A l’occasion d’Independance Day, découvrez la préface de Catherine Barba du livre Made in Silicon Valley.
Silicon Valley. Deux mots comme une incantation. La révolution numérique érigée en art de vivre sous le soleil californien. Terre de la tech, de la réussite individuelle, des start-up qui grandissent jusqu’à changer le monde : la Valley continue de nous faire rêver, et David Fayon y consacre son nouveau livre.
Je connais David depuis 2005, nous nous étions rencontrés lors de la création du think tank Renaissance Numérique, dont l’objectif est de lutter contre les fractures numériques et pour le développement du numérique en France. Depuis, nous suivons nos travaux respectifs à travers les réseaux, et il se trouve que nous sommes, presque au même moment, partis l’un et l’autre nous installer aux États-Unis, pas sur la même côte mais au même pays des possibles.
Pourquoi ai-je franchi le pas ? Je ne suis pas partie pour quitter quelque chose mais pour aller puiser du souffle, apprendre, m’étonner, m’inspirer, nourrir mon expérience sur la transformation numérique du retail et de la relation client. Sur la côte Est, New York est un formidable laboratoire ! Je partage mes enseignements avec les grandes marques françaises avec qui je travaille et les start-up dans lesquelles j’investis.
Le livre de David est un voyage à la rencontre de ceux qui inventent le monde de demain, un peu comme une Learning Expedition dont on revient avec l’envie farouche de se remettre en question, d’oser, de changer, de devenir flexible, plus agile, et une irrépressible énergie de faire, coûte que coûte.
Le sous-titre Du numérique en Amérique est à double lecture : il est bien sûr un clin d’œil à Alexis de Tocqueville, autant qu’une promesse de dépasser les frontières de la seule Silicon Valley. En effet, au-delà de la Silicon Valley et San Francisco, « l’épicentre du numérique dans le monde », c’est toute l’Amérique des innovateurs que David nous invite à explorer, celle des Do-ers, Makers, pour qui « Nothing is a mistake, there is no win and no fail, there is only make » (rien n’est une erreur, il n’y a pas de réussite ou d’échec, il n’y a que l’action).
Je mesure ce dynamisme américain avec encore plus d’acuité maintenant que j’y habite. Les Américains ont une authentique prédisposition culturelle à l’entrepreneuriat et à l’innovation. C’est le culte de l’action, la culture du résultat, le pragmatisme, l’acceptation de l’échec, la confiance en soi et en l’avenir.
Deux différences majeures avec la France me frappent particulièrement. D’abord, la puissance de financement de l’innovation par les business angels et le capital-risque. Ici, lever 20 millions de dollars pour une start-up ne relève pas de l’exception. « Les Américains investissent énormément à long terme, dans des projets très risqués et dont les résultats sont incertains en profitant des fonds disponibles et de l’importance du capital-risque sans égal dans le monde. Ces projets rapporteront beaucoup s’ils marchent. […] Elon Musk en est l’archétype avec des projets visionnaires comme SpaceX, Tesla ou Neuralink. Cette rupture du modèle capitaliste est rarement perçue en Europe et en Asie et pourtant, elle est incroyablement motrice ».
Ensuite il y a cette fluidité des interactions entre les acteurs de l’innovation. Le monde académique, le secteur privé et le public se connaissent bien ; les start-up et les grands groupes parlent la même langue et travaillent plutôt bien ensemble. Dans les espaces de co-working, fablabs, chaque jour les gens et les idées se mélangent, se multiplient, cross-fertilisent… L’innovation jaillit de la rencontre des contraires. Pas étonnant, au fond, que de ce marché de 325 millions d’habitants, fluide et solidement financé, soient sortis les GAFA – et plus récemment les NATU –, redoutables géants mondiaux qui écrivent l’avenir et dont « la capitalisation boursière dépasse plusieurs nations majeures ».
La France, cela dit, est elle aussi désormais en marche. David s’en fait l’écho, il nous explique pourquoi la confiance dans les idées nouvelles est en train de grandir, et comment accélérer la transformation de la France en start-up factory. Et également pourquoi les États-Unis constituent un tremplin pour passer à l’échelle et adresser le marché mondial. Quelle joie de voir de plus en plus de jeunes y porter ce bel état d’esprit des entrepreneurs !
Jeunes ou vieux, femmes ou hommes, tous les entrepreneurs m’inspirent. Je me vivifie à leur contact. Ils m’ancrent dans le présent, dans l’action, dans la joie de faire. Ils interrogent ma propre capacité à regarder autrement le monde qui m’entoure, à oser m’en saisir à pleines mains pour le transformer. You can’t be what you can’t see : on a terriblement besoin de modèles pour trouver son propre souffle et passer à l’action. À travers ce livre qui repose sur un travail considérable de recherche, de rencontres et de réflexion, David Fayon le prouve avec enthousiasme : innover, c’est contagieux !
Bonne lecture et bonne transformation digitale.
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