La transformation digitale comprend 5 leviers (+ 1) comme décrit dans le livre éponyme. C’est d’abord la triade technologie et innovation, l’organisation et les personnes [D. Fayon & B. Quinio]. Avec un environnement (juridique, fiscal, lobbying) et une offre (des produits et des services). Le tout au service d’une stratégie qui est à la fois descendante (vision du dirigeant) et ascendante (remontée depuis le middle management et le terrain avec des boîtes à idées). Ces 6 leviers étant posés, les données sont au cœur pour servir des clients et tout un écosystème dans une logique de plateforme à laquelle d’autres entités et services peuvent se connecter/s’interfacer.
Une nation pour sa part repose par définition sur trois éléments : un territoire, une population et un gouvernement.
Il est intéressant de voir qu’il existe un isomorphisme entre la transformation digitale d’une entreprise (ou organisation) et celle d’une nation, son fonctionnement et son évolution laquelle doit tendre vers une e-nation à l’image de l’Estonie par exemple, pays le plus innovant et en avance de phase en matière d’e-administration entre autres (procédures en ligne, vote électronique, etc.).
On pourrait en effet établir un parallèle la nation et l’entreprise. Les correspondances se retrouveraient entre le gouvernement et l’organisation, la population et les personnes, le territoire et la technologie et l’innovation (en supposant que la technologie et l’innovation viennent au service du territoire : système de communication, de géolocalisation, etc.).
L’offre de la nation, ses produits et ses services, sont les missions qu’elle assure : scolarité, missions de service public et régaliennes, différentes prestations familiales, de sécurité, de santé, etc. La stratégie correspond à la politique proprement dite et le cap fixé par les personnes à la tête de la nation mais aussi les idées qui remontent, les référendums ou les pétitions pour avoir les deux éléments (top down et bottom up). Enfin l’environnement est le contexte économique et social avec des acteurs pour la régulation (entreprises, syndicats, contre-pouvoirs divers, associations, lobbyistes et influenceurs, etc.).
Il peut être intéressant de réfléchir aux fondamentaux d’une e-nation et à la transition d’une nation vers une e-nation qui agrégerait des concepts digitaux – mais pas que – au service de ses citoyens et de son écosystème, les nations voisines ou partenaires, voire en conflit – avec du même coup l’importance de la cybersécurité et de la cyberdéfense. Les données seraient dans ce cas les flux financiers notamment (recettes et dépenses) avec un système de collecte et de redistribution et celles qui sont stockées (avec des limites fixées et une super CNIL s’agissant des données personnelles). Chacun des leviers transposés pourrait être analysé séparément et on pourrait réfléchir à comment le rendre vraiment numérique et augmenté. Cela répond à une réflexion que j’avais eue avec Jean-Michel Billaut lors d’un débat sur l’Etat 2.0, à savoir démonter la nation comme une construction en Lego (qui est en 1.0) et la reconstruire en mode 2.0 avec un côté collaboratif et des liens forts entre les acteurs grâce au numérique. On pourrait à l’image du modèle de maturité DIMM décrit dans le livre Transformation digitale prévoir des indicateurs de maturité sur chacun des 6 axes de façon à benchmarker les nations entre elles et pas uniquement sur des indicateurs usuels (PIB, ratios économiques, etc.). A méditer… Il s’agit d’aller plus loin que le simple index de maturité numérique des pays et il existe une piste pour remettre à plat la transformation digitale de l’Etat non avec du saupoudrage mais de façon globale.
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