1. Pourriez-vous nous dire les étapes depuis la création de PriceMinister en 2000 peu après l’explosion de la bulle Internet ? Quelles leçons pour la création d’entreprise en dégagez-vous ?
Nous avons créé www.PriceMinister.com à cinq co-fondateurs en août 2000, soit juste après l’éclatement de la « bulle Internet ». Nous pensions, comme beaucoup de gens maintenant, mais pas tellement à l’époque, qu’Internet deviendrait un outils extrêmement utile et très grand public, loin de la crise médiatique et financière qui l’agitait à l’époque… Évidemment on sait maintenant que ce pari s’est révélé être le bon. Nous avons ouvert le site en janvier 2001, uniquement sur les produits culturels, et avons étendu l’offre progressivement au high-tech (téléphones, informatique, image et son, etc.) puis au textile, à l’électroménager, etc. Le modèle consiste à mettre en relation acheteurs et vendeurs, en permettant aux vendeurs une mise en vente gratuite et à prix fixe, et aux acheteurs un achat comme sur un site de e-commerce « classique ». PriceMinister joue le rôle de tiers de confiance en collectant l’argent auprès de l’acheteur, puis en payant le vendeur. L’acheteur a la garantie de recevoir son produit en bon état, si ça n’est pas le cas il est remboursé par le site. PriceMinister garantit au vendeur qu’il sera payé.
Nous avons ouvert PriceMinister Auto en juin 2005 sur un modèle d’annonces avec de l’occasion, du neuf, des particuliers, et des professionnels, puis racheté début 2007 www.321auto.com, www.auto-evasion.com, et lancé www.speo.com . Le « groupe » est maintenant un acteur leader de l’automobile sur Internet (100 000 annonces d’occasion, 2 millions de visiteurs par mois).
Nous avons en juin 2007 racheté www.avendrealouer.fr, et www.lesiteimmobilier.com, et sommes donc un des leaders de l’immobilier sur Internet, avec un modèle mettant en relation les agences immobilières qui proposent leurs biens, et les particuliers.
Enfin, nous avons racheté en août 2007 www.planetanoo.com, le premier service de sélection humaine d’offres de voyages, que vous pouvez recevoir chaque semaine gratuitement par e-mail. La leçon principale que je retiens de tout ça, c’est qu’il faut croire en ce qu’on fait et se donner les moyens de le faire au mieux. Si en plus on a un peu de chance, alors c’est bon. 🙂
2. Outre votre « positionnement intermédiaire » entre les petites annonces ou enchères et le e-commerce, quels sont les points forts de PriceMinister ? Quelles sont les perspectives notamment la croissance externe et l’introduction en Bourse ?
Nous regardons actuellement d’autres opportunités de croissance externe, toujours dans une logique d’intermédiation sur Internet. La vision que nous avons pour le Groupe PriceMinister est celle du leader européen de l’intermédiation Internet : nous voulons être le Groupe qui facilite la vie du plus grand nombre d’européens, en leur permettant de vendre, de trouver, d’acheter, le maximum de choses possibles, le plus simplement et le plus efficacement possible. Notre point fort principal est probablement la satisfaction de nos clients. C’est cela qui nous garantit une croissance forte pendant encore de nombreuses années, grâce à un bouche à oreille qui continue encore aujourd’hui à s’amplifier.
La bourse serait un excellent moyen de continuer dans cette voie, notamment en nous permettant de réaliser d’autres acquisitions, en France comme à l’étranger. Nous réfléchissons depuis plusieurs mois à cette option, mais je ne peux malheureusement pas donner plus de détails sur ce sujet…
3. Comment voyez-vous se poursuivre la croissance du e-commerce en France sur un horizon de 10 ans ? Et quelles sont les initiatives françaises intéressantes à souligner ?
Je pense que tabler sur des croissances de l’ordre de 20-25 % pendant encore quelques années est raisonnable, dans la mesure où on observe ce type de croissances dans des pays pourtant beaucoup plus mûrs que la France en terme d’Internet et de e-commerce. Les taux de connexion Internet en France sont encore très faibles (44 % de la population française est connectée, versus 70 % en Allemagne et au Royaume-Uni), et il y a une inertie entre l’accès à Internet et le passage à l’acte d’achat. C’est un bassin de croissance formidable pour les années à venir. L’association Renaissance Numérique travaille d’ailleurs dans ce sens, espérons qu’elle arrivera à faire bouger les choses !
Il y a beaucoup d’initiatives intéressantes dans l’e-commerce en France, et c’est d’ailleurs un marché encore très éclaté : de part son audience, PriceMinister est le premier site de e-commerce indépendant en Europe… simplement parce qu’en Allemagne et au Royaume-Uni, il n’y a que 3 ou 4 gros acteurs. Le marché français va se consolider dans les mois à venir, à la fois par des absorptions de sociétés, mais aussi par le détachement des leaders, qui bénéficient d’effets de réseaux très positifs (marque plus forte => hausse du trafic => progression du CA => moyens marketing et techniques accrus => marque plus forte …). Il vaut mieux être dans les 5 premiers que dans les 15 premiers… ça ne veut pas dire qu’il n’y a plus de place pour de nouveaux concepts bien sûr, mais disons qu’il vaut probablement mieux être gros, ou vraiment très innovant.
27 septembre 2007
Pierre Kosciusko-Morizet, HEC, a co-créé PriceMinister en 2000. Il est actuellement P-DG du Groupe PriceMinister. Il œuvre pour le développement du e-commerce en France. Il a répondu a des questions pratiques à 01net.
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