Ce livre , Le digital expliqué à mon boss, permet de mieux comprendre la disruption et constitue un complément notamment pour les exemples sectoriels au modèle de maturité digitale établi par Michaël Tartar et moi-même : Transformation digitale : 5 leviers pour l’entreprise.
Yann Gourvennec et Hervé Kabla rappellent que leur approche du digital est centrée sur le pourquoi plus que le comment. Les outils viennent en effet aider pour l’implémentation de la stratégie définie en amont. Ils font référence au cercle de l’innovation de Simon Sinek avec les 3 cercles concentriques : comment, pourquoi, quoi.
Après une vision du digital aujourd’hui et demain avec des chiffres et des rappels historiques, le cœur de l’ouvrage est dans les deux chapitres suivants. Le point essentiel à retenir est que le digital bouscule les business models établis, réinvente les modèles de vente, impose une transformation digitale (pour ne pas être ubérisé). Des définitions de la transformation digitale sont données et il est expliqué en quoi elle est indispensable à tout niveau et pourquoi le manager doit devenir lui-aussi digital. En revanche, je trouve que les 4 piliers de la transformation digitale empruntés à Satya Nadella, l’actuel CEO de Microsoft (à savoir la relation client, les produits, les processus et les salariés) sont trop restreints. C’est juste, certes mais reste un sous-ensemble de la transformation digitale globale qui s’inscrit dans un environnement et part d’une stratégie. Les exemples sont pertinents, les explications claires, en revanche le fil directeur de ce premier chapitre est moins limpide. Qu’importe, les informations peuvent être prises et analysées dans le désordre.
Le deuxième chapitre est un recueil intéressant de la nécessité du digital dans de nombreux secteurs clés de l’économie comme l’industrie, l’automobile, la banque (je livre une contribution), les services, la santé, l’immobilier, la grande distribution, les télécoms, le luxe, etc. Il peut être intéressant tout en se focalisant sur son secteur (et même s’il n’est pas cité) de regarder à des fins de benchmark les analyses et retours d’expérience des autres secteurs qui contribuent à nourrir la réflexion.
Le troisième chapitre montre comment l’ensemble des métiers est impacté par le digital : les RH (avec la nécessité de sortir du cadre, d’être en veille permanente, d’écouter tant ses clients que ses employés, commencer petit tout en voyant grand, apprendre le métier des autres ce qui revient à décloisonner les silos de l’organisation et avoir une plus grande curiosité, mettre du liant entre les générations et non les opposer), la communication (très importante même s’il ne faut pas assimiler la transformation digitale comme étant la seule communication digitale), le marketing, la vente, la R&D, le service client, la DSI (dont le rôle aurait pu être étoffé), la formation, les finances… Et même les patrons et les actionnaires (utile dans le B2B).
Le chapitre sur les mythes et réalités du digital a un côté un peu provocateur et permet un auto-questionnement quant à savoir si l’on a déjà effectué sa transformation digitale, revient sur le fait que le digital peut en apparence ne pas concerner son secteur et aussi le célèbre « Ca ne marchera jamais » qui avait par ailleurs été repris par Renault dans sa communication pour prouver le succès de certains modèles disruptifs. Le par où commencer permet d’avoir des idées mais chaque entreprise doit ensuite piocher des éléments pour établir sa propre feuille de route.
Enfin, les Digital Me Up dans le livre sont des témoignages vivants qui apportent indéniablement un caractère dynamique au livre.
Au global, un livre intéressant à lire de façon globale et thématique avec de belles illustrations. Il pourra être consulté en fonction des ingrédients cherchés pour vivre avec le digital aujourd’hui.
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