Internet des objets, l’autre révolution numérique au-delà du Web 2.0

Après le Web 2.0 (et le « Web au carré » qui n’est qu’un continuum du Web 2.0), on parle du Web 3.0 qui sera un Web sémantique.

Mais parallèlement à cette arrivée du Web sémantique, une autre évolution fondamentale d’Internet se prépare, celle de l’Internet des objets. On peut dire qu’avec le Web 3.0 on vivra également l’Internet des objets. La capacité de réaction de façon contextuelle qu’auront certains objets et qui constitue une « intelligence ambiante » rejoint des développements menés autour du Web sémantique.

Comment pourrions-nous définir l’Internet des objets qui est la traduction d’« Internet of things » ? La définition que je donne est « objets reliés à Internet via des étiquettes dotées de codes (par exemple, puces RFID) ou d’URL propres permettant de les identifier et de les tracer avec la géolocalisation notamment. Certains objets, plus évolués, sont dotés d’une intelligence propre qui leur permet de s’auto-organiser selon les événements et les environnements. L’Internet des objets permet l’apparition d’une multitude d’applications ».

Cette profusion d’objets reliés à Internet nécessite bien évidemment le passage du protocole IP à IPv6 et une véritable gouvernance d’Internet. La pénurie d’adresse IP interviendra dès 2010-2011 et c’est pour cela que le passage à IPv6 qui permettra d’allouer des milliards d’adresses IP est une nécessité car chaque citoyen consommera plusieurs centaines d’adresses IP à terme. Par ailleurs l’Internet des objets va changer le mode de gouvernance d’Internet.
La « gouvernance des objets » ne relèvera pas du DNS traditionnel mais d’une autre technologie, l’ONS (
Object Naming Service) qui représentera un enjeu de gouvernance bien plus crucial pour l’ensemble des États que le DNS. En outre la question de la standardisation est une question clef pour l’interopérabilité entre les différentes solutions développées, ce qui avait fait le succès d’Internet avec son protocole commun TCP/IP. Actuellement, le système EPC (Electronic Product Code), qui offre une identification individuelle et unique des objets et une large diffusion, pourrait constituer la base de la nouvelle génération de standards.

Les applications de l’Internet que l’on peut imaginer sont innombrables : un frigo communicant avec la possibilité de réaliser des réassort d’aliments manquants avec livraison par l’enseigne e-marchande à domicile au créneau de votre choix, des objets de consommation courante comme un DVD avec la possibilité de le scanner en magasin afin de connaître les appréciations de consommateurs, les produits dérivés, etc., des chaussures communicantes qui permettent d’avoir des statistiques sur le parcours réalisé, d’échanger les informations avec d’autres coureurs, etc. Déjà le système baptisé Nike+iPod permet à un coureur de visualiser sur l’écran de son iPod nano, la distance parcourue, la vitesse de course, les calories brûlées, grâce à des capteurs insérés dans les chaussures. Mais avec l’Internet des objets nous irons bien au-delà. On pourrait imaginer aussi la traçabilité de détenus remis en liberté, le développement de pacemakers qui pourraient en cas de défaillance cardiaque ou de malaise vagal envoyer une alarme au SAMU le plus proche pour une intervention d’urgence. Le champ des possibles est quasi infini, il faudra simplement se poser la question de l’utilité des services et des marchés potentiels. Mais ceci supposera également d’avoir une très bonne sécurité car pour les deux derniers exemples, en cas de panne ou d’attaque, les détenus en liberté ne seraient plus géolocalisables et la personne ayant un malaise ne pourrait plus être secourue.

Pour positionner l’Internet des objets dans les transitions du rapport de l’homme à la machine via les technologies, Denis Failly propose le schéma de synthèse qui figure au début de cet article.

3 Commentaires

    • sur 23 septembre 2009 à 20 h 32 min
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    David,

    merci de ce blog. Nous avançons en effet peu à peu vers … 1984. Je ne me moque pas, mais je mesure l’apport de l’OSI et de l’Internet. Il n’y a dans tout cela aucune évolution logique particulière, mais une formidable incarnation. En 1984 mon réseau international des objets était au niveau avions (nous avions TWA comme agent auprès des compagnies aériennes) et des sièges à bord, des voitures de location, des chambres d’hôtel, mais aussi des factures (par l’EDI) etc.

    Aujourd’hui nous avons PERFIDA (pour un emploi des RFID par les @larges) que je n’ai pas le temps d’approfondir afin d’étudier PERFIDES (projet d’évaluation des RFID en exploitation sociétale) perfida(.)org . Je vais tenter de monter ces prochaines semaines les serveurs de nommage des projets FRA et Multilinc. Je voudrais que nous puissions monter un ONS dans ce cadre. Le W3C pose actuellement aussi la question d’un regroupement sous forme d’un projet de WG/IETF des différents WG impliqués dans la formulation du repérage (DNS, U/IRI, etc.). L’IUCG a dit son intérêt pour l’adressage sémantique. Il serait aussi intéressant d’inclure les RFID. Serais-tu intéressé ? D’autres le seraient-ils.

    Autre sujet fondamental : je vois ta carte du futur avec l’ubiquité et la nanoisation qui pose l’a-priori du « posthumain ». C’est aussi un sujet des plus intéressants, car nous avons aussi là une divergence épistémologique, car il ne s’agit plus seulement d’Aristote/Platon, d’homme/marché, mais aussi de complexité/intelligence c’est à dire
    – ou l’évolution dite « posthumaine » est capable d’appréhender la complexité (telle que décrite par l’équipe Morin)
    – ou l’intelligence humaine est capable de réduire une complexité qui ne serait due qu’à la perspective (changement de paradigme) – mise en réseau de machines de Turing (ce que j’appelle les télémates), vie artificielle.

    Ceci est en train de se résoudre par l’advenance ou non de la « singularité technologique »[*] dont certains voient les prémisses physiques dans l’avènement des RFID, la nanoisation, la biotechnologie, etc., etc. comme ses aspects tangibles nouveaux après ses prémisses immatérielles du rock, du LSD, de l’informatique et de l’internet comme des moyens d’augmentation ou d’approche nouvelle de la capacité cérébrale. Nous sommes là entre extropie, technopaganisme, utopies diverses, mèmologie, culture du chaos, etc. dans une nouvelle forme d’exploration religieuse (au sens premier du terme de « relation entre le visible et l’invisible ») engagée depuis assez longtemps, mais emmenée par les Californiens.

    [*] je n’ai pas vérifié avec tous ses tenants s’il seraient pleinement d’accord avec moi, mais la singularité technologique serait du fait de la synergie et donc de l’émergence la question de savoir si Good a raison ou non. Si l’évolution et les théories de la complexité ont un sens, la synergie répond de ce qu’un tout serait supérieure à la somme des parties et qu’il existe une extropie (opposée à l’entropie) qui nous permet de progresser. La singularité technologique c’est le fait que l’homme deviendra nécessairement capable de concevoir une machine plus intelligente que lui. Good dit qu’alors si l’homme a pu la concevoir elle sera elle-même capable de concevoir une machine plus intelligente qu’elle-même, et ainsi de suite, et que donc bientôt l’homme n’aura plus grand intérêt et disparaîtra comme les dinosaures. C’est donc une courbure de l’espace intellectuel, dont ses tenants voient l’expression dans la loi de More, comparable dans ses implications à la courbure ou non de l’espace dont nous cherchons actuellement la réponse dans les satellites qui scannent la température de l’univers et au LHC.

    Après le Big Bang, il y a t’il un Big Crunch et au milieu un Big Mac qui soit la singularité technologique des Mac-hines parties pour devenir peu à peu capables de prendre l’univers en sandwich et poursuivre l’évolution au-delà de celui-ci ? Cela peut sembler un peu ésotérique, mais il faut savoir que beaucoup des Techies que font à juste titre peur à Patrick sont plus ou moins sur cette longueur d’onde là. Parfois mâtinée de féminisme américain qui appelle à la repentance du mâle conducteur de chariot vis-à-vis des esclaves noirs et féminins traités comme des cyborgs. D’où par exemple les débats parallèles à l’IETF sur Haraway et son manifeste. Cela ne nous est pas familier, mais indirectement à travers la technologie qu’ils développent selon leurs valeurs et « qui n’est pas celle qu’ils pourraient développer » (RFC 3935, Mission de l’IETF) nous en dépendons beaucoup. L’idée de l’IUCG c’est aussi, à travers la pragmatique et la diversité de l’usage et du service des gens avant celui de la technologie, de voir où on met les pieds et pourquoi.

    jfc

    • sur 21 septembre 2009 à 23 h 33 min
    • Répondre

    😉 Je vous trouve particulièrement optimiste d’appliquer, pour exemple, l’utilisation du M2M au DVD. La technologie RFID est encore chère aujourd’hui. Elle prendra du temps pour se généraliser sur des produits de grande consommation. Or, déjà à ce jour, le DVD est en phase de déclin en raison des supports plus performants, tels que le BR, le piratage et la dématérialisation (VOD). Cependant ce type de service peut être envisagé par le scan physique d’un code barre 2D, type Mobiltag. Un peu comme Jacques Attali l’utilise dans son dernier livre.

    • sur 19 septembre 2009 à 14 h 52 min
    • Répondre

    Article passionnant mais je ne vois mal « la Gouvernance d’internet »…? Et je pense même,que l’extension-quasiment illimitée – du champ des possibles -est la démonstration d’une sorte de mur de PLANCK , comme en physique- incapacité de « gouvernance » lnhérente au système et liée à sa structure même.

    JP

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