La classique sélection de livres au rayon numérique | digital [rayez la mention inutile de ce débat qui déchaîne les passions] est arrivée à l’approche de l’été. Il est vrai que le paradoxe lié au confinement est que les Français ont davantage lu mais qu’en même temps les livraisons de livres par Amazon ou en ligne étaient dans la majorité des cas interrompus ainsi que les libraires fermés.
Voici 7 livres incontournables dans des registres différents.
Web 2.0 15 ans déjà et après ?
Tout d’abord le tout récent Web 2.0 15 ans déjà et après ? coordonné par Fadhila Brahimi et moi-même avec 56 pionniers du Web 2.0 et préfacé par Claudie Haigneré, pionnière européenne de l’espace avec les coordinateurs de chapitres Beer Bergman, Antoine Dubuquoy, Cyrille Frank, Yann Gourvennec (très actif côté visioconf pendant le confinement), David Guillocheau, Olivier Iteanu, Anthony Poncier, Vincent Rostaing et Serge Soudoplatoff. C’est un must pour comprendre comment le Web 2.0 a révolutionné la société, que ce soit dans les six relations, tout d’abord au travail (d’actualité avec le télétravail rendu possible avec les outils de visioconférence ou collaboratifs), à soi et aux autres, à l’information (on le voit avec les fake news et la nécessité du fact checking et d’un jugement sain pour discerner ce qui est important et vrai), aux marques et aux mondes virtuels et réels alors que l’on s’aperçoit que le phygital est plus que jamais nécessaire. Mais c’est aussi, après un rappel des étapes historiques commencées depuis l’avènement d’Internet et de son ancêtre Arpanet en 1969, année où le sol lunaire fut foulé pour la première fois et son accélération avec le Web en 1989 puis le Web 2.0 qui a pointé effectivement le bout de son nez voici 15 ans, une analyse en profondeur tout en étant synthétique des 5 révolutions : économique avec des business models (ou modèles d’affaires puisque le terme francophone gagne du terrain) différents voire disruptifs, politique (Thierry Crouzet parlait à l’époque du Cinquième pouvoir qu’était Internet), juridique (plus que jamais d’actualité avec une éternelle course poursuite entre la technologie et les usages qui en découlent et vice versa et le droit), culturelle (avec des codes à appréhender), des usages (mais comment faisions-nous avant sans…). Les deux derniers chapitres sont un retour rétrospectif sur les 15 ans passés pour analyser les écarts entre les promesses et la réalité d’une part et d’autre part une projection pour les 15 années qui viennent (comment sera le réseau, la géopolitique des acteurs et des Etats, la révolution blockchain, etc.). En guise de conclusion 7 pistes sont dressées pour proposer un réenchantement d’Internet. A se procurer d’urgence d’autant que les droits d’auteur sont entièrement reversés à Emmaüs Connect et à Startup for kids pour lutter contre l’illectronisme (ou fracture numérique).
Du côté des chatbots et des *bots
Dans un autre registre le livre de Frédéric Canevet également parmi les 57 pionniers Dopez votre business avec les chatbots est paru également en mars chez Dunod. Il est articulé autour de 4 chapitres. Il expose l’apport d’un bot en détaillant les chatbots, voicebots et callbots. Le chatbot est un logiciel qui peut dialoguer avec une personne via chat ou un autre canal de communication (comme Messenger, WhatsApp, une application mobile, etc.) en analysant des demandes en langage naturel et générant des actions appropriées. Le voicebot utilise la voix pour interagir via une enceinte connectée (de type Google Home ou Amazon Echo avec Alexa) ou un smartphone. Le callbot pour sa part utilise le téléphone (fixe ou mobile) pour interagir et succède in fine aux SVI (serveurs vocaux interactifs). Le livre décrit la manière de mettre en œuvre un bot dans une entreprise et s’interroge sur les bénéfices potentiels pour l’entreprise. Ceci amène à se poser des questions sur leur intérêt, le parcours client qu’il convient de réexaminer pour une remise à plat, le RoI escompté par rapport au coût d’investissement, etc. Les deux usages majeurs exposés concernent la sphère marketing et le service client. Il est fait écho à la programmation de réponses types aux questions courantes, à l’interprétation des séquences qui permettent de simuler une intelligence dans le dialogue entre le bot et la personne (cliente, prospect, etc.) interagissant avec l’entreprise.
Le livre est agrémenté de fiches pratiques et d’exemples.
Concilier numérique et écologie
Côté green IT, le livre de Frédéric Bordage, Sobriété numérique – Les clés pour agir est paru chez Buchet/Chastel. Il est là pour faire prendre conscience de la nouvelle pollution liée au numérique et au nécessaire recyclage (sans insister sur l’importance majeure des terres rares et au leadership chinois en la matière). 70 ko était la taille du programme de la mission Apollon 11 pour se rendre sur la lune en 1969 alors que souvent un petit fichier Word dépasse allégrement cette taille. Nous sommes très loin de la frugalité escomptée ou à l’informatique du début des années 1980 où les programmeurs comptaient les octets car limités à quelques Ko de mémoire vive : les astuces de programmation pour optimiser étaient nécessaires. Plus on a de l’espace, plus on a tendance à l’occuper sans se soucier d’économie, un peu à l’image des Américains et de la conquête de l’Ouest qui est vite devenu le pays le plus polluant de la planète. Au-delà du constat, des bonnes pratiques sont dressées afin d’aboutir vers un numérique sobre et responsable : allonger la durée de vie de ses appareils, éteindre sa box, limiter l’usage du cloud surtout en 4G, regarder la télévision via la TNT. On aurait aimé en avoir plus et avec des données quantifiées sur les gains occasionnés. A consulter pour ceux qui veulent une première sensibilisation.
Les fondamentaux des start-up
Je lance ma start-up de Christophe Blazquez et Samir Zamoum préfacé par le polyvalent Cédric Giorgi et paru chez Gereso est la 2e édition d’un petit guide structuré en 11 chapitres qui définit les étapes pour trouver une idée, la tester, calculer son RoI supposé (mais aussi le ROAS pour avoir un ratio entre le montant gagné et celui dépensé) puis constituer son équipe avec les talents et les profils complémentaires. Ensuite rédiger son business plan et chercher les financements. L’art du pitch est peu abordé ainsi que le passage à l’échelle avec la dimension internationale. Pour autant le marketing de son offre, l’importance de son réseau sont bien creusés avec quelques retours d’expérience et un glossaire précis en fin d’ouvrage.
Instagram, l’incoutournable des 5 majors des réseaux sociaux
Le guide Instagram d’Aurélie Moulin chez Eyrolles comprend de façon pédagogique 4 parties : bien démarrer sur Instagram (création de compte, compte pro, sécurité, le fonctionnement de l’algorithme, la présentation de son profil), la création de contenu sur l’outil et les spécificités avec notamment les stories, la vidéo et le fait de bâtir un calendrier éditorial. La troisième partie s’attache à la maximisation des résultats (avec la connaissance de son audience et les meilleurs moments pour instagrammer, les hashtags avec les données analytiques). Enfin comment Instagram peut être au service de sa croissance et être un outil de vente et s’appuyer sur les influenceurs. De nombreuses copies d’écran émaillent le livre.
Un essai sur le numérique et la société
Nicolas Colin qui avait co-écrit avec Henri Verdier L’âge de la multitude signe Un Contrat social pour l’âge entrepreneurial chez Odile Jacob. Avec un clin d’œil à Jean-Jacques Rousseau, et partant d’une histoire vécue en 2014 avec sa société The Family, Nicolas se livre dans une première partie à une analyse d’un nouveau contrat de société à bâtir avec/grâce au numérique. Il souligne que les élites sont dépassés par le numérique, que les 30 glorieuses sont bien loin avec un déclin de la classe moyenne, que la Chine a émergé. Dans la deuxième partie, il revient sur l’apport de la multitude (qui incite toute application à devenir plateforme pour bénéficier de l’intelligence globale), des effets de réseau et d’échelle avec les grands acteurs du numérique et que les entrepreneurs constituent la nouvelle élite. La troisième partie dresse les caractéristiques de la nouvelle société : nomadisme et instabilité qui demande à être agile, la concentration des villes (sans tenir compte des apports du très haut débit et des conséquences de la crise traversée par rapport au développement massif du télétravail et du regain d’intérêt des campagnes avec la qualité de vie). Elle aurait pu être davantage développée. La quatrième partie est une réflexion de l’Etat et de la protection dans ce nouveau contexte (mais sans s’interroger sur l’efficacité dudit Etat), l’évolution de la finance et de la négociation collective sachant que dans un pays qui a plus de 2000 ans d’histoire, la donne est différente de chez l’oncle Tom avec 250 ans de recul et des amendements successifs. La dernière partie est le Que faire avec l’auteur qui présente sa vision et que la France a – opinion partagée – un retard à combler et que d’un point de vue numérique nous sommes un « pays en voie de développement »… j’ajouterai à condition de savoir passer à l’échelle et à nouer des alliances avec des partenaires tout en faisant feu de toute action de lobbying. Les références bibliographiques sont nombreuses et son analyse même si elle n’est pas partagée mérite d’être lue.
L’indispensable analyse de ses forces et faiblesses pour conduire la transformation digitale de son organisation
Enfin Transformation digitale 2.0 fêtera le 21 juin (jour de la fête de la musique, de l’été et fête des pères cette année) son premier anniversaire avec des retours des lecteurs enthousiasmants quant à l’utilisation du modèle de maturité DIMM pour la mesure de la maturité numérique de toute organisation à un instant donné… pour alimenter la feuille de route de sa transformation. Le site Digital Impacts vient en renfort pour alimenter les échanges et les retours de cas.
Bonne lecture.
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