Démarrage en fanfare lors du CES de Las Vegas avec une présence française en force
Le CES de Las Vegas préfigure les tendances dont certaines seront structurantes. Loin d’un aspect gadget plusieurs répondront à des nouveaux usages. Le E de Electronic a son importance, c’est plus dans les objets que les présentations sont faites (Internet des objets, impression 3D, etc.) que dans le seul digital même si électronique et numérique se complètent. Du reste certains accélérateurs de start-up ou VC dans la Silicon Valley et à San Francisco par exemple ne s’intéressent qu’à des entreprises qui sont positionnées sur l’ensemble de la chaîne de valeur : matériel, logiciel et données. C’est le cas par exemple d’Eclipse VC.
Les tendances fortes sont la réalité virtuelle qui a de multiples applications sur les smartphones avec Samsung en force, les briques pour la ville intelligente, l’Internet des objets (avec notamment SmartThings de Samsung, HomeKit d’Apple et Android Things de Google). Le CES ubérise le Mondial de l’automobile pour tout ce qui concerne la voiture connectée et la voiture autonome. La présence de Carlos Ghosn, le P-DG de Renault Nissan n’est pas anodine. Ce clip de Nvidia, fabricant de micro-processeurs graphiques dont le siège est à Santa Clara dans la Silicon Valley montre les atouts de la voiture autonome. Le géant Intel pour sa part faisait le show avec des démonstrations de réalité virtuelle avec par exemple casque de réalité virtuelle pour observer des drones survolant des zones hostiles où l’homme ne peut facilement se rendre.
Les GAFA y sont par procuration via les start-up ou entreprises gravitant autour de leur écosystème. C’est le cas d’Alexa d’Amazon. La solution de commande vocale d’Amazon étant intégrée par Huawei, Ford et beaucoup d’autres entreprises et start-up parmi lesquels un robot équipé de cet assistant virtuel d’Amazon. L’ouverture des APIs des assistants personnels d’Amazon et de Google aux développeurs permettent de les voir apparaître dans divers objets du quotidien (aspirateur, automobile, etc.).
Parmi l’avalanche de stands et de nouveautés, voici une sélection :
– Energysquare qui avec plusieurs chargeurs en parallèle permet des recharges sans fil de divers smartphones, PC, etc. selon le principe de la conduction électronique ;
– Eugène une poubelle de cuisine connectée qui aide au tri des déchets et participe au recyclage ;
– Orbitrec pour l’impression en 3D de son vélo Bike ;
– BibeliB, une housse de valise géolocalisable avec un QR code, qui répond au stress des bagages perdus (cela m’est arrivé lors des 2 derniers voyages…).
La France y est présente en force (La Poste qui a mobilisé 6 facteurs, Orange) dans une optique de forte communication même si la priorité est selon moi plus de trouver écho auprès de VC pour lever des fonds et adresser le marché américain et du même coup raisonner mondialement. La France comptait 275 entreprises et exposants (derrière les États-Unis avec 1 713 entreprises et la Chine, 1 307 entreprises). C’est plus un voyage pour les start-up françaises (2e délégation devant Israël, la Corée du Sud et la Chine).
C’était aussi la 50e édition du CES. Pour les nostalgeeks, des rétrospectives sont proposées.
Brève rétrospective sur les moments forts de 2016
2016 a marqué la prise de conscience de la révolution à venir avec la blockchain (cf. mot numérique 2016) et les réseaux sociaux ont joué leur rôle (renoncement de Hollande à sa propre succession, Sarkozy éliminé dès le 1er tour de la primaire, Trump malgré les critiques l’a en revanche emporté à la surprise générale).
Verizon a annoncé son intention de racheter Yahoo qui a révélé peu après un piratage gigantesque dont il a été victime et Microsoft a mis la main sur LinkedIn en déboursant 26 milliards de dollars. Twitter n’a toujours pas été rachetée mais a effectué quelques évolutions et des rationalisations (fermeture de Vine). Les émojis Facebook, l’envol de Facebook Live et la présentation de Workspace pour les usages en entreprise (donnant les éléments pour la collaboration en entreprise par rapport aux intranets, outils de messagerie et réseaux sociaux internes) ainsi que la présentation de la trajectoire à 10 ans du leader des réseaux sociaux sont quelques faits marquants.
La cybersécurité est toujours d’une importance grandissante, la dernière affaire étant le rôle de la Russie dans l’élection présidentielle américaine.
La loi travail a été votée. Elle comprend deux dispositions en matière de numérique : la dématérialisation des bulletins de paie et le droit à la déconnexion.
La montée en puissance de Tesla est un fait qui exploite à merveille le big data et l’expérience client avec sa prochaine usine de batterie Lithium-ion et son défi à présent de passer le cap de l’industrialisation massive.
En avril 2016, Google a déposé un brevet sur une lentille de contact électronique pour améliorer la vision. C’est un pas de plus vers le transhumanisme.
En septembre 2016, Facebook, Google, IBM et Microsoft ont annoncé dans un communiqué la création du « Partnership on Artificial Intelligence to Benefit People and Society » qui sera matérialisé sous forme d’une organisation à but non lucratif avec des recherches, recommandations et publications de résultats sous licence ouverte.
Amazon a étendu son service Prime Video qui a pour objectif de concurrencer Netflix qui grâce à l’exploitation du big data conçoit des programmes qui répondent aux aspirations des spectateurs (ce fut le cas de la série Marseille diffusée cette année).
Les GAFAM principalement sont de plus en plus en coopétition. Ainsi en mai 2016, Facebook et Google ont annoncé leur projet (MAREA) de création de câble sous-marin transatlantique à très haut débit pour accélérer la vitesse d’accès à leurs services et à leur cloud.
Les rachtas de start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle ont été un fait marquant, par exemple en août, c’est Genee (assistant virtuel spécialisé dans la prise de rendez-vous) qui a été acquis par Microsoft – pour une intégration future dans les produits Office ?
En 2017, toujours pas d’acteur européen capable de rivaliser avec les GAFA et les NATU
Le smarphone, qui est facteur d’accélération de disruption dans un objectif d’augmentation de la satisfaction client, d’optiisation de la logistique, va continuer à permettre l’éclosion de start-up et d’App. Les entreprises d’économie collaborative auront le vent en poupe. Si la maîtrise de La Poste réside dans le dernier km, c’est pareil avec l’apport du smartphone et les App qui vont avec, c’est ce rôle qu’ont compris les Uber et autres. Face à ce tsunami digital, se révolter tels les Canuts lyonnais sera vain. Il convient alors de changer de posture, de sa zone de confort et de surfer comme dirait Joël de Rosnay sur cette nouvelle donne et en tirer parti.
2017 concrétisera la montée en puissance de l’intelligence artificielle, les assistants intelligents n’étant que la partie émergée de l’iceberg. La transformation digitale des entreprises et des organisations va se poursuivre mais avec plusieurs divisions d’écart selon les structures, les cultures, les résitances au changement, les processus, etc. Pour certaines il s’agira plus de migration digitale (quand on songe à certaines banques très cobolisées qui doivent faire face à l’arrivée de fintech entre autres – voir à ce sujet la grande enquête sur la transformation digitale des banques à laquelle certains profils peuvent répondre). Il s’agira aussi pour les PME-TPE de penser digital, omnicanal et orientation client et garder en tête les principes d’Amazon. Ceci est encore plus vrai pour les start-up qui ont tout à gagner en intégrant ces principes dès le départ. N’oublions pas que près d’une petite structure sur deux en France n’a pas de site Internet et que la présence sur les réseaux sociaux est pour beaucoup encore perfectible.
On attend aussi beaucoup de leade.rs, le nouveau défi de Loïc Le Meur.
Les ventes via l’e-commerce en France devraient progresser de 11 % en 2017 et se rapprocher des 80 milliards d’euros. Les achats par smartphone vont tirer cette progression. Il reste à se poser IRL la question des équipements des marchands en petits appareils pour faciliter les transactions via cartes bancaires à l’image des Square et des Clover solidement implantés aux Etats-Unis et qui facilitent le paiement avec également la possibilité d’avoir par mél une copie de la transaction. J’y reviendrai.
Quand la Chine numérique s’éveillera… Telle est la question. Pour l’heure, les Alibaba, Xiaomi et autres géants chinois se cantonnent principalement au marché chinois qui fort de 1,4 milliard de personnes permet une taille critique. Mais l’appétit vient en mangeant. Et la Chine commence à innover et dispose d’une grande capacité de frappe. Dans les années 1970-1980, c’était le duo Etats-Unis/Japon qui dominait la tech, c’est désormais les Etats-Unis et la Chine.
L’Amérique reste le cœur du numérique pour les prochaines années. Asie dont Chine, Russie ont leur mot à dire. Mais quid de l’Europe ?
Un sursaut est nécessaire de la vieille Europe avec la France en tête de pont du numérique en Europe qui pourrait avoir en premier partenaire les Etats-Unis car sinon coincée entre les Etats-Unis et l’Asie et sans même miser sur le potentiel de développement de l’Afrique, elle risque d’être spectatrice au chômage. Ces réflexions et ces recommandations seront bientôt à portée de main.
L’année numérique 2017 : https://t.co/jJJqpEEMsT GAFAM et NATU, plus que jamais maîtres du monde pic.twitter.com/XVrSPhP2aL
— David Fayon (@fayon) 9 janvier 2017
Et selon vous quelles sont les tendances majeures pour 2017 ?
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