En introduction, Thierry Solère, vice-président du Conseil général des Hauts-de-Seine et acteur de la question du numérique, a présenté quelques chiffres clés de la peu glorieuse situation française en matière d’économie numérique et d’accès à Internet aujourd’hui (14ème rang dans l’Europe des 27). François-Xavier Hussherr, Président de l’association Renaissance numérique, a mentionné que ce colloque est paradoxalement – contrairement au terme « colloque » qui inspire davantage des réflexions et des exposés d’idées – tourné vers l’action et les réalisations concrètes.
Lors de la table ronde sur le très haut débit, Jean-Michel Billaut, qui fut artisan du très haut débit dans la ville de Pau, en revenant sur la politique 2.0 de Barack Obama, a souligné qu’ « un new deal » du numérique était souhaitable. « Il est temps de se bouger… » Et que peut-être finalement notre Président suivrait un jour la voie ouverte par le Président américain lorsqu’il comprendra (enfin) que les nouveaux outils du Web sont incontournables pour gagner une élection (cf. chapitre « Internet et politique » de « Web 2.0 et au-delà »). Jean-Michel a indiqué avoir versé 30 dollars via un compte PayPal pour soutenir la campagne de Barack Obama. Il est à présent comme des dizaines de milliers d’autres citoyens au courant des actions du président américain via ses communiqués qui arrivent sur des outils 2.0 mais aussi via des produits dérivés, marketing e-politique oblige. On pourra aussi se référer au bel article de Charles Bwele paru sur Agoravox, Obamarketing.
Guillaume Buffet qui animait la table ronde « La télévision publique peut-elle se passer d’Internet ? » a d’emblée indiqué, qu’avec la taxation d’Internet pour financer la télévision, en retour il était normal qu’il existe des émissions sur les NTIC à la télévision. Cela se fait dans d’autres pays pas si éloignés que nous comme au Royaume-Uni. Que par ailleurs on taxe une activité déclinante pour financer une activité qui va générer la croissance de demain (les activités autour d’Internet), ce qui est paradoxal. Guillaume a ajouté « C’est comme taxer la marine à vapeur pour financer la marine à voile ». Bref, un combat stupide qui obère les gisements de croissance de demain. Emery Doligé, participant au projet TV TIC de Renaissance numérique, a évoqué les principes d’une telle émission consacrée aux NTIC. Cette émission devra toucher à fois les jeunes et les seniors qui sont en marge de la révolution numérique. Ce programme devra être court et le plus proche possible du JT de 20 h et raconter une histoire pour les 5 à 95 ans qui explique comment on utilise Internet avec en fin une fiche récapitulative qui donne des explications vulgarisées des termes techniques à l’image des Cités d’or. Ce programme devrait se situer entre la drôlerie d’ « un gars, une fille » et « Plus belle la vie ». Xavier Marvaldi, fondateur de Yoowalk et ancien directeur de M6 Web, pense qu’il est pertinent d’intégrer un format qui a un intérêt télévisuel et qui utilise un média complémentaire qui donne envie d’utiliser ce dernier. Il s’appuie sur l’émission de TV réalité « Loft Story » où le vote par SMS a participé à l’ancrage dans les habitudes, des jeunes majoritairement, d’utiliser le SMS. Pascal Josèphe, Président de l’IMCA, a apporté une autre réflexion au débat, la préférence d’un programme de flux à un programme de stock, du fait de l’actualisation plus facile de ce premier type de programme. Exit la possibilité d’un dessin animé qui a un côté ludique. Enfin l’aspect neutralité de l’émission vis-à-vis de telle ou telle enseigne Web sera à garder à l’esprit notamment pour une mission d’éducation au sens du service public.
Lors de la conférence de presse, Christine Balagué, Vice-présidente de Renaissance numérique a repris les axes de l’association pour la lutte concrète contre la fracture numérique. Ce n’est pas uniquement une question de génération. Tous les enfants ne sont pas des « digital native » a-t-elle affirmé. Il existe un retard dans les écoles cumulé à un problème d’équipement à domicile. Renaissance numérique rappelle que les cibles sont multiples : foyers défavorisés, TPE/PME, personnes présentant un handicap, zones rurales, seniors… Renaissance numérique compte mettre en place 12 mesures pour réduire la fracture numérique détaillées dans le dossier presse et lesquelles prolongent le livre blanc publié par l’association. Le colloque permet d’établir la feuille de route et le plan d’action pour réaliser ces 12 mesures.
Selon Christine, nos élites en France ne sont pas convaincues de la nécessité de développer le numérique. Il est nécessaire d’avoir une vraie volonté. Pierre Kosciusko-Morizet, Président de PriceMinister, insiste sur le problème culturel, on s’adapte moins vite au changement en France et les pouvoirs publics n’ont rien fait contre cela. Selon lui, parfois inconsciemment, des mesures ont été plus prises en France contre le numérique qu’en leur faveur. En France, nous n’avons pas de véritable incitation fiscale pour développer le numérique. Des contraintes qui pèsent sur les opérateurs français poussent les acteurs à partir ailleurs pour des raisons fiscales.
L’après-midi, après l’intervention d’Eric Besson sur le plan numérique 2012, étaient au programme 3 autres tables rondes sur les TIC dans l’éducation (on notera au passage qu’avec l’action conjuguée de Renaissance numérique et du groupe ITIC de l’ASTI, l’enseignement d’une discipline Informatique et TIC va être (ré)introduite au lycée ce qui ne reste qu’un premier pas à consolider), Internet pour tous et la politique pour rendre les sites Web accessibles et enfin une table ronde afin que les PME et TPE se mettent enfin à Internet et au TIC (sujet qui faisait l’objet d’une conférence que j’ai animé lors du dernier salon des micro-entreprises).
Valérie Pécresse, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche concluait le colloque en évoquant l’internet de demain qui est une opportunité pour notre pays.
Un programme riche et dense qui a permis de poser des jalons, chacune des tables rondes se concluant par des projets de résolution. Rappelons que Renaissance numérique a publié un livre blanc Internet pour tous avec pour objectif en 2010, 80 % de la population équipée, formée à domicile.
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