1. Pourriez-vous nous présenter les grandes lignes de la 8ème édition du forum mondial e-démocratie des 3 et 4 octobre prochain ? Comment définiriez-vous le citoyen 2.0 type ?
Cette nouvelle édition du Forum Mondial de l’e-Démocratie est, en effet, placée sous le signe du Citoyen 2.0. Car l’Internet de nouvelle génération se caractérise par une plus grande interactivité des Internautes et un bouillonnement incroyable des idées qui se croisent sur la Toile.
Les élections françaises du printemps 2007 ont démontré que les citoyens avaient envie de s’exprimer et, pour une minorité d’entre eux, de militer activement via le web. Cela a produit des résultats positifs en termes d’intérêt suscité par la campagne électorale mais aussi des exemples de campagne négative que l’on ne connaissait pas dans notre pays. Des e-militants ont passé beaucoup de temps sur les blogs et sites de leurs opposants pour empêcher les débats, des vidéos ont été délibérément publiées pour gêner et des rumeurs ont souvent circulé d’e-mails en e-mails. Ce n’était pas vraiment ce que j’attendais de cette 1ère vraie net-campagne, et il faudra à l’avenir davantage sensibiliser les citoyens sur ce que l’Internet peut apporter de positif et, peut être, s’interroger sur l’anonymat sur l’Internet.
En tout cas, le citoyen 2.0 qui émerge est bien un citoyen d’un nouveau type, plus engagé, plus expressif et plus exigeant. Et cela aura aussi des conséquences sur l’administration électronique.
2. Quelles sont les bonnes pratiques de la Corée du Sud ou le Royaume-Uni en matière de e-démocratie et e-administration qui pourraient trouver écho chez nous ? La France est-elle frileuse face à l’intégration des évolutions technologiques (par ex. vote électronique) ?
Je ne crois pas que la France soit frileuse. Nous avons des exemples de services en ligne très performants, comme la télédéclaration et le paiement des impôts, la collecte de la TVA des entreprises ou Télépoints, le récent service proposé par le Ministère de l’Intérieur sur notre solde de points de permis de conduire. Ce qui nous manque, c’est un pilotage, une voix qui défend nos réalisations à l’extérieur et une ambition politique forte. Prenons l’exemple du site Télépoints : pourquoi dois-je écrire à ma préfecture pour obtenir un identifiant et un mot de passe alors que l’Etat me connaît déjà puisque je paye mes impôts en ligne ? Ne serait-il pas plus pratique, et plus économique, que j’utilise la signature électronique employée pour mes impôts ?
En Corée du Sud ou au Royaume-Uni, comme dans beaucoup de pays avancés, les services publics en ligne sont personnalisés. C’est le concept de « Ma Page » : je peux accéder à tous les services publics qui me concernent à partir d’une page portail et je gère ainsi plus facilement mes démarches administratives.
3. La ville d’Issy-les-Moulineaux est devenue une ville high-tech et a su attirer des entreprises du domaine. Quelles innovations futures la ville prépare-t-elle pour les isséens ? Enfin, à travers le réseau de villes numériques, le Global Cities Dialogue, quelles avancées peut-on avoir pour les administrés ?
Nous travaillons actuellement sur le développement de l’offre Wi-Fi dans la ville. Après avoir été l’une des premières communes françaises à doter nos équipements publics de bornes d’accès gratuit à l’Internet par Wi-Fi, en mars 2003, puis expérimenté l’an passé avec Cisco Systems un réseau en Mesh Wi-Fi sur le quartier du Val de Seine, où sont situées la majorité des entreprises du secteur, nous allons généraliser les réseaux Wi-Fi extérieurs. Avec Neuf Cegetel et Cisco, nous allons étendre le réseau du Val de Seine et avec Orange, nous allons ouvrir un réseau extérieur dans le Centre Ville. Nous restons, bien évidemment, dans le cadre de la libre concurrence et nous n’investissons aucun argent public dans ces deux projets. Les opérateurs sont d’ailleurs libres de gérer leur offre en direction des usagers. La seule chose que nous demandons, c’est l’accès gratuit aux sites publics de la ville (issy.com, issy.tv, ratp.fr, etc).
Quant au Global Cities Dialogue (GCD), c’est justement les discussions régulières que nous avons avec nos collègues des autres villes dans le monde qui nous incite à aller de l’avant. Lors du Forum de l’e-Démocratie, par exemple, le GCD pilotera une table ronde où on parlera des services publics en ligne accessibles en mobilité. Plus besoin d’un ordinateur pour demander un acte de naissance : un téléphone mobile ou un PDA suffisent.
29 juin 2007
Eric Legale est organisateur du Forum Mondial de la Démocratie Electronique, événement créé en 2000 et co-fondateur du World eGov Forum qui lui a succédé en 2006. Il est également Directeur d’Issy Média, Société d’Economie Mixte chargée de la communication et des Technologies de l’Information d’Issy-les-Moulineaux depuis 1998. Il coordonne les projets liés aux TIC depuis 1995 à Issy-les-Moulineaux et est à l’origine du site. Il représente également Issy-les-Moulineaux en sa qualité de présidente du Global Cities Dialogue, réseau international de maires engagés à promouvoir une Société de l’Information pour tous.
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