Le collectif PlayFrance.digital, créé en avril 2020, réunit à présent plus de 500 personnes en France, majoritairement des entrepreneurs dans le monde du numérique qui militent en faveur d’un numérique souverain, c’est-à-dire d’un numérique qui constitue une troisième voie, ni américaine (GAFAM & co) ni chinoise (BATHX & co). Nous avons un autre chemin pour le développement de solutions françaises ou européennes pour l’ensemble de la chaîne de valeur du numérique : matériel, système d’exploitation et logiciel, données. Il s’agit in fine de création de valeur et d’emplois à la clé ou sinon une dépendance stratégique qui nous conduirait à un lent et progressif déclin. Les données, leur production, leur stockage, leur transmission, leur traitement pour produire des informations ont une valeur primordiale dans notre société. Celle-ci est passée de l’or noir, le pétrole, à l’or transparent, la donnée. Nous avons tant souffert du premier choc pétrolier en 1973 lequel s’est traduit depuis lors par aucun budget de l’Etat à l’équilibre qu’il ne faudrait pas, dans une société phygitale qui s’est par ailleurs désindustrialisée gravement, renoncer à être garant de la maîtrise de la chaîne de valeur de la donnée.
Une des mesures fortes est la volonté d’avoir l’Etat qui ne consacre pas plus de 50 % aux achats d’outils numériques d’acteurs extra-européens pour limiter notre dépendance dans le secteur public, dont 25 % investis auprès de PME européennes. Ceci est également repris par l’IT50+ et le mouvement Objectif France dans son programme numérique.
Parmi les signataires figurent les dirigeants de Digimind, Jalios, Jamespot, Mailo, Marketor, Smartrezo, Talkspirit, Tilkal, Whaller, Wimi mais aussi Forum Atena, Inter-Ligere, Les cas d’or ou des acteurs du numérique comme Jean-Michel Billaut, Luc Bretones, Damien Douani, Fabrice Epelboin, Joëlle Toledano, votre serviteur ou le tout nouveau directeur général de l’EPITA Philippe Dewost. Et beaucoup d’autres acteurs du numérique.
PlayFrance.Digital vient de publier sa charte partant du constat que tant pour les solutions de santé (avec Microsoft par exemple) que pour le domaine industriel ou militaire, les choix gouvernementaux étaient trop inféodés aux solutions américaines notamment. Vous la trouverez ci-après.
La charte PlayFrance.Digital est reproduite ci-après.
Objet du document
Ce document a pour objet de définir une charte à laquelle chacun des membres du collectifs s’engagent à adhérer, en vue d’adopter des valeurs communes et une définition commune de notre souveraineté numérique. Cette charte à valeur d’engagement éthique et bienveillant dans les relations entre membre du collectif et aussi à l’encontre des acteurs de la souveraineté numérique qui n’auraient pas encore rejoint le collectif, ou ne souhaiteraient pas le rejoindre.
Contexte
En avril 2020 un collectif « Play France Digital s’est constitué afin de promouvoir les solutions logicielles d’éditeurs français (européens). Plusieurs actions, principalement de communication, ont été conduites et nous avons commencé à faire entendre une voix distincte des « grands » acteurs et, malheureusement du gouvernement.
L’évolution de GAIA-X, que l’on pouvait espérer être à la base d’un sursaut, d’un renouveau de la stratégie en prenant le levier du « cloud » comme point d’appui a beaucoup déçu, le coup de grâce a été donné par les choix récents du gouvernement avec sa notion de « cloud de confiance » pouvant s’appuyer sur des technologies US et son orientation « cloud au centre » qui va pousser, à marche forcée, les administrations dans la gueule du loup.
Il faut rappeler que les enjeux de souveraineté numérique s’adressent à l’ensemble de la chaine de valeur du numérique :
- Matériel (PC / Smartphone / Serveurs / Routeurs / Supercalculateurs / Processeurs / Réseaux / Téléphonie)
- Logiciel (des couches les plus basses au plus hautes)
- Les données
Une opportunité
Alors que beaucoup d’acteurs sont de taille modeste, ils ont de la peine à se faire entendre face aux rouleaux compresseurs de GAFAM et aux inerties qui président aux choix des grandes entreprises et des administrations réticentes à sortir des sentiers ordinaires, leurs solutions ne sont pas examinées.
De plus ils sont parfois concurrents mais ils peuvent partager un intérêt commun qui les dépasse tous selon l’adage « L’union fait la force ». Un petit groupe d’acteurs, plus engagés est convaincu qu’une plus grande cohérence des actions devrait résulter de l’adoption de quelques règles permettant d’établir un partenariat sincère entre ceux qui veulent œuvrer dans cet objectif
Les engagements
L’ensemble des signataires de la Charte s’engage à :
- Soutenir le combat pour notre souveraineté numérique.
- A suivre la mise en place des éléments suivants constitutifs de la souveraineté de nos solutions :
- Proposer un hébergement souverain, notamment pour leurs clients français. Des hébergements alternatifs sont tout à fait envisageables dans la conquête d’un marché international, mais il faut proposer des hébergements différenciés mais étanches. Opéré par un acteur à capitaux majoritairement français et européens
- Les dispositifs de traçages doivent être envisagés en fonction des objectifs de souveraineté et dans le respect des libertés individuelles
- Utiliser les solutions souveraines existantes comme réseaux sociaux, média pour les communications du collectif en sus des réseaux sociaux et solutions GAFAM incontournables encore à ce jour.
- Proposer de façon gracieuse leur solution ou plateforme pour le collectif et dans le cadre strict du collectif.
- Proposer à chaque membre du collectif un tarif préférentiel ne déséquilibrant ni son modèle économique, ni celui de ses concurrents souverains pouvant être aussi dans le collectif. L’objectif est de se soutenir entre nous et créer un écosystème.
- A porter, et soutenir toutes initiatives nouvelles et innovantes (Parrainage de développeurs, jeunes pousses)
- Etablir un tableau d’équivalence qui permettra de mettre en regard de chaque solution américaine ou chinoise la ou les solutions françaises équivalent. Cela permettra à chaque membre de mieux comprendre le positionnement de chacun, mais cela pourra aussi être utilisé dans nos déférentes communications
Une autorégulation
Les règles ont été énoncées de façon suffisamment simple pour être le reflet de l’esprit de l’action proposée.
Leur libre acceptation est la condition nécessaire pour pouvoir apporter et recevoir de cette mini-communauté. La règle «il faut donner pour recevoir » est supposée comprise comme « carburant » des actions communes.
Les comportements « parasites » sont évidemment intolérables et seraient, parmi d’autres déviants, une raison d’exclusion de ce groupe qui compte sur la sincérité de ses membres.
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