Amazon a acquis la chaîne de supermarchés Whole Foods Market pour 13,7 milliards de dollars en juin 2017, ce qui représente une somme colossale et constitue la plus grosse acquisition faite dans l’histoire d’Amazon – et la 10e dans le secteur du numérique de tous les temps. Mais c’était aussi une première, un acteur technologique acquérant pour un tel montant une entreprise non technologique. Le but était également pour le marché américain de se rapprocher du géant Walmart. Les deux entreprises ont des modes de fonctionnement très différents et c’est un vrai choc culturel avec plusieurs cadres qui ont quitté Whole Foods. Par exemple, la pression sur les fournisseurs voulue par Amazon pour disposer des meilleurs prix est éloignée de la culture bio et développement durable que l’on retrouve chez Whole Foods (jusqu’aux agents de caisse) et dans des enseignes comme Trader Joe’s, laquelle est implantée majoritairement en Californie.
Depuis, des synergies ont été développées entre Amazon et Whole Foods :
– livraison gratuite pour les abonnés d’Amazon Prime pour au moins 35 dollars d’achat dans un magasin Whole Foods et dans les 2 h. Cette livraison, effectuée entre 8 h et 22 h, s’étend progressivement dans plusieurs grandes villes des Etats-Unis comme New York et la Floride
– réductions pour des produits marqués par une pastille bleue (généralement 10 %) dans les magasins Whole Foods pour les clients qui ont un compte Amazon Prime (même si pour l’heure les produits éligibles sont assez peu nombreux). En donnant son numéro de téléphone ou un QR code scanné depuis son smartphone
L’idée est de pouvoir développer les usages de consommation avec les deux modes d’achat complémentaires en magasin et sur Internet et de dévorer des parts de marché. Mais aussi pour Amazon de capter des données de consommation utiles pour améliorer ses algorithmes et ses offres pour les suggestions d’achat, etc. C’est également pour cette raison que Google a acquis Nest pour la connaissance des comportements des personnes dans leur domicile avec les consommations d’énergie mais pas que.
La concurrence s’organise néanmoins aux Etats-Unis avec des anti-Amazon mais semble dispersée.
La question qui se pose est de savoir si les acteurs de la logistique ou postaux en Europe ne pourraient pas effectuer des acquisitions de chaînes de supermarchés (le cash disponible étant une condition préalable) pour permettre une intégration verticale et horizontale dans la vente et la livraison des produits. En France, Colissimo Pass qui vient d’être lancé (avec un abonnement annuel qui rappelle Amazon Prime) permet de se faire livrer en illimité auprès de plusieurs enseignes (pour l’heure encore petites) avec gestion des retours et pas de minimum d’achat imposé. Il s’agit là plus de partenariats que de rachats. En tout état de cause, la grande distribution sous l’impulsion d’Amazon et plus largement des GAFA avides de données est en train d’opérer sa transformation digitale.
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