1. Pour la 10ème édition de la fête de l’Internet, quel bilan faites-vous ? Quels acteurs ont été moteurs dans le développement ?
Nous soufflons les bougies enthousiastes, comblés d’anecdotes et de belles rencontres humaines pour cette 10ème édition.
Par ailleurs nous fêtons également le 5ème anniversaire d’une fête sur le modèle du maillage territorial. En effet, pour l’édition 2002, nous avons volontairement imposé la décentralisation de l’évènement auprès des départements et des communes (d’où les partenariats Assemblée des Départements de France et Association des Maires de France) ce qui nous semblait essentiel afin de « déparisianiser » l’évènement principalement localisé jusque là à la Cité des Sciences. L’idée implicite étant naturellement de ne pas tomber dans le piège « d’un salon une foire commerciale encore moins un lieu d’effet d’annonce » mais bien de créer un premier maillage territorial permettant ensuite des jumelages réels avec d’autres villes dans d’autres cultures. Et aujourd’hui, on ne peut que l’apprécier en constatant l’appropriation spontanée de la manifestation !
De ce fait des relais locaux comme, entre autres, Le Limousin, le Pays Basque, Midi Pyrénées, la Normandie, et les DOM-TOM ont bénéficié de la couverture médiatique liée à la fête de l’Internet tant au niveau régional que national et ont été largement soutenu par les partenaires de locaux. La fête a fait naître de nombreux événements comme le label « Ville Internet ». Sans oublier les espaces numériques et culturels multimédia qui à cette occasion présentent leurs actions et programmations tout au long de l’année.
La résultante de ce choix fut néanmoins le désinvestissement financier de l’État ne comprenant pas l’indépendance institutionnelle de cette manifestation. Depuis lors nous avons assuré l’ensemble des coûts incompressibles des actions de coordination, de communication et promotion. Or la manifestation devrait tendre vers un modèle où la communication institutionnelle est équilibrée par l’ensemble des partenariats qui souhaitent être moteurs dans le développement de la société de l’information.
Nous remercions les acteurs du Libre et les opérateurs généreux, (les équipes de Viabloga, Igénérateur, Crao wiki, Agoravox, Epistrophe, Community chest), les activistes humains et journalistes – ils se reconnaîtront -, les créatifs (Lucas Mongiello, Houman Lahmi, Caribara, ..), les porteurs de projets, les communes, sans qui ce rendez-vous n’aurait pas eu lieu depuis.
2. Quels parallèles peut-on faire entre la fête de la musique et la fête de l’internet ? Comment la fête de l’internet participe-t-elle à la francophonie ?
La fête de l’internet s’est fortement inspirée du principe de la fête de la musique « l’appropriation par tous et partout ». En effet, le partage de l’enthousiasme de la fête de la musique se retrouve avec la fête de l’internet où, via une passion, les internautes et les porteurs de projets partagent avec ceux intéressés par ces mêmes sujets ou curieux ou pas encore initiés. Cela peut se traduire concrètement par des animations diverses et variées dans la ville pour tout public des jeunes aux seniors (clubs de généalogies, de Lan Party, en passant par l’administation en ligne et les débats citoyens). Vous pouvez retrouver les programmes des villes comme Brest, Avignon, Grasse, Montpellier, Roubaix par exemple. L’idéal serait du très très haut débit mixé d’un réseau sans fil dans les villes pour vivre la fête de l’internet dans la rue et présenter toute cette créativité numérique à l’ensemble de la population. Nous ne désespérons pas !!!
Co-construire et partager des expérimentations, présenter la diversité de nos réflexions et créations ont toujours constitué nos objectifs.
Notre rapprochement de l’Organisation internationale de la Francophonie via l’agence universitaire de la francophonie et en particulier l’association internationale des maires francophones a largement contribué à l’exportation de la manifestation en étant motrice auprès des élus des pays francophones. Par exemple au Mali, au Congo, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Mauritanie, en Egypte, au Burkina Faso. Nous saluons ce partenariat, travail notable d’exportation et de jumelage dans la logique du maillage territorial. Sur le terrain, des échanges ont été conduits avec les habitants de ces pays en prenant en compte leurs problématiques spécifiques. Concrètement, les personnes impliquées dans ces pays ont envoyé des communiqués, ont sensibilisé sur le sujet Internet en associant notamment les universités (AUF) et les capitales des pays.
3. Quels souhaits formulez-vous pour le développement futur de la manifestation et quels projets en matière d’Internet souhaitez-vous mener ?
Nous devons maintenant trouver des modèles indépendants et interactifs nous permettant de mettre en lumière et en partage les actions réalisées par tous les acteurs de la société de l’information.
La fête de l’internet prend un nouveau virage, cherche des partenaires et porteurs de projets pour les communes, et noue un rapprochement fort avec l’UNESCO pour la semaine mondiale de la société de l’information (SMSI) en conservant son parrain, Edgar Morin. Cette semaine mondiale de la société de l’information se tiendra du 9 au 19 mai 2008 et constituera le rendez-vous de la Société Civile. La fête de l’internet sera donc partenaire de cet événement. Des conférences du SMSI (Genève et Tunis) se bâtissent des événements qui reposent sur des initiatives de toute part selon la logique de la création du maillage territorial de la fête de l’internet en France et l’exportation de ce principe. La fête de l’internet sera donc partagée en 2008 avec un événement international. Nous aurons la spontanéité des vraies rencontres à travers les quatre dimensions : débats citoyens, festivités, alertes et échanges de bonnes pratiques.
Mon souhait personnel est toujours d’œuvrer pour que l’internet ne constitue pas une juxtaposition d’égoïsmes mais au contraire un lieu universel de débat favorisant l’édification d’une véritable société civile internationale.
Et se retrouve dans ce paragraphe d’Edgar Morin : « J’appuie chaleureusement l’initiative qui vise à donner à la fête de l’Internet une dimension humaniste et planétaire. Que ce soit à travers les multiples expressions artistiques qui témoignent de la diversité créatrice des cultures, de la créativité également de leurs rencontres et métissages, et du caractère transculturel qui vient de la compréhension d’une culture à l’autre, que ce soit à travers l’effort de conscience planétaire à laquelle s’est vouée une telle initiative, je pense que les meilleurs potentialités d’Internet sont appelées à se concrétiser à travers les manifestations et rencontres de cette grande fête d’amitié entre les citoyennes et citoyens de la terre-Patrie ».
26 mars 2007
Valérie-Eve Moreau, co-organisatrice et coordinatrice de la Fête de l’internet depuis 2002. Actuellement, entre autres, chargée de mission auprès de la Fédération Nationale de la Presse Nationale d’information Spécialisée (FNPS) et du Syndicat de la presse sociale (SPS). Son objectif est de fédérer l’ensemble des titres de la presse sociale en Europe ; elle accompagne certaines organisations dans la réalisation de leurs projets de communication articulés sur l’évolution de l’internet participatif et des valeurs ci-dessous taguées.
Tags : Pinkomarketing, Econologique, SocialNetworking, VRM (vendor relationship marketing), cluetrain manifesto.
Pour en savoir plus, cluetrain et VRM
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