Le rapport du Conseil National du Numérique intitulé « Les PME contre-attaque » avec des recommandations vient d’être remis. Il est téléchargeable ici.
Les PME françaises sont en retard côté numérique par rapport à nos principaux homologues européens notamment en Allemagne et au Royaume-Uni. 1 PME sur 2 n’a pas de site web, la présence sur les réseaux sociaux progresse mais les marges de développement sont nombreuses. Et plus généralement les dirigeants des PME sont en retard sur la stratégie et les pratiques numériques.
Le rapport du CNN dresse 5 pistes de solution :
1. Mettre en place une marque forte en faveur de la transition numérique des PME, incarnée par un réseau de connecteurs chargés de sensibiliser et accompagner les entreprises.
Au préalable, il est à observer que les PME sont hétérogènes. Et que si certaines ont le potentiel pour être des champions de demain, la majorité d’entre elles ont vocation à continuer à vivre sans forcément développer de façon notable leur chiffre d’affaires et leurs marges. On notera qu’il s’agit de « transition numérique » plus connoté rattrapage numérique que de véritable transformation numérique ou digitale. Il est évoqué 2 niveaux :
– charte collective
– connecteurs experts labellisés pour l’accompagnement et cofinancés par l’Etat.
L’appui sur les régions restent toujours dans une optique franco-française et non de développement à l’international et de penser global dès le départ. Des idées sont données en matière de dispositif pour des connecteurs bénévoles (accès au contenu via des MOOC, des kits, etc.) mais sera-ce suffisant ? Côté budgétaire, il n’y a pas de quantification (Le label « doit être accompagné de moyens financiers conséquents dédiés à l’animation et de la dotation budgétaire suffisante ») mais un chiffrage des ETP associés.
2. Mettre en place une plateforme de ressources personnalisées
L’initiative d’avoir une plateforme pour améliorer l’orientation dans la transformation numérique est louable. Peut-être serait-il pertinent d’avoir une check-list des fondamentaux à observer : existence d’un site, présence sur les réseaux sociaux, déclinaison d’une stratégie numérique selon les buts recherchés (visibilité et notoriété, développement du chiffre d’affaires). Un calendrier de mise en œuvre est prévu ce qui est une bonne chose dans l’optique d’une planification de sa transition numérique pour le volet plateforme (réalisation d’une maquette fonctionnelle de la plateforme, mise en place d’une plateforme prototype, mise en place de la plateforme de la croissance connectée).
Quant au questionnaire d’autodiagnostic du commerce connecté, il est simple pour être accessible plus facilement par des PME et TPE et les 5 niveaux de maturité reprennent ceux définis dans le livre Transformation digitale : 5 leviers pour l’entreprise avec une colloration Star Wars…
3. Mettre en place un programme de soutien à l’e-internationalisation
Cette piste est intéressante avec un benchmark de ce qui se fait chez les britanniques et un budget et un calendrier précis. Simple regret qu’elle ne soit pas assez creusée quant aux bénéfices escomptés. Quoi qu’il en soit l’idée d’une plateforme web dédié à l’e-internationalisation est une bonne idée, à creuser. Il pourrait aussi être intéressant d’avoir une plateforme en anglais pour aussi que des partenaires étrangers y accèdent et consultent pour faciliter les échanges et profiter de l’intelligence de la multitude qui est internationale. Il faudra aussi veiller à avoir une cohérence entre les plateformes et ne pas les multiplier par strates car les dirigeants de PME comme les citoyens attendent de pied ferme le choc de simplification qui est très loin dans les faits.
4. Développer une aide financière régionale à destination de la transformation numérique des petites entreprises
Là aussi, ce n’est pas une chose aisée dans un contexte de maîtrise des finances publiques et de pression fiscale forte au niveau des régions. Un tableau récapitulatif est donné avec les chèques numériques mis en place dans 7 régions. Souvent les entrepreneurs – et Jean-Baptiste Rudelle, le P-DG de Criteo me l’avait confié – préfèrent compter sur eux-mêmes pour lever des fonds s’agissant des start-up plutôt que de multiplier des dossiers administratifs très chronophages.
5. Soutenir l’évolution des compétences au sein des PME
Je suis en phase avec les 2 niveaux de besoin identifiés : 1. engager une mutation des compétences suppose qu’une vision stratégique soit portée en continu au sein de l’entreprise. 2. pivoter tout en continuant à générer de la valeur.
Le 2e axe stratégique n’est pas toujours simple à faire comprendre au dirigeant nez dans le guidon et rivé sur des objectifs court-termistes. Dans ce cadre, pour tester des modèles futurs, des relais de croissance ou des diversifications possibles par exemple, il conviendrait d’imaginer une aide avec des mentors. Ces mentors seraient mendatés localement ou par l’Etat en tant que consultants bienveillants.
De nombreuses personnes ont été interviewées pour ce rapport intéressant mais qui gagnerait en pragmatisme pour aider concrètement les dirigeants de PME. Un autre point qui prolongerait le point 5 est celui d’une formation au numérique (stratégie, outils, bénéfices et points de vigilance). Dans ce cadre des associations comme l’APM (Association pour le Progrès du Management) permettent avec des sessions mensuelles en groupes de dirigeants et par région de faire progresser la PME par le progrès du dirigeant lui-même via des formations/sensibilisations sur différents thèmes de management y compris le numérique et la transformation digitale des entreprises.
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