Les assistants numériques, emblématiques de l’Internet des objets
Dans l’Internet des objets, de nombreuses applications présentent un côté gadget avec une absence de modèle économique viable. Beaucoup de start-up dans le domaine éclosent avec peu d’élues pour pouvoir prétendre passer à l’échelle et la casse après 18 mois est colossale. On dénombre encore trop de brosses à dents connectés, de fourchettes avec des capteurs divers, etc. La question demeure toujours « à quoi ça sert ? » et « qui paye ? » pour valider l’existence d’un marché. On pourra se référer au livre blanc Renaissance Numérique et Institut G9+ Les nouveaux eldorados de l’économie connectée qui conserve toute sa pertinence.
Les GAFAM au coeur de l’Internet des objets
Pour autant, le vrai secteur à potentiel et qui décolle vraiment est celui des assistants numériques personnels où les GAFAM proposent leur boîtier : Amazon Echo le pionnier, Google Home, Apple qui avait lancé son système de commande vocale Siri sur iPhone et a désormais son HomePod, Microsoft avec Cortana sur Windows 10 et désormais Invoke. Et même Facebook, omniprésent dans la vie de l’internaute par ailleurs, a planché sur son assistant M. Du côté de l’Asie, Alibaba propose Tmall Genie et Samsung, Bixby. Chacun des géants développe l’écosystème autour du sien avec la question cruciale d’être le plus rapide en matière de « time to market ».
Google Home a pris de l’avance en France alors qu’il a été lancé plusieurs mois après Amazon Echo aux Etats-Unis. Le retard pour la commercialisation d’Amazon Echo en France n’est pas une simple question de traduction mais également d’adaptation à la culture française. Il devrait arriver le 23 mai prochain dans l’hexagone soit 2 jours avant l’entrée en vigueur du RGPD. Pour autant c’est Amazon Echo qui domine outrageusement le marché avec plus de 10 millions d’appareils écoulés aux Etats-Unis et un écosystème de produits interfacés (des applications vocales baptisées « skills ») côté domotique, automobile connectée, etc. Amazon Echo avec son assistant Alexa et Google Home avec Assistant, c’est bonnet blanc et blanc bonnet avec comme disait ma fille aînée « Tiens Google lance un boîtier comme Amazon sauf qu’il est blanc alors que pour Amazon il est noir ! ».
Les moteurs de recherche vont s’adapter au boom de la recherche vocale
Au-delà de ces boîtiers se dessinent le juteux marché du commerce vocal et de nombreux partenariats noués par chacun des acteurs avec des enseignes de consommation (par exemple Walmart et Monoprix avec Google, Whirlpool avec Amazon, etc.). La question qui vient est celle de la recherche vocale qui prend une importance crescendo et va impacter de plus en plus le référencement. Google va faire sa mue comme la prise en compte des sites responsives avec la primauté au mobile depuis déjà plusieurs mois. En effet, nous allons assister à un changement de paradigme dans la recherche : le passage de la recherche par mots clés avec des techniques d’indexations et d’optimisation associées à une recherche de phrases en langage naturel car les Amazon Echo et Google Home répondent à des phrases plus naturelles du type « Alexa, rajoute du shampoing de marque M dans la liste de courses ». Si 20 % des recherches sont faites aujourd’hui dans le monde avec la voix (un peu moins en France), selon l’agence Comscore cette proportion devrait passer à 50 % en 2020 avec l’usage toujours croissant des smartphones. Tout le SEO va être chamboulé d’autant plus que les recherches vocales sur les mobiles sont davantage locales avec la géolocalisation activée. Les requêtes de recherche vocales s’effectuent notamment dans des contextes de mobilité comme dans la rue, dans un magasin, en voiture mais aussi dans un lieu fixe, à domicile devant la télé par exemple ou depuis son bureau. Dans ce cadre, les marques devront adapter leurs sites et leurs App pour la recherche vocale et visuelle afin de voir leurs revenues e-commerce progresser. Nous devrions avoir progressivement une réallocation des budgets de communication de marketing digital, de la recherche textuelle au profit de la recherche vocale.
Les assistants numériques au coeur de nouveaux usages de l’internaute
Les principales utilisations sont pour l’heure la vérification du statut de livraison, la création et consultation de la liste de courses, la recherche de produits et de services. Pour autant d’autres usages au-delà du commerce vont arriver. Dans ce cadre, le marketing contextuel pour anticiper les envies selon les comportements passés et supposés de l’internaute (par exemple commande de repas pour des CSP+ pressés avec un historique), les horaires, etc. permettra une personnalisation poussée avec pour objectif une forte pertinence pour augmenter le taux de conversion. On va passer à un data marketing en temps réel mêlant intelligence artificielle et amélioration de l’expérience utilisateur où la génération Z sera prescriptrice. Toutefois la confiance avec la RGPD en garde-fou sera nécessaire comme l’a montré l’émoi qu’a suscité auprès de l’opinion le facebookgate ou Cambridge Analytica. Entre avoir Google ou Amazon à la maison et des solutions plus respectueuses des données personnelles, il appartiendra à chacun de se prononcer et le cas échéant positionner le curseur pour des éventuels challengers mais qui peineront à trouver un modèle économique profitable.
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