1. Pourquoi avez-vous créé votre site www.figer.com voici 20 ans parallèlement à vos activités professionnelles ? Et quels sont vos buts dans ce domaine ?
Je recevais souvent des demandes de conseil sur des choix d’équipements ou sur tel ou tel sujet technique. Au début des années 1970, j’avais préparé des fiches papier sur les sujets habituels que je photocopiais pour répondre à ces demandes. L’arrivée de l’email au milieu des années 1980 m’a simplifié la vie. Avec Compuserve d’abord en 1987 puis le Web en 1995, c’est devenu self service. J’ai commencé à mesurer l’audience du site en 1999 et j’avais environ 2000 visiteurs uniques par mois. L’avantage du web est de connaître ce qui intéresse les lecteurs par les pages visitées et par les questions posées. J’ai donc ajusté le contenu à mes lecteurs. Mon audience a augmenté pour être aux environs de 120 000 visiteurs uniques chaque mois au début 2007. Un tiers des lecteurs arrive après une recherche sur un moteur de recherche (à 90% Google), un tiers parce qu’ils m’ont mis dans leurs favoris et un tiers par des liens placés sur d’autres sites. Je n’ai jamais rien fait, ni pour être référencé par des moteurs de recherche, ni pour augmenter l’audience.
Si je tente une explication, je crois que c’est un des très rares sites qui essaye de faire comprendre les concepts derrière les outils. Trop souvent, on décrit des modes d’emploi d’outils, pas les concepts c’est-à-dire l’intelligence qui est dedans. On ne peut pas se servir convenablement d’un outil si on n’a pas compris son architecture. Par exemple, au début était le menu, on choisissait la fonction puis ce sur quoi on l’appliquait : fichier, ouvrir…, choix du fichier. Dans un système objet comme Windows, c’est l’inverse, on sélectionne le fichier puis l’action. L’intérêt de la deuxième méthode est de pouvoir faire une sélection multiple pour y appliquer la même action. Si on n’a pas compris la différence, on va continuer à supprimer ou imprimer les fichiers un à un comme avant. Je remercie tous les jours tous ceux qui mettent de l’information en ligne pour aider les autres ce qui m’a fait gagner beaucoup de temps et d’argent. Je contribue à ce système où on donne 1 et on gagne un million. Si on donne 0 on gagne presque rien.
2. Comment voyez-vous l’évolution des SSII et des carrières des informaticiens ces prochaines années ?
Le grand beau fixe. Comme d’habitude, il y aura des hauts et des bas mais la tendance à terme ne peut être que très haussière. L’informatique n’a que 50 ans. C’est le tout début de l’histoire. Quand j’ai débuté, la question qui se posait était : peut-on avoir des SSII de plus de 300 personnes ? Beaucoup répondaient non !
Cependant le niveau moyen des informaticiens a beaucoup baissé avec la démocratisation de l’informatique et l’accroissement des possibilités des machines. Les métiers vont profondément changer dans les années qui viennent et les informaticiens devront se recycler en permanence. C’est le principal risque de leur métier : les perfo-vérif de cartes, les monteurs de bandes dans les salles machines, les programmeurs COBOL ont tous disparu dans un marché en très forte croissance.
3. Enfin que pensez-vous de la stratégie de diversification de Google ? Et quels concurrents voyez-vous en matière de moteur de recherche sur Internet ?
Je n’ai pas de boule de cristal. Toute entreprise peut disparaître pour de nombreuses raisons. En revanche, le modèle de la révolution Google est un modèle qui ne peut que s’imposer et se développer dans les années qui viennent. L’accroissement des performances des réseaux va rendre de plus en plus naturel, l’accès à des services spécialisés (recherche, mail, agenda, traitement de textes, etc.) qui seront beaucoup plus performants et beaucoup moins chers que tout ce que vous pourrez installer sur votre machine. On aura besoin de machines personnelles de plus en plus puissantes pour les traitements d’images, l’interface homme machine, etc. mais les programmes et les données seront gérés par des pros.
L’évolution des moteurs de recherche n’est pas lié aux moteurs de recherche – on ne fera pas beaucoup mieux que Google – mais aux données. C’est l’inclusion de métadonnées (web sémantique, microformats) dans les données qui transformera la performance des moteurs de recherche qui les exploiteront.
27 avril 2007
Jean-Paul Figer, Cap Gemini, est webmestre de figer.com, site qui donne des conseils pertinents pour bien utiliser son PC.
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