L’année numérique 2016 : vers une plus grande maturité digitale des entreprises

Le coup d’envoi donné par le CES de Las Vegas avec une présence française en force

Le CES de Las Vegas donne toujours le la de l’année numérique avec un côté toutefois distributeur de rêves sur de nouveaux usages et peu finalement s’inscrivent dans la durée. Quelques chiffres peuvent être consultés ici, lesquels démontrent le dynamisme français en matière de communication. La France est ainsi la deuxième nation la plus représentée avec 128 start-up.

En France, on a des idées. Le plus gros problème est de parvenir à une taille critique alors que sur le sol américain avec un marché de plus de 320 millions d’habitants c’est chose plus facile sans compter la plus grande facilité de lever des fonds dans des poles d’innovation où se cotoient la trilogie développeurs/marketeurs/designers avec universités et investisseurs.

Le Hub Institute pour sa part a choisi de faire un zoom sur 12 tendances à suivre.

Enfin, Ericsson nous livre en images les 10 tendances clients pour 2016 en marge du CES.

L'année numérique 2016

Brève rétrospective sur les moments forts de 2015

2015 a marqué la consécration d’ubériser (cf. mot numérique 2015) et encore une fois l’importance des réseaux sociaux pour le suivi des événements en direct (que ce soit les attentats, les élections, les événements sportifs ou sujets à buzz qui s’inscrivent dans un espace temporel donné).

La loi sur le Renseignement a été une réponse par la contrainte aux attentats du 7 janvier avec l’absence de succès que l’on connaît. Il suffit de se remémorer la phrase de Benjamin Franklin : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. »

La panne est devenue inacceptable (par exemple Skype HS une journée) et les fragilités du Web sont démontrées par un accroissement des cyberattaques et des sites vulnérables et des smartphones trop peu sécurisés.

La marque French Tech s’est imposée sur l’ensemble du territoire (avec par exemple, Nantes (Web2day), Lyon (Blend), Marseille (Shake) et Toulouse (Mêlée Numérique)). Google s’est mué en Alphabet pour donner une plus grande visibilité de ses business units au marché. Apple a lancé la Watch mais le marché et les besoins ne sont pas encore au rendez-vous. Windows 10 a permis d’assurer à Microsoft une transition en douceur.

En 2016, rien de révolutionnaire mais une approche raisonnée de la transformation digitale et toujours plus d’intelligence dans l’utilisation des données

La plaque tournante de l’innovation restera San Francisco et la Silicon Valley où 3 des GAFA ont leur siège social implantés et les NATU (Netflix, AirBnB, Tesla, Uber) même si de plus en plus de foyers d’innovation (New York, Londres, Paris, etc.) jouent un rôle croissant, sans compter les BATX Chinois (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi).

La transformation digitale va s’ancrer dans les mentalités avec notamment plusieurs facteurs :
– Une logique omnicanale accrue et une évolution des bases de données des entreprises dans ce sens pour une cohérence selon les contacts avec le client (face à face, téléphone, mél, réseaux sociaux, chat, SMS, etc.) et son historique.

– Un retour en force du SMS comme outil de la relation client car non intrusif, plus rare que les méls sujets à spams et plus réactif du fait que la prolifération des smartphones. Ceci explique le caractère stratégique des messageries et des outils Snapchat, WeChat et WhatsApp.

– L’open innovation va se poursuivre avec un écosystème élargi avec un plus grand développement d’APIs ouvertes. Ce ne sera plus l’apanage des Facebook, Twitter mais de tout type d’entreprise. La SNCF par exemple a bien compris les enjeux pour attirer un écosystème d’entreprises autour qui apportent de la valeur à l’ensemble. En outre les POC et les expérimentations selon une logique bottom-up ne devraient plus être vus comme des OVNI par les directions mais comme un bon complément aux décisions stratégiques et top-down de la direction générale des grandes entreprises.

– Des indicateurs et tableau de bord numérique devraient être construits et optimisés au fil des mois pour mesurer plus finement le RoI des différents canaux dans une logique d’optimisation de ses campagnes marketing.

– Davantage d’accompagnement des collaborateurs par rapport aux changements induits par le numérique seront opérés. Les entreprises dans leur début de transformation digitale se sont tournées vers le client et vers l’extérieur. Un chantier important côté RH est à réaliser pour que le personnel soit acteur du changement et associé notamment dans les entreprises et organisations où les plus de 50 ou 55 ans sont nombreux et moins appétents au numérique. L’entreprise a besoin d’eux pour la création de valeur. Face aux excès du numérique, certains parlent même du « digital detoxing » pour remettre l’humain au cœur.

C’est indéniablement la banque qui est aux premières loges pour opérer sa transformation digitale avec une méfiance accrue des clients qui se voient souvent prélever des frais supplémentaires alors même qu’Internet avec la gratuité de service contre l’échange de données propose une logique en rupture. On pourrait imaginer une banque qui propose une carte de crédit gratuitement contre une exploitation des données. Big data quand tu nous tiens…

Outre les PayPal et les Bitcoin côté paiement, nous avons BitGold alternative à Bitcoin et considérée comme moins volatile. BitGold se base sur un lingot d’or (physique) et des transactions sont possibles partout où MasterCard est acceptée via l’utilisation d’une carte Gold prépayée. Enfin pour la transformation digitale des banques, il existe pleins de start-up à suivre à San Francisco et dans la Silicon Valley à commencer par Ripple qui a avancé la notion d’Internet of value. Ripple emporte un gros changement qui est la concurrence induite pour les chambres de compensation. Cet intermédiaire pourrait disparaître. Cela va dans le sens du client mais ne fait pas les affaires de tout le monde… Avec des conséquences en cascade pour les banques et autres intermédiaires.

La disruption sera à l’honneur à côté de la watsonisation (et l’importance grandissante de l’intelligence artificielle comme le fait au premier rang Google). Ainsi pour ne pas se faire ubériser lui-même, Uber se diversifie. Il s’est attaqué récemment au marché de la livraison des plats à domicile et a lancé UberEATS à Paris…

Globalement, on va assister au développement de produits et services plus simples et intuitifs pour toucher plus largement la silver economy qui a un potentiel financier important ainsi que les enfants qui ont un pouvoir fort de prescription sur les achats des parents (à quand des enfants qui feront pression pour l’achat d’une voiture autonome pour que les parents puissent jouer avec eux à bord…). Les smartphones qui représentent à présent la majorité des connexions sur Internet (2 sur 3 dans quelques années) vont imposer une simplification des interfaces au-delà du responsive design des sites. En effet, la 4G n’étant pas la règle, l’accès rapide aux pages des sites sur les smartphones devient une nécessité face à des internautes qui souhaitent avoir l’information en moins de 2 secondes.

L’Internet des objets, même s’il est en vedette au CES de Las Vegas, va poursuivre ses séries d’expérimentation. On n’aura pas encore d’usages massifs et il faudra certainement attendre 2020. Le déclic sera lorsque l’on passera de l’état gadget au statut de complément indispensable à la vie de l’internaute et du citoyen. Pour cela et au sein de la ville intelligence, cela passera par une massification et du réduction des coûts avec des usages à réelle valeur ajoutée. C’est ici la véritable transition de l’Internet of thing à l’Internet of everything attendue. Il en va de même pour l’homme augmenté : on y vient progressivement mais encore par petites touches et expérimentations successives sans compter les questions d’ordre éthiques à prendre en considération.

Les imprimantes 3D devraient selon le Gartner représenter un marché de près de 500 000 unités en 2016. Les estimations font état d’un doublement chaque année pour atteindre 5,6 millions d’ici 2019.

Côté réseaux sociaux, outre l’enrichissement fonctionnel permanent des outils, les plus fortes progressions sont à attendre du côté de Snapchat et d’Instagram qui séduisent les adolescents. Facebook pourrait atteindre 1,7 milliard d’utilisateurs, sa progression est plus lente mais le groupe (avec WhatsApp, Instagram, Facebook Messenger) continue une croissance à 2 chiffres. Google+ devrait être relancé. La question sera le tournant de la politique de Twitter qui a déjà commencé avec des petits signes comme le fait que les messages directs ne sont plus limités à 140 caractères. La question reste Twitter dans l’écosystème Google pour 2016 ? Pour Viadeo, embourbé à l’international et qui peine à rattraper techniquement LinkedIn et avec un manque de publication de news de ses utilisateurs, et Pinterest qui n’a pas de réel modèle économique on peut en revanche être plus perplexe.

Les ventes e-commerce devraient progresser de 7 % en 2016 en France tirées par les achats sur tablettes et smartphones alors que les ventes depuis PC devraient stagner et à terme régresser.

D’un point de vue législatif, le Règlement européen sur la protection des données est prévu pour l’horizon juin 2016. Certaines mesures impacteront les entreprises même si elles n’entreront en vigueur qu’en 2018. Ainsi une amende égale à 4 % maximum du chiffre d’affaires mondial d’une entreprise est prévue en cas de mauvaise information communiquée quant à la collecte de données personnelles mises en œuvre ou en cas de non-respect du droit à l’oubli ou encore en cas de non contact de la CNIL concernée selon la nation européenne en cas d’une fuite de données client. D’autres évolutions devraient se dessiner comme le statut juridique du robot ou des avatars cher à Alain Bensoussan ou le droit des drones notamment pour le survol des zones avec les risques possibles d’utilisation de drones pour fomenter des attentats, la DGAC a encore du pain sur la planche sans compter la nécessaire harmonisation à l’international pour un « Schengen des drones ».

Et selon vous quelles sont les tendances majeures pour 2016 ?

2 Commentaires

  1. Hello David!
    Merci pour cette super synthèse
    Parmi les tendances majeures pour 2016, je suivrai aussi de très près les progrès dans le domaine de la réalité virtuelle et des expériences immersives, avec notamment le lancement du Playstation VR dans le courant de l’année 😉

    • Jennifer @ xilopix.com sur 14 janvier 2016 à 11 h 47 min
    • Répondre

    Bonjour David,

    Encore une fois, super article ! Votre analyse me semble pertinente et en phase avec ce qui se passe sur le marché high-tech.

Répondre à Jennifer @ xilopix.com Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Captcha *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.