Il concerne chacun de nous au quotidien et a un impact sur l’environnement et l’écologie.
Il prend ses racines auprès d’éléments malheureusement en voie d’extinction et qui sont très rares sur notre sol ; sa sève achemine de plus en plus rapidement les informations que nous utilisons – assisté il est vrai – par des intelligences que nous avons développées et des objets qui ont été rendus plus petits et plus terriblement puissants au fil des ans. Il anticipe parfois nos souhaits dans le temps, le lieu et l’action.
Il génère une fracture à plusieurs niveaux, dans son utilisation ou son absence d’utilisation et des tensions géopolitiques qui peuvent devenir extrêmes.
Il conditionne de plus en plus notre économie.
Il influe notre comportement et dès le réveil nous accompagne.
Sans lui, je ne m’adresserai pas à vous aujourd’hui et il est même une partie de ma vie et désormais de celles de mes enfants.
Oui, vous l’avez deviné, ce nouvel eldorado, c’est le numérique !
Lors du quinquennat qui s’achève, nous avons vu des réussites comme les levées de fonds qui ont décollé pour les start-up avec le cap de 25 licornes franchi – même si toutes réunies n’ont pas la valeur de Twitter – et le vote au niveau européen du DMA et DSA qui sont de réels progrès. Nous avons également eu en Europe le RGPD qui est une vraie contrainte pour les PME qui se privent de l’envoi massifs de méls pour rester dans le champ de la loi. La société a néanmoins été divisée entre ceux à jour de leur dose ayant des droits conservés face à des citoyens privés de certains accès ou actions au quotidien ou encore désactivés du jour au lendemain via une « QRcodisation » massive de nos profils. Ce contrôle social est dangereux car 1984 pourrait être une nouvelle frontière proche. Parallèlement les GAFAM ont accru leur pouvoir et pèsent plus que beaucoup d’Etats avec des profits insolents alors que parallèlement la dette a cru d’environ 570 milliards d’euros en France, la majorité n’étant pas imputable à la crise de la covid. La notion de souveraineté numérique a fait son chemin triplement guidée par la déclinaison de bon sens « allégorie des fruits et des légumes » appliquée au numérique : local, de saison, bio. Le télétravail avec la porosité des vies personnelle et professionnelle n’est plus tabou et nous sommes passés grâce au numérique pour les métiers, plutôt en col blanc il est vrai, de l’obligation de moyen à l’obligation de résultat. La transformation digitale qui m’est chère a été boostée face à la crise qui est également une source d’opportunité, du moins selon la vision de l’Empire du milieu qui est désormais avec les BATHX le challenger des Etats-Unis et qui convoite par ailleurs Taiwan.
Les défis du prochain quinquennat en la matière sont multiples. Le numérique peut être le fer de lance d’une France qui gagne mais pas n’importe comment et à n’importe quel prix.
Il s’agit de viser l’excellence sur l’ensemble de la chaîne de valeur : tout d’abord le matériel en réindustrialisant, avec un Made in France respectueux de l’environnement dès les phases amont de conception et sur l’ensemble du cycle de vie, la fabrication de composants et le choix de matériaux idéalement avec un mix entre le moins coûteux, le plus abondant, le plus recyclable, le moins polluant. Ensuite, le logiciel et le système d’exploitation avec l’open source qui constitue une arme intéressante face au monde propriétaire. Enfin les données où se situe une grande partie de la valeur ajoutée. Ceci passe par des datacenters de très haute qualité situés sur notre sol européen avec une évolution favorable du droit dans un rapport de puissance où la naïveté n’a pas lieu d’être. La maîtrise technologique nous permettra de prévenir grandement les risques de cybersécurité et par exemple ceux de portes dérobées dans le matériel et le logiciel. Tout ceci est à mener en étroite collaboration avec une politique énergétique qui assure une transition. Le nucléaire sûr – en attendant dans quelques dizaines d’années la fusion nucléaire qui ne produit pas de déchets radioactifs à stocker pendant des milliers d’années – est l’énergie qui a la meilleure efficacité comme le dit l’expert Jean-Marc Jancovici et président de The Shift Project car elle génère très peu d’émissions de CO2, lesquelles contribuent au réchauffement climatique et ses conséquences désastreuses et irréversibles.
Dès lors ces 4 briques posées (matériel, logiciel, système d’exploitation, données) qui constituent les infrastructures et la matière, la formation et l’éducation pour lutter contre la fracture numérique, les équipements avec la lutte contre l’obsolescence programmée, les développements d’usages créateurs de valeur sont clés. Il convient également de ne laisser personne au bord du chemin dans la société numérique. Je songe en particulier aux seniors et aux classes sociales défavorisées qu’il faudra accompagner de façon inclusive et avec tout le soutien nécessaire. L’inclusion numérique doit rester libre. Et pour tous, inculquer un discernement quant à l’analyse de l’information dès le plus jeune âge pour que chacun puisse se forger un jugement critique en croisant les sources sans tomber dans une censure abusive parfois algorithmique ou arbitraire amenant à l’absence de débat ou de pensée insolite.
La souveraineté pour exister face aux GAFAM et ne pas davantage devenir une « colonie numérique américano-chinoise » reposera sur un terreau favorable où l’Etat devra avoir un rôle d’impulsion. Cela passe par la commande publique des produits et services numériques, de choix des outils pour l’Education nationale, la recherche, les liens forts avec les entreprises avec des partenariats public-privé. Rappelons qu’aux Etats-Unis et en Californie en particulier il existe un continuum entre monde de l’entreprise, univers des start-up, universités et recherche mais aussi Etat et champ de la Défense. On peut être libéral tout en favorisant ses champions.
Le numérique est enfin un moyen et non une fin. S’agissant de l’administration et de sa nécessaire simplification : supprimer des silos générateurs de coûts, de bullshit jobs et de frustration dans les fonctions publiques où les moyens ne sont pas toujours équitablement répartis, des systèmes d’information rendus plus agiles et évolutifs avec des décommissionnements d’applications archaïques au profit d’outils ayant une utilité réelle tant pour les administrés que pour les agents les utilisant, ôter un niveau hiérarchique (revenir aux 22 régions d’antan en supprimant l’échelon administratif du département par exemple aurait un sens) pour être plus réactif comme le sont les start-up qui peuvent pivoter facilement parfois pour se développer de façon plus favorable tantôt pour survivre tout simplement. Ces économies pourront être réinjectées dans les investissements, la modernisation des équipements (Ecole, Armée) mais aussi la réduction de la dette abyssale qui est un cadeau empoisonné pour les générations futures.
Je compte prendre ma part où que je serai pour être acteur du succès de la France et de l’Europe pour que nous nous ne passions pas à côté de l’histoire et revenions dans la course.
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