Thèse Mesure de la maturité numérique des banques et transformation digitale

Thèse sur la transformation digitale des banques

J’ai soutenu ma thèse de doctorat en Sciences de gestion le 27 novembre à Télécom ParisTech. Le sujet est, pour faire simple, à l’intersection de la transformation digitale et du secteur bancaire. Le libellé : « Mesure de la maturité numérique des acteurs du secteur bancaire dans une perspective de transformation digitale ». Cette thèse a une portée ingénierique avec une méthodologie développée qui permet, selon les critères modélisés, de mesurer la maturité numérique de l’ensemble des acteurs concernés (banques, fintech, néobanques, GAFA, etc.). Elle est par ailleurs couplée à un outil informatique. Les travaux ont été dirigés par Valérie Fernandez, Professeur et Directrice du département Sciences Economiques et Sociales à Télécom ParisTech.

Le jury, qui respecte la triple parité (femmes/hommes, Grandes Ecoles/Universités, île de France/Province), était composé de :

Mme Valérie FERNANDEZ – Télécom ParisTech, Directeur de these
M. Marc BIDAN – Polytech Nantes, Rapporteur
Mme Bérangère SZOSTAK – Université de Lorraine, Rapporteur
M. Sébastien TRAN – EMLV, Examinateur
Mme Valérie FAUTRERO – Université de Toulouse, Examinateur
M. Thomas HOUY – Télécom ParisTech, Examinateur

La présentation peut être téléchargée ici. Le rapport* qui comprend l’outil de mesure de maturité numérique via 101 critères est largement diffusable et utilisable.

* téléchargeable ici dans les archives ouvertes HAL.

Bonne lecture et à votre disposition pour échanger dans la poursuite des travaux et l’utilisation du modèle.

Thèse de David Fayon : mesure de la maturité numérique des acteurs du secteur bancaire dans une perspective de transformation digitale

Résumé de la thèse

La banque est un secteur en première ligne de la transformation digitale et se classe en 4e position des secteurs les plus transformés numériquement derrière les technologies de l’information et de la communication, les médias et les services professionnels (Gandhi & al, 2016). En outre, l’explosion des données et le besoin de traitement en temps réel est un défi pour les acteurs pour répondre ou anticiper les besoins des clients. En ce sens, la transformation digitale des banques est emblématique des opportunités et des risques de notre société numérique. Les études tendent à prouver que la performance digitale reflète la performance économique de l’entreprise (Accenture, 2016b). Il devient dès lors d’autant plus important d’effectuer sa transformation digitale pour rester ou devenir une banque performante d’autant plus que la mortalité moyenne des multinationales n’est que de 40 ans (Schatt, 2014).

Le préalable à l’analyse peut résider dans la connaissance, par les banques, de leur maturité numérique actuelle. Le modèle développé dans cette thèse s’inscrit dans cette perspective et vise à souligner les forces d’un acteur bancaire et ses points perfectibles pour, dans une perspective opératoire, alimenter la stratégie de transformation des entreprises du secteur. Le point de départ en est une méthode de mesure de maturité numérique de toute organisation (Fayon, Tartar, 2014) qui a été approfondie dans le cadre de ce travail de thèse. La réflexion a été conduite relativement aux tendances structurantes de la transformation digitale, et à un centrage sur le cas du secteur bancaire. Elle s’est nourrie des travaux académiques relatifs au changement de paradigme porté par les technologies numériques et à ceux relatifs au design organisationnel entre autres. Deux enquêtes (l’une sur la banque du futur ; l’autre sur les attentes des générations en matière de service bancaire) et un PoC réalisé dans le cadre du paiement sans contact sur smartphone à La Poste, ont nourri la réflexion pour enrichir notre modèle initial de mesure de la maturité numérique.

Pour bâtir le modèle, nous avons fait le choix de nous baser principalement sur les travaux existants dans les deux domaines au cœur de la transformation digitale, d’une part les systèmes d’information où de nombreux outils méthodologiques ont été développés (CMMI, ITIL, CobiT, etc.) et d’autre part le marketing. Chacun des indicateurs du modèle initial a été challengé en s’appuyant sur la littérature dans le domaine ainsi que sur un corpus de données élaboré pour ce travail de thèse. La portée de cette mesure est de deux ordres. Le résultat peut permettre, pour les décideurs qui s’en saisissent – typiquement les acteurs de la transformation digitale (Comex, CDO, Directeur du SI, Directeur marketing) –, d’alimenter la stratégie de transformation digitale de l’acteur considéré (grâce au calcul de la maturité des leviers identifiés et globalement de la banque pour mettre en exergue ses forces et ses faiblesses). Mais cette mesure peut avoir également une portée performative. Elle peut permettre en effet, comme pour tous dispositifs de mesure, de donner un état « objectivé » mais également « objectivant » du niveau atteint par chacun des indicateurs et accompagner dès lors un processus réflexif de transformation digitale. Un certain nombre de limites sont inhérentes à ce travail de thèse, dans sa dimension instrumentale notamment. La cohérence interne du modèle, bien que mise à l’épreuve de différentes démarches analytiques et tests, n’est pas exempte, par construction, d’une part d’arbitraire. La pertinence du modèle, si elle a pu être testée partiellement à l’aune de cas d’entreprise, reste soumise à l’épreuve de la généralisation. Par ailleurs, le caractère évolutif des technologies numériques et des changements sociétaux associés, pourront faire perdre de l’acuité à certains indicateurs. Mais la dimension intrinsèquement performative du modèle pourrait demeurer.

En bonus : les motivations pour rédiger une thèse à un âge atypique ?

Avant de me livrer à 3 ans de travail mené parallèlement à mes autres activités numériques (dont 2 dans la Silicon Valley et 1 en France), ce qui est une charge de travail colossale, j’ai consulté en amont des amis qui ont fait une thèse au-delà de 30 ans. Quelques-uns de nos échanges sont mentionnés ci-après. Ils répondent à des interrogations que peuvent se poser des personnes déjà en poste dans l’entreprise. Mais c’est aussi le propre de la formation continuée chère à Bernard Quinio, maître de conférence à l’Université Paris Nanterre et avec lequel j’avais collaboré pour des publications, qui m’a permis le déclic.

« Rédiger une thèse représente un gros travail. Même si l’on connaît bien le sujet, passer du style de l’essayiste à celui du chercheur n’est pas aisé – car le chercheur découvre bientôt que les évidences sur lesquelles s’appuyait l’essayiste n’étaient pas si évidentes que ça…
Il ne faut donc pas s’engager dans un tel travail sans une forte motivation scientifique. Vouloir obtenir l’honorable titre de docteur n’est pas une motivation suffisante.
Il faut que vous trouviez parmi vos relations un professeur d’université auquel vous soumettrez votre cas en lui présentant un projet de thèse solide au plan scientifique, et qu’il trouverait intéressant de diriger.
» (Michel Volle, économiste, statisticien et informaticien)

« Myriam Quemener en a fait une à 50 ans passés et c’est sûrement son meilleur texte !
Elle sera publiée chez Economica, mais tout le monde la voulait cette thèse !
Et ce que cela lui apporte, enfin la notoriété après laquelle elle court depuis 15 ans !
Coup de poker ? Oui, mais dur !
» (Christophe Pavlevski, General Manager d’Airprox, serial start-up et associé des éditions Economica)

« C’est une grande satisfaction de mener une thèse tout en travaillant » (Myriam Quemener, Avocat général à la Cour d’appel de Paris)

« Je ne peux que t’encourager à t’engager dans la belle aventure d’une thèse. Au fond, quel que soit l’âge, pour peu que tu aies un bon sujet, un directeur de thèse qui accepte de te superviser (et donc un labo pour t’accueillir) et de la passion, tu seras à même d’y réussir.
C’est avant tout quelque chose que tu feras pour toi, pour la fierté que suscite la soutenance solennelle d’un mémoire auquel tu auras consacré 3, 4, 5 ou 6 ans…
» (Arnaud Lacaze, Vice-Président Bids and Tenders chez Thales)

« J’ai fait un doctorat sur le tard et je ne le regrette pas. Je n’imaginais pas un instant que cela aurait pu me servir d’une manière aussi importante en fin de carrière. Je mesure aussi l’importance du travail accompli pour arriver à la soutenance. J’avais planché sur « l’efficience des systèmes d’information hospitaliers ». J’affirmai dans cette thèse que le dossier patient verrait le jour à un horizon de 10 ou 15 ans… 34 ans plus tard, nous lançons timidement le DMP (dossier médical partagé). Au-delà, de la thèse elle-même, j’ai eu la chance de recevoir un prix de la FNEGE et d’être invité par la fondation KELLOG aux USA… Il s’en est suivi une petite période de gloire éphémère. J’aurai dû publier ce travail sous forme d’un livre destiné aux gestionnaires hospitaliers… je ne l’ai pas fait ! » (Jean-Claude Morand, Cyberstrat, Expert de l’économie numérique, passionné par le e-Marketing, le tourisme et la stratégie d’entreprise)

« J’ai sympathisé avec un professeur d’université dès que je suis arrivé en Corée du Sud à l’été 2011 et ce dernier m’a dit : pourquoi ne feriez-vous pas une thèse avec moi ? J’ai donc fait ma thèse de droit dans une université dérogeance qui se trouve être la meilleure law school de Corée. C’est une chance. Il faut dire que cette université a été présidée par l’actuelle Présidente de la République de Corée, donc ça l’a boosté dans les classements et elle a réussi à attirer les meilleurs élèves. Cela m’a apporté un peu de souci, car je ne savais pas si j’allais terminer dans les temps voire terminer tout court (de nombreux doctorants ne terminent jamais leur thèse et je ne voulais pas tomber dans ce travers). » (Vincent-Guillaume Poupeau, conseiller, délégation de l’Union européenne en Turquie)

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