La famille numérique en 2025 : toujours plus d’écrans

Voici 12 ans, je brossai la vie numérique d’une famille fictive composée d’un papa, d’une maman et de deux enfants. Il s’agissait de montrer la bascule vers le monde connecté notamment avec le smartphone et la porosité des frontières entre la vie professionnelle et la vie personnelle. J’évoquai la transition de l’obligation de moyens vers l’obligation de résultats et le droit à la déconnexion difficilement applicable dans les faits.

Depuis 2013, nous avons eu le boom des selfies, le succès d’App comme Uber, la percée des fakes news et des deepfakes qui demandent un regard critique face à l’information de toute part , la série de confinements (2020) et les outils pour télétravailler/téléétudier/téléconsulter, etc. avec de multiples webinaires, les espoirs suscités par le métavers et la blockchain, l’avènement des outils d’IA génératives depuis ChatGPT en novembre 2022 avec une explosion de la consommation des données, le renforcement de la dépendance aux plateformes américaines et en même temps l’irrésistible montée de la Chine.

Une famille numérique multi-écrans en France en 2025

[image générée par une IA artificielle]

Selon un article du Parisien en 2024, les Français ont passé en moyenne 4 h 23 par jour à regarder la télévision (64 % de ce temps) ou du contenu à la demande sur les plates-formes de streaming (36 % en forte hausse) avec un essor des Netflix & co. Cette illustration du site Prevoir indique pour 2021 un temps total de 56 h par semaine devant les écrans, soit 7 heures par semaine dont 20 heures pour le travail et 36 h pour les loisirs, ce qui correspond au temps d’écran tous usages confondus.

Temps passé derrière les écrans en France

Toutes les études convergent vers une sur-exposition aux écrans dès le plus jeune âge (13,7 % selon une étude de l’INSERM n’ont pas accès aux écrans à l’âge de 2 ans ; l’âge moyen d’acquisition d’un smartphone est de 9 ans et 8 mois alors que la majorité numérique est fixée en France à 15 ans).

On pourra également constater une augmentation du temps passé en l’espace de 11 ans entre 2011 et 2022 lequel augmente en fonction de l’âge des enfants.
Temps passé derrière les écrans, évolution entre 2011 et 2022

On pourra se référer au rapport de référence à télécharger Enfants et écran – à la recherche du temps perdu remis en avril 2024 de la Commission constituée d’experts issus de la « société civile » pour évaluer les enjeux attachés à l’exposition des enfants aux écrans et formuler des recommandations
et au site Je protège mon enfant à l’usage des parents.

Les changements sont également d’autres natures :

  • Plus de temps passé derrière un écran (avec souvent plus de 4 h par jour pour un smartphone pour les adolescents et une consommation qui va crescendo depuis à petite enfance à l’adolescence), une durée de sommeil plus courte (au moins 20 minutes de moins par nuit en l’espace de 12 ans) ;
  • Recul de la télévision ; le temps passé derrière le smartphone a dépassé celui derrière un ordinateur, encore plus chez les jeunes avec la tentative de capter le temps d’attention disponible par chacune des plateformes qui pénalisent en matière de visibilité, notamment pour les réseaux sociaux, les posts qui contiennent des liens sortants vers d’autres App ;
  • Plus de WhatsApp notamment avec les listes par amis, contacts ou projets, moins de SMS ;
  • Une montée en puissance d’Instagram et de LinkedIn et surtout de Snapchat et TikTok chez les jeunes ;
  • Autant de méls pour le travail avec aussi des messages postés via les outils de type Teams ou équivalent.

Des conséquences en découlent :

  • Davantage d’addiction aux écrans notamment chez les jeunes ;
  • Une fatigue oculaire et des problèmes de vision accentués ;
  • Retard du développement cognitif si pas de couplage à la lecture et d’activités dans la vie physique ;
  • Une plus grande obésité en moyenne de la population corrélée à la sédentarité et couplée avec le grignotage, les sodas et les produits transformés.

Toutefois il existe des conseils de bon sens :

  • Pas d’écran avant 3 ans ;
  • Regardez le temps passé sur son smartphone chaque jour et comment il se répartit selon les App [avec un iPhone, allez dans Réglages puis Temps d’écran et là, vous avez votre moyenne quotidienne et l’évolution à la fois jour par jour et par rapport à la semaine précédente ainsi que des paramétrages pour limiter l’utilisation] ;
  • Ne pas consulter d’écran au-moins une heure avant de s’endormir ;
  • Pratiquer une activité physique (10 000 pas par jour. De nouvelles applications comme WeWard basées sur la récompense et la gamification ont vu le jour) et avoir des activités en société pour ne pas être isolé avec les écrans et être de fait plus susceptible de dépression ou facilement irritable ;
  • Ne pas faire plus de 2 h d’écran par jour en sus de son activité professionnelle ou de ses études : se fixer des objectifs, des plages horaires sans écran ;
  • Avoir des repas en famille à table et sans écran.

Si on considère deux familles en reprenant une série bien connue, FPCFPC :
– Famille type « Bouley » : Dans celle-ci une adolescente wokiste manifeste régulièrement contre le changement climatique. Elle renouvèle paradoxalement son smartphone tous les 18 mois, un iPhone de préférence grâce à l’argent donné par ses grands-parents, ce qui est bien polluant pour la planète. De surcroît il s’agit d’un produit américain importé et assemblé dans les usines Shenzhen en Chine pour la très grande majorité, ce qui illustre notre absence de souveraineté numérique en matière d’équipements et même de chaîne de valeur. Elle comprend aussi un petit garçon qui délaisse les livres pour des jeux vidéos non stop et souvent en réseau avec d’autres joueurs au bout du globe. Son goût du jeu le pousse à continuer y compris quand il se rend aux toilettes. Ces univers massivement multijoueur (MMORPG) l’incitent à ne pas être déconnecté car son avatar serait désavantagé par rapport aux autres joueurs accroissant de fait l’addiction ;

– Famille type « Lepic » avec des règles strictes quant à l’usage des écrans et parfois des moyens détournés ou du chantage. Ainsi leur petite dernière pour y avoir accès lance des phrases du genre « Papa, si je me lave les dents, est-ce que j’aurai droit aux écrans ? ». L’aînée est frustrée car ses camarades utilisent ChatGPT pour leurs devoirs alors qu’elle passe plus de temps à effectuer des recherches pour aboutir à une notation équivalente alors même que ses professeurs n’ont pas intégré ce changement et n’ont pas opéré d’évolution des moyens d’évaluation à l’aune de l’utilisation des outils d’IA génératives.

Quelle que soit votre famille numérique, un juste équilibre est à définir et à respecter pour éviter le temps perdu derrière les écrans et que le temps passé soit utile et non futile et éviter d’être dans des bulles d’enfermement. Les outils numériques restent de bons serviteurs à maîtriser mais de mauvais maîtres.

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