Débat sur l’illectronisme et la fracture numérique sur France Ô

Alors qu’illectronisme est arrivé sur la troisième marche du podium dans l’élection du mot numérique de l’année 2018, je suis intervenu dans l’émission présentée par Sonia Chironi Les témoins d’outre-mer sur France Ô pour débattre avec notamment le fondateur et directeur d’Emmaüs Connect.
Il s’agit d’évoquer les personnes qui malheureusement souffrent de la fracture numérique et d’imaginer des solutions pour y remédier. Cette fracture s’ajoute notamment à la fracture sociale. Elle affecte plusieurs catégories de personnes, des personnes âgées, en territoires ruraux, moins instruites et aux revenus inférieurs.

De mon point de vue, la fracture est à 4 niveaux :

– Equipement (PC, smartphone, etc.) ;

– Infrastructure (zones d’ombres et non couvertes par les réseaux 2G et au-delà alors que s’annonce la 5G, absence de Wi-Fi, etc.) ;

Les zones d'ombre en France pour la couverture réseau

– Usages (pouvoir utiliser les potentialités de l’informatique et d’Internet en connaissance de cause, avoir un jugement critique dans l’analyse de l’information, etc.) ;

– Formation (depuis l’école et tout au long de la vie).

Une double mission est à réaliser par l’Etat et les collectivités territoriales d’une part et par les associations d’autre part et qui reposent essentiellement sur le bénévolat, l’envie de partager et d’aider. Le plan annoncé par le Secrétaire d’Etat au numérique est clairement insuffisant car 100 millions d’euros débloqués pour une population qui souffre de la fracture numérique estimée à 13 millions équivaut à allouer 8 euros par citoyen sur la période qui va jusqu’en 2022, ce qui ne permet pas de financer plus de 20 minutes de formation en coût complet. Or de nombreuses personnes ont besoin de formations, suivies de pratique et de piqûres de rappel.

Débat sur l'illectronisme sur France O

Déjà l’amendement Renaissance numérique en 2008 avait permis l’exonération de charges sociales et fiscales pour les dons d’ordinateurs par les entreprises à leurs salariés. Nous avons aussi le reconditionnement de PC et de smartphone pour des donations à des personnes défavorisées ou dans des pays en voie de développement, les plans d’investissements des opérateurs télécoms dans les infrastructures. Ces deux fractures vont être progressivement résorbées. En revanche les deux suivantes sont plus complexes à réaliser et reposent sur l’humain.

Une des pistes que j’évoque passe par celle d’un service militaire rénové qui va au-delà des seuls décrocheurs (cf. l’émission Le sens de l’effort diffusée sur M6). Après des classes pour tous de 3 semaines à 1 mois, les jeunes appelés pourraient dans 80 % des cas effectuer des missions civiles (missions dans les zones sensibles, dialogues dans les cités, avec les seniors, les personnes isolées, tant dans les villes que les campagnes, etc.). Ceci permettrait outre le dialogue et les missions de médiation dans des quartiers sensibles ou zones de non droit, l’approfondissement du français et des connaissances indispensables pour la majorité des missions des appelés. Mais aussi d’acculturer et de former au numérique : apprendre à utiliser traitement de texte et base de données, rechercher des informations et s’assurer de leur véracité, surfer intelligemment sur Internet, effectuer des démarches en ligne, etc. Le coût de la mesure serait à mettre en regard des effets bénéfiques pour l’ensemble de la société, plus unie, plus solidaire et avec moins d’incivilités. La société devenant numérique, il est nécessaire d’accompagner ce changement tout en défendant les valeurs de la République. Signalons que le parti Objectif France y réfléchit.

A noter une petite erreur dans le montage vidéo présenté : Internet fête ses 50 ans (4 premiers nœuds du réseau en 1969 avec Arpanet) et le Web ses 30 ans (en 1989 avec l’introduction du WWW et du premier navigateur), la confusion est encore souvent faite entre Internet et le Web qui est une application d’Internet. Enfin le Web 2.0 célèbrera ses 15 ans cette année.

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