 10 ans, le vente de véhicule neuf et d’occasion passe petit à petit et pour certaines de ses étapes sur Internet. Plus de 80 % des acheteurs en France s’informent par exemple sur les prix, choisissent leur véhicule neuf ou d’occasion ou contactent le vendeur à travers Internet.
La pandémie de Covid-19 ainsi que les nouvelles stratégies de distribution des marques (qui ont, pour la plupart d’entre elles, annoncé vouloir reprendre en direct une grande partie de la chaîne de valeur de la vente dans le neuf) accélèrent actuellement ce mouvement vers la vente digitale.
Tesla est, en un sens, un précurseur de ce mouvement : si la marque dispose de magasins dans de nombreuses villes, ces derniers ne font globalement que la livraison des véhicules. L’acte de vente lui se passe en ligne et/ou au téléphone.
Cette digitalisation de l’achat de véhicules est aussi favorisée par la technologie. Par exemple, traditionnellement lorsqu’un professionnel vend une voiture, il reprend l’auto actuelle de son client. La question qui se pose sur Internet est de savoir comment proposer un prix de reprise ferme en ligne sans voir physiquement le véhicule.
Chez Autobiz, nous avons par exemple mis au point, avec un partenaire une technologie basée sur l’IA qui permet de reconnaître les éventuels frais de carrosserie à engager pour une voiture d’occasion, sur la base de simples photos prises par son propriétaire. Dans plus de 50 % des véhicules que nous reprenons, c’est désormais la machine et non plus l’humain qui décide du prix de remise en état !
3. Comment voyez-vous le marché de l’automobile évoluer avec le numérique dans les 10 prochaines années ? Avec également les facteurs comme la pénurie potentielle de puces comme en fin d’année 2021, la crise de l’énergie, l’électrification du parc et le retard dans la construction de nouveaux EPR, enfin ceux qui voient le Car as a Service avec d’autres modèles économiques et une facturation à l’usage ?
Avec la pénurie actuelle de semi-conducteurs, le passage annoncé à l’électrique, et les nouveaux modèles de distribution / digitalisation, la vente automobile va connaître plus de changements dans les 5 prochaines années qu’elle n’en a vécues depuis 50 ans !
Nous n’avons pas de boule de cristal mais parmi les paris que nous pouvons prendre, nous pouvons citer par
exemple la fin de l’opacité des prix du neuf. Aujourd’hui le prix catalogue n’est presque jamais appliqué tel quel en concession. Or, le jeu de la négociation sur les remises est assez déboussolant pour beaucoup d’acheteurs. De plus en plus, les prix et remises vont être transparents et surtout égaux quel que soit le client et le vendeur.
La location pourrait aussi exploser avec des voitures neuves qui ne s’achèteront plus sur la base d’un prix à 5 chiffres mais d’une mensualité à 3 chiffres. Des mouvements récents de rapprochements ou de rachats entre constructeur/distributeurs/ place de marché et des entités financières vont dans ce sens.
De nouveaux acteurs de la vente viennent aussi profiter de ces bouleversements de marché. Nous pouvons penser à des acteurs récemment cotés en bourse comme AramisAuto, Cazoo ou Autohero qui se proposent d’industrialiser le marché de l’occasion tout en offrant le meilleur de la vente en ligne et physique à leurs clients. Des initiatives de sites spécialisées sur la vente de véhicules financés comme les géants du web allemand (mobile.de) ou britannique (autotrader.co.uk) sont aussi à surveiller.
Autant de mouvements qui faciliteront d’autant plus la vente en ligne dont nous parlions tout à l’heure !
Emmanuel Labi est Directeur Général d’Autobiz. Depuis 2004, Autobiz accompagne tous les acteurs de l’industrie automobile en Europe, grâce à des solutions de valorisation et de reprise. Cet accompagnement est basé sur 16 ans d’historique data ainsi que le savoir-faire Internet, logiciel et métier des 160 collaborateurs de l’entreprise. Aujourd’hui basée à La Défense (92), Autobiz dispose également de bureaux à Berlin, à Valence (Espagne) et Milan. Autobiz accompagne plus de 15 leaders du remarketing occasion (constructeurs, banques, leasers, enchéristes…) ainsi que 5 000 points de vente dans 21 pays en Europe.
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