Un bon cru après la crise Covid
Après l’édition hybride de 2021 avec une jauge limitant la présence à l’intérieur à 5 000 personnes, Vivatech revivait une édition normale en 2022 qui s’est tenue du 15 au 18 juin. Certaines personnes par précaution portaient le masque dont votre serviteur. Selon les organisations, cette édition a réuni 91 000 visiteurs, en retrait par rapport au record de 2019 (124 000) et avec aussi une forme hybride avec 300 000 connectés à distance. L’impact sur les réseaux sociaux et les retransmissions de l’événement de la tech européenne devenu incontournable est retentissant. Celui-ci est organisé par le groupe Publicis et le groupe Les Echos-Le Parisien, ce qui peut expliquer la présence de certaines entreprises et personnalités.
Cette année, on recensait 2 000 exposants incluant 1 800 start-up dont 45 % internationales ainsi que 700 fonds d’investissement. Au global, on a plus de start-up et moins d’investisseurs, ceux-ci sont désormais plus sélectifs depuis ce début d’année marquée par la guerre en Ukraine. La volonté affichée d’atteindre 100 licornes a été soulignée par le président comme un slogan de communication sans préjuger de la qualité, du potentiel et d’avoir un terreau fertile pour des géants européens à l’image des GAFAM et des BATHX avec la question du comment y parvenir alors que la législation européenne a fait un bond en avant avec DSA et DMA qui vont contribuer à la régulation des plateformes.
Concrètement, cette édition mettait en exergue le web 3.0 dont le métavers d’un côté et l’environnement, l’énergie, la mobilité de l’autre comme une conciliation de deux objectifs antagonistes, le premier contribuant à plus de données, de consommation énergétique, l’autre à une optimisation ou une frugalité à rechercher. Les casques Oculus de Meta étaient le standard de fait utilisé par beaucoup d’entreprises pour des démos de cas d’usage du métavers. Les NFT, drones souvent pour des marchés de niche, transports intelligents, robots, capteurs de tout genre avec l’IoT alors même que Sigfox est dans la tourmente étaient des composants incontournables des stands avec des nations en force comme Taiwan et de nombreuses solutions à base de composants électroniques, l’Ukraine qui dispose de Unit City, équivalent en plus gros en m2 de Station F avec 3 sites dont Kiev, l’Inde mise à l’honneur et au global une présence de 30 pays étrangers dont le quart pour l’Afrique.
Le principe de Vivatech reste celui de combiner des conférences en ligne et à distance avec des stands tant pour les grandes entreprises que pour les start-up. Celles-ci sont soit adossées en tant qu’invitées à des grandes entreprises (Orange, SNCF, Engie, LVMH, BNP Paribas, Le Village by CA du Crédit Agricole, etc.) soit dans un espace dédié.
Parmi les invités vedettes, on pouvait noter Jean-Michel Jarre, Thierry Breton, le champion du monde d’échecs Gary Kasparov, Changpenz Zhao, le CEO de Binance, Evan Spiegel, le CEO de Snapchat, Ryan Roslansky, le CEO de LinkedIn ou encore l’apparition surprise, en hologramme, du président ukrainien Zelensky.
Pour les échanges de coordonnées le QR code du badge Vivatech ubérise un peu les cartes de visite mais aussi LinkedIn., Ainsi Vivatech Lead Gen repose sur la solution Inwink qui permet après reconnaissance du QR code d’un badge par le smartphone d’annoter la fiche de la personne rencontrée. Ceci est pratique lorsque l’on échange avec plusieurs dizaines de personnes dans la journée pour mieux savoir qui est qui en précisant pour chaque contact l’intérêt d’une offre, ce que recherche la personne, les cas d’usage, etc.
Du côté des grandes entreprises
Du côté de l’automobile, Audi et surtout Renault étaient présents. Outre l’Alpine (Berlinette et F1), un concept car de Renault était présenté : composé de 70 % de matières recyclées et recyclables à 96 %. La sécurité, les capteurs, les caméras, l’empreinte faciale pour l’ouverture des portes, la semi-transparence et l’habitacle épuré donnent une impression d’espace interne et de modernisme.
Sur le stand La Poste, outre les start-up hébergées et la démonstration du PoC sur un cas d’usage du métavers avec casque Oculus et réalisé conjointement avec des étudiants de CentraleSupélec, notons Place des services qui est une consigne connectée (livraison de colis multi-transporteurs, gestion des colis hors normes, consigne pour les drives de supermarché, dépôt de bagages lors des déplacements ou de courses, clic & collect avec des commerçants de proximité, services de pressing, cordonnerie, de clés). Le but est de redynamiser des zones en lieu de vie. 2 sont ouverts, 15 sont prévus d’ici la fin de l’année.
Le Groupe Manpower qui permet de fournir des collaborateurs aux grandes entreprises lors de besoin pour des projets spécifiques ou des charges de travail ponctuelles présentait des réalisations avec des start-up pour faciliter le travail.
Une sélection de start-up inspirantes
Pour le vivant
Bioo utilise la décomposition organisation naturelle des plantes pour la transformer en source d’énergie électrique grâce à des batteries biologiques. Le principe de photosynthèse est mis en œuvre. Cela peut permettre de recharger un smartphone. Bioo Lux est une lampe interactive qui transforme les plantes en interrupteurs. En touchant une plante, la lumière est allumée. La jeune pousse, c’est le cas de le dire, comprend déjà 15 personnes dont 10 en R&D.
Quantiq healthcare malgré son nom trompeur qui n’a rien à voir avec l’informatique quantique, à l’aide de la caméra d’un smartphone, effectue une analyse optique du visage avec le taux d’absorption de la lumière ambiante pour déduire des informations physiologiques. Nous avons la fréquence cardiaque, le rythme respiratoire, le SPO2, la pression artérielle. Ces informations peuvent être collectées en 30 secondes. C’est mon coup de cœur du salon car de nature à augmenter les consultations à distance et à faire gagner du temps au médecin qui peut le réinvestir notamment dans l’accompagnement avec l’écoute et le dialogue personnalisé avec le patient. Outre le gain de matériel, cela favorise l’hospitalisation à domicile. Lancée le 1er janvier 2020, l’entreprise compte 13 personnes avec des levées de fonds et un gros potentiel.
Issu de Bionicbird, le projet Biofly ou le développement de drones furtifs reproduit le battement d’ailes des insectes. Ces drones inspirés du vivant sont alors plus légers, plus économes en énergie. A côté d’un produit grand public pour générer des revenus, la R&D pour la Défense est développée.
Ellcie healthy propose des lunettes avec capteurs, le modèle Driver pour prévenir de l’endormissement au volant et le modèle Serenity pour la détection de chute (personnes âgées, ouvriers du BTP) pour un prix avoisinant 300 euros et la customisation d’une paire achetée chez l’opticien. Les fonctions batterie, gyroscope, accéléromètre, LED + capteur infrarouge, magnétomètre sont implémentées.
Pour le transport
A Aix-en-Provence, la société NepTech créée en 2020 propose des bateaux ayant un impact sur l’environnement (réduction de la traînée aérodynamique avec coque innovante et injection d’air, efficacité énergétique avec hydrogène, assistance au pilotage). Neptech chiffre le gain entre 30 et 40 %.
NauticSpot, à l’aide de capteurs, permet la supervision des ports et des marinas en temps réel avec 70 marinas gérées à ce jour. Les fonctions sont la supervision d’accostage et d’amarrage (avec utilisation de l’IoT pour l’occupation du port en temps réel), une App pour offrir des services aux plaisanciers et enfin une surveillance vidéo intelligente de la marina pour les équipes sécurité.
ACWA Robotics (Autonomous Clean Water Appliance) est une cleantech. Elle permet de réduire les pertes d’eau dans le réseau de distribution (repérage des zones d’usure et des fuites). Son produit, le C-pathfinder, se déplace dans les canalisations tout en permettant la continuité de service d’acheminement de l’eau et sans altération de la qualité de l’eau. Un renouvellement de canalisation revient entre 150 000 et 400 000 euros par kilomètre. Les missions de diagnostic du parc de canalisation sont proposées à un tarif représentant seulement 2 à 5 % de ce coût. Le diamètre de la sonde ne doit pas excéder 55 % du diamètre de la canalisation. Une extension du service – même si beaucoup de marchés tendent les bras à cette start-up de 14 personnes – consisterait en la surveillance du parc nucléaire. Peut-être en s’adossant à un partenaire déjà familier du secteur ?
Et tous azimuts…
Meropy est une agrotech qui développe un petit robot agricole autonome de 15 kg muni de capteurs et de 2 caméras, SentiV. Il peut parcourir jusqu’à 20 ha par jour et détecte les maladies des plantations notamment pour les céréales. La location est de 5 000 € par an et peut être très vite rentabilisée.
SlimPay est une fintech qui a une solution en mode SaaS pour des paiements récurrents. Avec technologie de reconnaissance FaceID, TouchID, code de la banque à 6 chiffres avec l’IBAN conservé ce qui permet un gain de temps et évite les ressaisies avec un très haut niveau de sécurité.
Exwayz développe une solution logicielle innovante qui rend intelligente la donnée produite par n’importe quel capteur LiDAR, en temps réel.
Mascotte+, créée en 2015 avec 8 personnes aujourd’hui et du travail avec une centaine de designers en freelance, permet la création de personnages par CAO en 2D ou en 3D (avec squelette, texture) et animation. Différentes images sont créées avec des précalculs préalables avant l’animation. Le design est excellent et on se croirait dans un dessin animé de Pixar.
Scale-1 propose des usages des technologies immersives (réalité virtuelle, réalité augmentée) pour l’industrie, la construction, etc. Outre des réponses aux besoins du client sur étagère, des développements de produits sur mesure sont réalisés, par exemple avec une orthoptiste a été menée une expérience probante contre la dyslexie, la dyspraxie, l’autisme. Ainsi ont été développés des modules pour répondre à ces problèmes. C’est dans ce cadre que s’inscrit MoveR, jeu immersif multimodal qui aide le praticien à mettre en situation ses patients à l’aide d’expériences immersives. La réalité virtuelle permet alors une thérapie pour les troubles du neurodéveloppement.
Kabin est un espace de travail / salle de réunion qui peut être déplacé sur un lieu (aéroport, gare, centre commercial, salon, administration, etc.) et qui peut héberger jusqu’à 4 personnes en étant insonorisé. La cabine à 25 000 euros peut être louée à la journée ou à l’heure après déplacement sur le lieu convenu. On dispose de connexion Wi-Fi, d’air purifié et d’un espace agréable pour un tarif d’environ 10 euros de l’heure et un modèle avec partage du risque et des revenus (sous forme de leasing). Les premières cabines sont opérationnelles à Paris, petite couronne et au Luxembourg.
Vrroom qui est une start-up avec laquelle travaille Jean-Michel Jarre ambitionne d’être le Twitch du métavers. Les vrroomers créent leurs propres métavers. Le concert virtuel en la cathédrale Notre-Dame de Paris le 31 décembre 2020 a ainsi été visualisé plus de 75 millions de fois.
Et d’autres initiatives pour acculturer au numérique
La fondation Blaise Pascal a lancé des ateliers de Coding Goûters en France pour favoriser la découverte de l’informatique avec typiquement 20 parents et enfants dès 8 ans pour s’initier à l‘informatique et au codage. 6 000 euros permettent de sensibiliser 400 enfants et parents à l’informatique, ce qui est un bon ratio.
FirstFrance, créé voici 9 mois, permet à des équipes de collèges et de lycées de participer à des challenges robotiques. La France rattrape ainsi son retard car 8 000 équipes sont engagées à l’international avec 80 pays qui participent. Bpifrance, Manpower et quelques autres soutiennent l’initiative.
A noter également la couverture sur les réseaux sociaux par la brigade du Web qui a été non-stop.
Enfin comme chaque année des parcours du salon guidés pour des cadres dirigeants sont effectués pour les acculturer au numérique et à l’innovation. Ils sont réalisés notamment par le Hub Institute.
Commentaires récents