1. L’année 2020 avec les confinements subis a permis une prise de conscience de beaucoup de Français de l’importance d’une souveraineté numérique (tributaires des outils Teams ou Zoom pour télétravailler ou téléétudier). Le début 2021 avec la déplateformisation de Trump sur les réseaux sociaux qui crée une jurisprudence de facto et l’évolution des CGU de WhatsApp qui appartient au Groupe Facebook nous montre notre grande dépendance à l’égard d’acteurs non-européens. Quelle est votre vision et comment y remédier ?
Les différents sondages réalisés en ce début d’année 2021, par l’IFOP/OVH et dans le sondage CSA/Mailo que nous publierons prochainement, montrent en effet qu’une très grande majorité des Français sont sensibilisés à l’importance de protéger leurs données privées numériques. Nous-mêmes chez Mailo voyons arriver chaque jour davantage de « transfuges » de Gmail qui témoignent de leur besoin impérieux de fuir les GAFAM.
Toutefois il faut nuancer ce constat qui pourrait nous faire penser que, le terreau étant fertile, la souveraineté numérique va s’opérer naturellement en France et au-delà. Or pour cela plusieurs conditions doivent être réunies :
– une nécessité d’excellence : nous devons proposer des solutions alternatives de très haute qualité technique et fonctionnelle pour être au niveau des concurrents américains et chinois ;
– une nécessité d’éduquer et de motiver la demande qui, bien que sensibilisée très majoritairement, doit encore passer à l’acte ;
– une nécessité de regrouper et renforcer les acteurs du numérique français pour créer un écosystème et lutter efficacement face à des géants ;
– une nécessité de réglementer avec fermeté, en France et en Europe, pour contrer les abus de position dominante qui entravent les acteurs alternatifs émergents.
Sur tous ces points, Mailo se bat. Nous nous employons d’abord à cocher toutes les cases de l’excellence dans notre domaine grâce à la constitution d’une plateforme technologique, entièrement maîtrisée et enrichie depuis une vingtaine d’années par des fonctionnalités très innovantes.
Sur le plan de la sensibilisation, nous soutenons activement la proposition de loi initiée par le sénateur Laurent Lafon sur la mise en place d’un Cyberscore, label qui permettra à l’utilisateur d’évaluer le niveau de protection de ses données lorsqu’il choisira un service numérique. Par ailleurs, nous préconisons très fortement qu’un volet de France Relance soit consacré à une grande campagne nationale sur la souveraineté numérique afin d’encourager le « Made in France » en motivant usagers et décideurs à modifier leurs pratiques. L’État et les régions pourront montrer l’exemple en optant eux-mêmes pour des services numériques alternatifs.
Pour que l’écosystème se développe, l’État doit impulser beaucoup plus fort la French Tech grâce à une politique industrielle volontariste disposant de leviers financiers importants. Il faut construire de vrais champions nationaux, en les accompagnant notamment par des commandes publiques.
La condition la plus difficile à mettre en œuvre est l’instauration de réglementations au niveau européen ; mais la France a montré avec la mise en place de la taxe GAFA qu’elle pouvait faire bouger rapidement les pratiques. Avec ses 2 projets de règlements européens – DSA et DMA – sur les grandes plateformes du numérique, Thierry Breton fait preuve d’un grand volontarisme et la lettre ouverte signée début mars par les Premiers ministres estonienne, danoise et finlandaise et la Chancelière allemande démontrent que l’Europe pourrait saisir le sujet à bras le corps. Par ailleurs nous comptons sur nos défenseurs du droit comme l’Open Internet Project (OIP) que nous soutenons totalement, pour faire appliquer la loi aussi sur le Net : ce dernier ne doit plus être une zone de non droits.
2. Que pensez-vous du projet Gaia-X initié par la France et l’Allemagne et rejoint par des acteurs de différentes nationalités y compris extra-européenne ? Enfin que pensez-vous du collectif PlayFrance.digital que nous avons rejoint et des actions de sensibilisation émises pour alerter le pouvoir politique quant à l’importance d’une souveraineté numérique (alternative aux GAFAM, protection des données et pas seulement personnelles) ?
Toute initiative allant dans le sens de la construction d’une souveraineté numérique européenne est à saluer et nous avons besoin d’une infrastructure européenne de données comme celle que propose Gaia-X. Même si nous nous interrogeons sur la pertinence d’y associer les acteurs du cloud américains et chinois.
Mais développer l’infrastructure ne doit pas être l’alpha et l’omega : il faut également structurer l’offre et les services, qui déterminent la façon dont sont traitées et stockées les données et qui sont la partie la plus visible du numérique. La structuration de l’écosystème numérique, via des collectifs comme PlayFrance.digital dont nous faisons également partie, est ainsi tout aussi essentielle. Les acteurs européens du numériques sont nombreux, plein d’énergie et de talent, ils portent une vision alternative à celle des Américains ou des Chinois. Ils doivent coopérer et s’unir pour se faire entendre auprès des dirigeants économiques et politiques, sensibiliser le marché aux problématiques de l’hébergement des données et redorer l’image du numérique en Europe. C’est aujourd’hui le seul moyen de faire face aux géants du secteur. À son échelle, Mailo prend part à ce mouvement.
3. Pouvez-vous présenter Mailo (anciennement NetCourrier puis Net-C), messagerie européenne sécurisée et souveraine, ses fonctionnalités, son positionnement, son rapport aux données et leur stockage ? Et quelles seraient les étapes futures de votre développement ?
Mailo est un projet ambitieux au sens des objectifs sociétaux que nous poursuivons : permettre aux Européens de conserver leur indépendance et d’imprégner leur marque sur Internet. Mailo apporte sa contribution dans son domaine d’expertise qui est l’un des plus centraux : la communication et le stockage des données personnelles. Dans ce secteur, Mailo démontre que la technologie peut être entièrement au service de l’utilisateur.
Nous sommes dans une relation totalement saine et transparente. Nous avons une maîtrise totale de la technologie, hébergeons les données sur des serveurs situés en France, n’exploitons pas les données de nos utilisateurs et travaillons avec des partenaires qui respectent nos valeurs.
Depuis sa création, Mailo s’adresse à tous les types d’utilisateurs et propose des solutions adaptées à chacun. Le service phare de Mailo s’adresse ainsi au grand public, à tous les internautes qui ont besoin d’un service de qualité respectant leur vie privée et leurs valeurs. Mailo Pro est notre offre dédiée aux professionnels pour la transformation digitale des PME et TPE, à un prix largement inférieur à celui du marché. Mailo Junior, à destination des familles et des 6-14 ans, permet gratuitement aux enfants d’échanger des méls dans une interface ludique et didactique, sous le contrôle sécurisant des parents. Mailo Edu, service destiné aux écoles, permet d’initier en toute sécurité les élèves au mél et aux services numériques. Mailo propose également aux municipalités de créer leur messagerie sur une plateforme souveraine afin d’assurer la qualité de leur service sans mettre en danger les données sensibles qu’elles échangent.
Toutes ces offres donnent accès à nos différents services, le mél bien entendu, avec une riche palette de fonctionnalités dont le chiffrement par PGP et la possibilité de créer ses adresses avec son propre nom de domaine, mais aussi l’agenda, le carnet d’adresses, le cloud, le partage de documents et l’édition collaborative en ligne avec une suite bureautique, ainsi qu’une dizaine d’applications comme un gestionnaire de tâches ou un album photos.
Nous proposons ainsi une offre très complète, la plus compétitive du marché, afin toujours de permettre à tous de l’utiliser.
Notre développement suit plusieurs axes. Un axe technologique d’abord : le secteur évolue très vite, nous faisons évoluer la plateforme en permanence et sommes déjà en train de préparer nos futurs services. Nous travaillons à développer notre notoriété autour de la marque Mailo et préparons notre développement international. Le programme est riche !
9 mars 2021
Pascal Voyat est co-fondateur et directeur technique et R&D de Mailo, plateforme Mél & Cloud souveraine. Pascal Voyat est ingénieur télécom Sud Paris. Originaire de Lorraine, il a 25 ans d’expertise en messagerie électronique, ayant travaillé au sein des groupes Orange et Lagardère (Club-Internet) et pour des clients comme Numericable et Bouygues Telecom. Il est aujourd’hui engagé dans le développement du numérique européen et membre du collectif PlayFrance.Digital.
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