Vivatech 2025, les IA partout avec un nouveau record de participation

L’édition 2025 de Vivatech qui s’est tenue du 11 au 14 juin a battu tous les records en termes de visiteurs (180 000 contre 165 000 l’année dernière, 14 000 start-up présentes vs 13 500 en 2024, 171 nationalités) et progressivement davantage de femmes dans la tech.

L’IA était omniprésente même si on avait aussi une de ses déclinaisons avec l’IA agentique. Le porte-drapeau français reste Mistral qui signe à tout va des partenariats (nous avions eu à la fois Orange et Free qui sont dans la coopétition ; désormais nous avons l’IA de Mistral qui va équiper les agents publics), le dernier en date avec le nouveau géant du numérique, Nvidia lequel avait plusieurs emplacements tant dans l’enceinte Porte de Versailles qu’à l’extérieur. L’intervention majeure de Vivatech était celle de son CEO, Jensen Huang, au même titre que les éditions passées ont été ponctuées des venues de Jack Ma (ex CEO d’Alibaba) et d’Elon Musk. Ceci n’empêche nullement une très grande fragilité de notre pays et une vive dépendance à l’égard des solutions numériques américaines et désormais chinoises. Souveraineté, où es-tu ? Existes-tu réellement au-delà des discours ?

Dans le Hall 2.2 après la traversée du corridor, le Climate village, on notait la présence de nombreuses nations. Nous notons une forte présence des pays du Moyen-Orient, de l’Inde, du Bangladesh et toujours une montée de l’Asie avec la Chine (Tencent Cloud, etc.) avec Hong Kong, Taiwan, la Corée du Sud et le Japon bien présents. L’Afrique était un peu plus discrète et l’Ukraine toujours inamovible à son emplacement dédié.

Dans la poursuite de l’année dernière, l’événement devient de plus en plus grand public. On observe toujours des solutions autour de l’énergie sans laquelle le numérique ne serait pas possible, la robotique et les drones qui épaulent des IA davantage matures aussi, de même que les solutions de réalité virtuelle et de réalité augmentée. On a pu voir des caddies sillonnant les allées pour présenter Frogans en réalité virtuelle et augmentée (via des casques Vision Pro d’Apple et Meta Quest 3) et par ailleurs géolocalisables. La connectivité en matière de Wi-Fi était assez médiocre pour les visiteurs du fait de la densité de visiteurs présents.

Le pays invité d’honneur était le Canada. Nous avions moins de voitures exposées que l’année précédente malgré un prototype Tesla – avec des portes s’ouvrant à la façon papillon – qui était repoussé dans le Hall 2.2.

On a plus de 60 % d’entreprises présentes d’une année sur l’autre y compris des petites et moyennes comme PlayPlay pour la vidéo et un peu moins de 40 % de nouveautés principalement du côté des start-up où le renouvellement est plus la règle du fait des rachats, pivots, faillites mais compensé par quelques belles réussites.

Edition 2025 de Vivatech

Des annonces gouvernementales

Les Café IA traduisent la déclinaison de la première proposition du dernier rapport remis sur l’IA. Ils ont pour objectif de fédérer, soutenir, promouvoir et rassembler les initiatives de débats et de partage pour la connaissance de l’IA et la populariser. Ils faisaient l’objet de présentation avec Gilles Babinet, Cécile Ravaux assurant la coordination en territoire et les partenariats. Le site dédié est CafeIA.org. Il est possible d’organiser et d’animer des café IA avec une adresse de contact bonjour@cafeia.org.

Avec Gilles Babinet à l'occasion de la sortie du livre Informez-vous !

[Avec Gilles Babinet, la veille de la parution chez les libraires du livre Informez-vous !]

On peut demander à devenir ambassadeur de l’IA en France. Au préalable il est nécessaire d’avoir un compte FranceConnect ou de s’enregistrer par mél : https://www.entreprises.gouv.fr/espace-entreprises/appels-a-projets-et-appels-a-manifestation-d-interet/ambassadeurs-ia.

Une annonce a été faite par Clara Chappaz pour la mue du Conseil National du Numérique, CNN en CIAN pour lui redonner un second souffle en insistant sur l’IA. Anne Bouverot et Guillaume Poupard, DGA de Docaposte, seront les co-présidents.

Des start-up à dénicher dans les stands des pays, de la French Tech et abritées par des grands groupes

Le stand La Poste expliquait que le chargement des véhicules en colis correspond à de l’optimisation façon Tetris, le fameux jeu vidéo. Il s’agit de ne pas transporter du vide mais d’avoir des gains en matière de dépense en CO2.

Cette petite vidéo produite par l’équipe Innovation de la branche Services-Courrier-Colis de La Poste résume l’édition de Vivatech.

Orange s’inscrivait sous le signe de la confiance avec des espaces Trusted Network et Trusted Business.

Les start-up et solutions côté deeptech pouvaient se voir à travers l’INRIA et le CNRS et les zones comme Paris Saclay ou encore la Swisstech, AWS et les stands asiatiques en particulier. LightOn, plateforme d’IA générative privée dans le cloud et issue de la recherche, compte à présent 60 personnes et poursuit sa croissance tout comme la montée en puissance de Scaleway qui disposait d’un stand conséquent et qui rappelons-le côté cloud fait partie du groupe Iliad. Côté concurrence on pourra noter sur le stand de l’Italie, la start-up contents.ai, autre plateforme pour la gouvernance des contenus intelligente mais plus axée sur les contenus. On notera aussi la start-up Made in France Probabl qui est le nouveau défi de Yann Lechelle et qui propose des solutions et des services d’aide au codage grâce à des bibliothèques open source d’apprentissage statistique. On a pu observer la présence d’une quantum zone pour les solutions actuelles en matière d’informatique quantique.

Côté robotique et cobotique, on constate l’émergence de capteurs sensoriels imitant les gestes de préhension de la main comme Mand robotics. Cobot-One (https://cobot-one.com/), créée en 2023 pour le marché de la cobotique, a plusieurs brevets déposés pour protéger les innovations technologiques , 5 personnes avec une R&D à Cergy et une fabrication à Chanteloup-les-Vignes en île-de-France. Le bras de robot appréhende son environnement selon les capteurs, les caméras et un opérateur peut le déplacer, ce qui allège le travail des opérationnels pour les charges lourdes et répétitives. Le cobot en aluminium répond de façon polyvalente aux différentes industries pour un usage 24 heures sur 24. L’entreprise UniTree faisait pour sa part sensation avec ses démos de 2 robots chienoïdes avec toujours par ailleurs le français Enchanted Tools.

Les robots toujours pour capter l'attention des visiteurs avec une plus grande maturité d'usage

Pour les nombreuses verticales métiers, nous avions les smart cities avec l’énergie et les bâtiments intelligents, que ce soit Engie, TotalEnergies ou Bouygues entre autres. La santé, le luxe et la beauté ont des porosités. Les fers de lance du Made in France avaient de beaux stands à l’instar de l’Oréal, LVMH (avec par exemple des contenus en 3D, la personnalisation e-commerce, la viticulture assistée avec l’IA) et Sanofi.

Le luxe bien présent à Vivatech pour le savoir-faire français et des tables rondes inspirantes

La start-up normande Feelobject avec son produit phare Virtuoz poursuit son chemin pour l’aide à l’exploration de leur environnement pour des personnes aveugles ou mal-voyantes (avec des plans tactiles et vocaux pour se mouvoir en autonomie).

J’ai pu découvrir les avancées du projet HiveNet de David Gurlé qui fait partie des 100+ personnalités du numérique en France figurant dans la première édition de Numérikissimo. Le jury s’est du reste réuni pour examiner le premier volet de candidatures reçues sur le site Numérikissimo. Une autre réunion est prévue dans quelques semaines pour la seconde vagues d’analyse des candidatures dans le cadre du passage à l’échelle. Quant à Hivenet, l’entreprise qui offre une alternative au cloud en profitant de l’intelligence des disques durs des PC et des smartphones est désormais présente à Cannes, Genève, Hong Kong et Dubaï.

Du côté de la cybersécurité, Cyberludik (https://cyberludik.fr) propose des sensibilisations et des formations à la cybersécurité, au RGPD et à la conformité numérique ainsi que des jeux pour gamifier quelque chose vue plus comme une contrainte mais ô combien indispensable face à des cybermenaces qui se multiplient. L’entreprise a produit un petit livre très didactique sur la cybersécurité et les menaces du quotidien (phishing, fake news, cyberharcèlement, failles des mots de passe, attaque de la vie privée) et donne les sites étatiques de référence (ANSSI, CNIL, cybermalveillance.gouv.fr,internet-signalement.gouv.fr, Thesee pour les victimes d’e-escroqueries qui pullulent, e-enfance), ce qui est une bonne initiative. Notons aussi Vigidomaine pour la surveillance de ses sites Web par rapport à différents risques comme le typosquatting dans l’URL.

L’IA est de plus en plus au service de l’environnement. Dans le cadre de la modification climatique qui, avec 1,5 degré de plus de température moyenne sur la planète signifie à la fois des zones plus chaudes mais aussi des zones plus froides, l’ONG Peerson Innovation 4 the Planet (en Nouvelle Calédonie) répond aux objectifs de l’accord de Paris (COP21) et permet avec un processus de défiscalisation avantageux d’aider à l’acquisition de robots pour l’entretien de façon autonome des espaces verts pour créer des zones coupes feu entre les zones d’habitation et les forêts. L’idée a émergé après les feux de forêts en Australie hautement dévastateurs. La flotte actuelle permet la protection de 10 000 hectares en Nouvelle Calédonie et de 100 000 en Australie. L’ONG est présente sur l’ensemble du Pacifique. Chaque robot gère 1 ha et pèse 10 kg avec une espérance d’utilisation de 7 à 10 ans. Du côté de la Corse, Ariafire est une start-up créée par un pilote de chasse pour la prévention (petit avion plutôt qu’un drone trop sensible au vent et trop petit) et la lutte (bombardier d’eau pour optimiser les coûts avec un emport inférieur à 3 000 litres d’eau) contre les feux de forêt. Une plateforme avec des photos des parcelles permet la transmission aux acteurs du terrain grâce à un capteur situé à la verticale de l’avion qui mesure la température. Une analyse par infrarouge des zones de chaleur délivre des informations qui sont partagées avec les pompiers et l’information est rendue facilement analysable avec l’IA. 12 personnes y œuvrent en pleine saison dans l’Hérault avec des remontées plus au Nord au fil des ans.

Pour la lutte contre la modification climatique, beaucoup de solutions sont axées contre les émissions de CO2 alors qu’il existe aussi d’autres pollutions problématiques. CarbonBlue est une solution de production de chaux électrifiée et de décarbonatation. Le CO2 est stockable. Biovox, entreprise allemande, est présentée comme permettant de réduire jusqu’à 85 % l’empreinte carbone d’un produit de santé. Par exemple les outils de test en plastique (tests de grossesse). E-Ethylène, créée en 2023 et basée à Montpellier, est une spin-off du CNRS de 3 personnes avec des brevets à la clé qui a pour objectif de lutter contre les émissions de CO2 croissantes. Cela valorise le CO2 émis en le transformant en C2H4 avec un procédé d’électrolyse de l’eau et du CO2 pour produire de l’éthylène. Cela permet d’avoir des plastiques issus du CO2 plutôt que de recourir au pétrole. L’éthylène est à la base de plusieurs molécules dans l’industrie chimique, pour la production du polyéthylène (plastiques, emballages), dichlorure d’éthylène pour le PVC, etc. BeZero est une agence anglaise de notation indépendante qui est spécialisée dans les crédits carbone dans le B2B. Son but est d’évaluer les projets de compensation carbone volontaire à travers une méthodologie basée sur des critères scientifiques.

Entre carbone, drone, écologie à Vivatech

EVT Batteries dans le corridor économique pour la transition énergétique avec la coopération entre la France et le Québec vise à augmenter l’autonomie de conduite et à réduire le temps de charge des véhicules électriques grâce à des batteries innovantes.

La fresque pour un avenir désirable à Vivatech

Optipus-pv.com a développé Energyskin, une couche photovoltaïque qui se colle sur le cadre d’un vélo pour avoir une source d’énergie solaire pour alimenter lumière, batterie du téléphone et autres équipements.

Sur le stand Engie, comme pour beaucoup de grandes entreprises, étaient hébergés des start-up prometteuses. Ainsi Trea-Tech transforme des déchets en gaz renouvelable et eau propre, sels et minéraux et permet de ce fait la récupération de 99 % de carbone organique. L’entreprise qui compte 15 personnes et est basée en Suisse via l’EPFL tire profit des propriétés physico-chimiques à haute température et pression.

XXII hébergée sur le stand AWS est une plateforme logicielle qui transforme en données utiles et avec une valeur ajoutée les flux vidéos. Un cas d’usage est dans les centres de tri des colis la visualisation des paquets qui sont bloqués pour prévenir les congestions.

Sur le stand de la région Nouvelle Aquitaine, Lynxdrone près de Bordeaux est l’entreprise à suivre en matière de drone pour l’inspection technique avec caméra RGB et thermique, équipement Lidar pour créer des maquettes 3D de l’environnement et des rapports associés. Elle permet de passer dans des milieux hostiles comme les cavités souterraines, les canalisations ou certaines parties confinées de bâtiments ou monuments historiques. Créée en 2018, elle a déjà 14 personnes, les 2/3 pour la R&D avec 3 types de drone : robot roulant, drone aérien et vecteur aquatique.

Alors que l’impression en 3D concerne essentiellement les polymères, MX3D est une société des Pays-Bas qui permet l’impression avec un système robotisé en 3D de métaux flexibles. Le procédé consiste en une fabrication additive de métaux par arc électrique (WAAM). C’est utile pour les industriels de l’énergie, de l’automobile, de la défense et de l’aérospatiale.

Green Fusyon, start-up d’AgroParisTech, produit une micro-algue, la chlorelle, moins célèbre que la spiruline. Selon l’étudiant ingénieur, la chlorelle est un aliment très intéressant nutritivement, d’une part plus riche en protéines que le soja (et émetteur de CO2 car majoritairement importé en Europe et cause une forte déforestation) mais avec des Oméga 3 et des antioxydants.

Hexacode Solutions, du Canada, développe un jumeau numérique  de type Asset Performance Management pour les infrastructures critiques, qui permet l’évaluation de la condition, les analyses prédictives et prescriptives avec vizualisation et statistiques. On peut avoir des cas d’usage dans le transport ferroviaire, et l’energie par exemple. La plateforme se distingue par son universalité et sa scalabilité ( 25 millions d’objets par serveurs).

Kwarto permet une vue en 3D des copropriétés par les syndics pour faciliter la gestion et la maintenance, ce qui semble intéressant sur le papier même si côté syndic il y aurait beaucoup à redire.

Le média Feuilleblanche était présent. Il permet aux entrepreneurs de partager une histoire inspirante avec les hauts et les bas à travers un podcast. Les marques peuvent construire également leur narratif fidèle à leur ADN.

Très peu de sportech cette année de non Jeux Olympiques. Notons toutefois l’entreprise de Hong Kong PointFit Technology pour l’aide au coureur avec des biomarqueurs pour permettre de garder la performance dans la durée (comme le taux de transpiration, de lactate).

Loretta pour la région Centre-Val de Loire a mis au point un procédé d’analyse de la peau rapide et sans douleur, ce qui intéresse vivement les entreprises de cosmétique. Le changement de paradigme résulte désormais dans le test non de la peau mais via un scotch où sont déposées des cellules mortes prélevées juste auparavant sur l’épiderme.

Des rencontres sympas à Vivatech

Vivatech est aussi une opportunité de rencontres de personnes et amis de son écosystème. Ravi de croiser des Français connus lors de ma période de vie américaine par exemple. Vivatech reste un salon inspirant mais il convient de discerner les entreprises qui ont un potentiel ou des cas d’usage pertinent pour créer de la bonne valeur.

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