En 2021, vous avez été 189 à voter pour le mot numérique alors que vous étiez 168 à vous prononcer pour l’édition 2020.
Métavers est le gagnant (26,1 %), porté en partie par la future mue du Groupe Facebook renommé Meta…
Le métavers signe certainement avec la blockchain une nouvelle révolution d’Internet avec un pan d’usages hybrides. La Matrix se rapproche pour le meilleur et pour le pire car comme pour toute évolution technologique, celle-ci est conditionnée par les usages que nous en ferons. La technologie doit rester un serviteur mais elle peut vite devenir un mauvais maître. On le voit ainsi avec traçage numérique qui recueille 7,1 % des suffrages (effet du Pass Sanitaire qui va passer à la vitesse supérieure avec le Pass Vaccinal en 2022) ex aequo avec scale-up, les start-up qui connaissent une accélération fulgurante, frappant à VivaTech cette année. Pour le métavers, le risque serait de passer du temps de cerveau disponible au contrôle des cerveaux avec une cyberdépendance puissance 10 par rapport à celle révélée à propos d’Instagram après des adolescentes en fin d’année 2021.
… suivi de sobriété numérique (21,4 %) qui est resté pendant plusieurs semaines à portée de canon
La prise de conscience de la pollution induite par le numérique est réelle. L’allongement de la durée de vie des équipements, la recherche de solutions low cost alors que les terres rares le sont de plus en plus et contrôlées majoritairement par la Chine, sans compter la pénurie des micro-processeurs en fin d’année qui a eu une répercussion dans l’industrie et automobile en particulier avec une flambée des prix. Ce terme, introduit par Frédéric Bordage, blogueur sur greenit.fr, fait son chemin depuis. Il ne s’agit pas d’être décliniste mais de mieux intégrer le numérique et ses usages dans nos vies avec en amont une façon de produire plus éco-responsable. Théo Bondolfi, d’Ynternet indique « Mon coeur dit sobriété numérique et il prime sur ma raison » même si celle-ci voyait tokenisation l’emporter.
Le podium est en effet complété par tokenisation ou jetonisation (12,7 %), prise de conscience de la valorisation de la blockchain. Le token est un actif numérique émis et échangeable sur une blockchain. On parle de NFT pour jeton non fongible. Julien Bonnel souligne qu’il n’y aura pas de métavers sans tokenisation. Notons que télétravaillable avec 6,3 % fait écho à l’évolution des formes de travail pour les métiers qui le peuvent, généralement en col blanc. Dataviz (3,7 %), déplateformisation (3,2 %) et licornable (2,6 %) ferment la marche.
Du côté des suggestions…
Anthony Rochant parle du commerce social, nouvel eldorado du e-commerce. Michel Lecomte, président du réseau social SmartRezo, rempile pour souveraineté numérique, qui avait terminé 2e en 2020. Surveillance, cybersécurité, influenceur, phygital, smart contract sont également cités et pour certains déjà proposés dans les nominations les années précédentes. NFT est aussi suggéré à plusieurs reprises mais les abréviations ne peuvent être retenues dans l’élection du mot numérique. André Benoît de Jaegere indique qu’il y a aussi instagrammable. Nicolas Leck parle de Metaware. Jean-Philippe Cuinet, dont le dress code est le fushia cite pêle-mêle visiomaturité, visiotimité, visionite et vidéaudace en rebond à la profusion de webinaire et de visios.
Merci à Bruno Guglielminetti pour sa chronique du mot numérique pour les Québécois.
Voici le récapitulatif des lauréats des années précédentes (avec les équivalents en français idoines qui ont suivi) :
– Webinaire en 2020
– Fake news (infox) en 2019
– Crypto-monnaie en 2018
– Intelligence artificielle en 2017
– Blockchain en 2016
– Ubériser en 2015
– Selfie en 2014
– Responsive design en 2013
– Big data en 2012
– Cloud computing en 2011
– Community manager en 2010.
Merci pour vos votes. Vous pouvez d’ores et déjà proposer des termes pour l’élection 2022 en vue de l’établissement de la liste des nominés.
1 Commentaire
Le mot métayers a en effet fleuri depuis l’année dernière sur les médias et présente la tentative la plus prometteuse de « zombification » des consommateurs.
Fin XIXe siècle, la réclame permettait de promouvoir modestement les produits, puis quelques géniaux créateurs ont développé la publicité et ont multiplié les enquêtes terrain afin de cerner au mieux les ressorts intimes qui nous poussent à acheter.
Fin du XXième siècle internet se développe. Maintenant beaucoup d’entre nous livrent leurs envies à leurs « amis » sur les réseaux sociaux. Bien loin de demeurer dans la sphère privée, le moindre de nos messages numériques est enregistré par des escouades de robots qui auscultent internet inlassablement. Les experts du marketing y ont trouvé là le saint Graal de la connaissance du consommateur et de la vente, car ils peuvent nous proposer des produits ou des services répondant au plus près à nos attentes et ce, jusqu’à nous solliciter dans les situations les plus intimes par une simple « notification » sonore.
Mark Zuckerberg promeut le métavers pour franchir un pas de plus dans la captation des consommateurs. Avec le metavers, il ne sera plus nécessaire de se préoccuper des motivations des êtres de chair que nous sommes encore, car en endossant notre costume d’alias nous nous projetterons dans les désirs de cet alias, désirs qui auront été induits par l’univers dans lequel il sera immergé. Tout l’art des concepteurs de métavers sera de construire des univers propices à la vente des produits et des services qu’ils devront promouvoir, à moins qu’ils ne leur échappent et ne deviennent plus que des lupanars virtuels à l’échelle de la planète (cf. début décembre 2021, une femme a rapporté un cas d’agression sexuelle dans Horizon Worlds, le métavers de Facebook).