1. Pourriez-vous nous présenter la genèse de Sindup, les choix que vous avez effectués et son positionnement ?
Dès 2004, l’objectif était de traiter l’infobésité et de simplifier la détection des informations pertinentes sur le Web. Fort d’une expérience des salles de marché avec des analyses en temps réel pour les clients (traders, brockers et investisseurs), le point de départ était le traitement de gros volumes d’informations des marchés financiers. En 2005, j’ai mené des réflexions sur plusieurs axes avec la même problématique d’infobésité en m’intéressant davantage au web. A cette période, outre la multiplication des sources d’information, on constatait déjà la diversification des modes d’accès à l’information (forums, blogs, accès via login et mot de passe) et des modèles économiques (à l’acte ou à l’abonnement) ainsi que le développement des réseaux sociaux sur Internet.
Il s’agissait donc de faciliter la veille en entreprise (concurrentielle, sectorielle, commerciale et e-réputation) en déportant les problématiques techniques, juridiques et opérationnelles chez nous pour proposer une solution globale et modulable à nos clients. Entre 2005 et 2009, les actions de R&D, la constitution des premiers corpus de sources, les développements liés à la veille et au textmining ont été menés sur autofinancement. Parallèlement, j’ai misé sur le développement d’autres branches d’activité pour faire vivre la structure, notamment des prestations d’e-commerce, de développement de sites, de back-office. Toutes les étapes de conseil et de réalisation jusqu’à la maintenance étaient dans notre périmètre. Cette partie prestation a pris de l’ampleur. Cela nous a conduit à créer une SSII, Hegyd, pour déporter ce business qui continue par ailleurs son expansion au service de réseaux de franchise, d’une clientèle grands comptes et de groupements d’entreprises.
En 2009 la version bêta est sortie. Nous avons misé sur la gratuité pour atteindre la taille critique avec en priorité le retour des utilisateurs pour affiner l’application par rapport aux besoins du marché : fonctionnalités, construction et ajustement progressif du modèle économique pour coller à la demande.
Notre solution est basée sur une approche en mode SaaS hébergée en Cloud. Nous avons deux modes de fonctionnement pour l’outil correspondant à deux types de profils.
Le premier type de profil est le décideur qui n’a pas de cellule de veille mais qui veut de l’information sur son secteur d’activité, ses concurrents, son e-réputation, etc. Un paramétrage est alors effectué par nos équipes selon les besoins du client pour lui fournir uniquement les résultats de la veille : rapports d’analyse et synthèses, alertes, newsletters, portails collaboratifs, etc. L’un de nos objectifs est d’évangéliser et de faciliter la veille au sein des PME.
Le second type de profil est la cellule de veille lorsque l’entreprise a internalisé cette fonction. Dans ce cas, les chargés de veille sont formés à l’utilisation de la plateforme, nous équipons donc l’entreprise avec un accompagnement dans les bonnes pratiques de veille à observer. L’abonnement est dans ce cas plus économique. L’assistance est opérée sur l’utilisation de l’outil (support technique) et non pour faire la veille du client (service).
Plus récemment nous sommes entrés depuis 6 mois sur le marché grand compte où nous avons une dizaine de références, segment de marché que nous allons fortement développer en 2013.
Globalement en 15 ans, les solutions avaient peu évolué et restaient économiquement inaccessibles aux PME. En entreprise, la culture du web 2.0, du SaaS et du cloud est encore embryonnaire. Ceci nous a conduit à avoir un double positionnement (PME et grands comptes) en rendant ainsi la solution accessible au plus grand nombre tout en évitant que la solution ne devienne hyper-spécialisée aux besoins de quelques sociétés.
Notre approche est donc à la fois de développer les fonctionnalités standard et lorsque l’ampleur du projet le nécessite de réaliser des développements spécifiques pour que la veille soit optimale. Le problème technique dans tous les cas ne doit pas être le problème du client. Aujourd’hui 10 personnes travaillent chez Sindup auxquelles il convient d’adjoindre des personnes de la SSII Hegyd qui contribuent sur le plan technique.
2. Quelles sont les forces de Sindup ? Quels partenariats avez-vous conclu ? Quelles sont les grandes fonctions pour la veille ?
Nous disposons d’un corpus de sources d’informations qualifiées gigantesque permettant de surveiller jusqu’à 24 millions de sources à l’international. Ce sont des sites d’actualités, des blogs, communiqués de presse, des forums de discussions, des plateformes d’avis de consommateurs, des annonces légales ou encore la presse papier, télé et radio (nous avons noué un partenariat avec Kantar PressIndex pour ces données), y compris des sources privées (bases internes et abonnements). Nous scrutons également Facebook, Twitter et ceci est élargi à tous les réseaux sociaux pour les clients grands comptes.
Des partenariats avec différents acteurs ont été conclus pour l’évolution de la solution. Par exemple avec des acteurs du marché pour l’analyse sémantique et linguistique. Pour les données légales nous travaillons avec Infolegale & Marketing, pour la formation des entreprises avec Serda et avec l’ISER (Institut Supérieur de l’E-Réputation) avec qui un Diplôme Universitaire a été lancé cette année, etc.
En termes de fonctionnalités, le chargé de veille dispose de tous les outils pour couvrir les grandes étapes de la veille : collecte des informations pertinentes, qualification et analyse puis diffusion des informations. Nous avons aussi des accès partagés en mode collaboratif, la génération de tableau de bord et de rapports interactifs, des systèmes d’alertes et de newsletters. Ainsi chaque service peut être alimenté en informations pour de l’opérationnel (ex : traitement des alertes en temps réel sur les clients mécontents par le service SAV) ou pour assurer un suivi (newsletter sectorielle adressée aux collaborateurs qui se doivent de connaître l’actualité du marché). Le dirigeant et les décideurs peuvent quant à eux recevoir des rapports réguliers sur les informations et les tendances importantes.
3. Quelle comparaison faites-vous entre la France et la Californie par exemple ?
Nous sommes partis voici quelques mois avec deux associés à San Francisco pour nous confronter à la culture, aux technologies, aux usages et pour préparer une implantation aux États-Unis tout en découvrant l’écosystème de la Silicon Valley.
Cela nous a rappelé l’importance d’être fluide en entreprise, y compris lorsque les équipes grossissent. Là-bas, il est fréquent de scinder l’entreprise en petites cellules pour garder l’esprit start-up et l’agilité au quotidien. Aux États-Unis on lance rapidement les idées pour tester plutôt que de partir dans des développements long terme avant de se confronter au marché. C’est moins la tendance en France, depuis nous essayons de trouver le juste milieu sur ces différents aspects.
2 novembre 2012
Mickaël Réault est dirigeant fondateur de la plateforme de veille Sindup. Il élabore depuis 12 ans des solutions NTIC pour entreprises avec des modèles packagés PME et sur mesure pour la conduite de projets grands comptes. Co-fondateur de plusieurs sociétés, il s’appuie sur la complémentarité des métiers pour mener à bien les projets clients dans une culture du résultat.
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