En ce jour du 20 janvier, jour de l’investiture du président Trump aux Etats-Unis, c’est le moment qui a été choisi par des personnes pour quitter massivement le réseau social Twitter devenu X par un mouvement en France. Rappelons que des personnes physiques et morales ont déjà depuis quelque temps déjà soit supprimé leur compte soit l’ont suspendu (par ex. Ouest France, Anne Hidalgo). Beaucoup disent quitter X mais ne font plus qu’un dernier post et le conserve dans un état zombi… Nous avons connu des départs du réseau social avant la prise de contrôle de X par Elon Musk puis, un peu plus après. Parfois des personnes n’aimant pas la critique contradictoire ou les débats ferment leur compte.
Ce mouvement restera limité comme pour toute migration d’un outil leader vers d’autres outils challengers. Le seul cas emblématique dans l’histoire des réseaux sociaux fut la dégringolade de MySpace au profit de Facebook. On a par exemple vu des migrations de WhatsApp après l’évolution défavorable des CGU pour les utilisateurs vers Signal et Telegram lesquelles ont été timides. Certes WhatsApp a perdu des abonnés mais il en a retrouvé après.
La question à se poser lorsque l’on quitte un réseau social est de savoir pour aller où ? Les migrations de X peuvent aller vers Mastodon ou Bluesky voire encore Threads car il s’agit d’un puissant outil de micro-blogging en temps réel. Si c’est pour se rendre nulle part, cela constitue une perte vis-à-vis de son audience et pour la liberté d’expression, une restriction que l’on s’impose à soi-même. On notera au passage que la modération (algorithmique ou humaine) remplacée par les notes communautaires ont un intérêt si un pluralisme est possible sur un réseau social. Une étude indique qu’aux Etats-Unis par exemple le ratio entre démocrates et républicains sur Twitter est passé de 60/40 à 51/49. D’autre part, ces mêmes notes communautaires apparues sur X vont se répandre sur les réseaux sociaux du Groupe Meta, Facebook et Instagram en particulier. L’intérêt est avant tout financier pour ces entreprises : un succédané de modération ou plutôt des avertissements contextualisés sont réalisés par les internautes eux-mêmes gratuitement façon Wikipédia. Ce sont autant de dépenses économisées pour les plateformes car le coût humain de la modération est colossal et avec également des erreurs. Par ailleurs la modération pour des appels à la haine, du racisme, etc. doit toujours être faite par les réseaux sociaux pour respecter la loi.
La question que l’on pourrait se poser désormais et de façon provocatrice est de savoir s’il est, dans un autre registre, pertinent de quitter LinkedIn.
En effet :
- 1. LinkedIn se facebookise. Des informations de nature personnelle, politique, humouristique, etc. font leur irruption dans les posts publiés sur le numéro 1 des réseaux sociaux professionnels. L’outil, propriété de Microsoft, est très loin du sérieux de ses débuts ;
- 2. LinkedIn est envahi de posts qui sont générés avec des intelligences artificielles génératives engendrant une plus grande pauvreté de contenu et une fadeur des publications avec moins de créativité alors que c’est l’ADN de la personne qui devrait s’exprimer ;
- 3. LinkedIn est victime d’inMail sponsorisés qui spamment les utilisateurs. Ce peut être des formations dont on n’a pas besoin, des démarchages de vendeurs immobiliers ou pour des placements à effectuer car plus de cadres sont présents sur la plateforme lesquels ont en moyenne plus de l’argent à investir.
Ce mouvement QuitterX pour se rendre sur un site de micro-blogging comme Mastodon pose question. Oui Mastodon a l’avantage d’être décentralisé et en open source tout comme l’était Diaspora concurrent lancé en 2010 et déclaré de Facebook avec le succès que l’on sait. Allons-nous assister à des migrations de LinkedIn vers Viadeo qui même si l’outil s’est fait myspacé présente l’avantage d’être Made in France ? Et si c’était une opportunité de migrer vers des outils français ? Whaller, Talkspirit, Jamespot constituent des solutions intéressantes par exemple.
Alors que l’Europe où le DSA s’applique avec potentiellement un risque de censure entravant la liberté d’expression, aux Etats-Unis, la liberté d’expression est un principe fondamental et est rappelé dans le premier amendement de leur constitution. L’interdiction de TikTok confirmée par la Cour suprême américaine arrive comme un coup de massue même si celle-ci peut être contournée par ailleurs.
On pourrait se poser la question si finalement il n’y a pas une volonté d’interdire les plateformes. Comme dit l’adage « Il n’y a que la vérité qui blesse ». Dans une uchronie, si Twitter avait existé voici 40 ans en 1985, la double vie de Mitterrand aurait été révélée au grand jour avec sa fille cachée Mazarine et n’aurait pas constituée une rumeur d’extrême-droite ou d’un Jean-Edern Hallier et le président Mitterrand n’aurait peut-être pas pu enchaîner aussi facilement un second mandat en 1988.
La considération à avoir est que depuis Montesquieu, nous sommes passés de 3 à 6 pouvoirs avec le pouvoir des médias, celui d’Internet et celui de la finance qui se sont adjoints. Ils ne sont pas étanches d’autre part. En outre, la tentation de museler le pouvoir d’Internet est grande car il présente une perte de contrôle pour le pouvoir exécutif, notamment de la pensée officielle et du narratif. Il constitue aussi une perte de contrôle des médias. En fait, le problème est ailleurs. Il appartient plutôt à ce que chaque pouvoir fasse mieux son travail plutôt que de vouloir régenter l’assiette du voisin.
Nous vivons le syndrome de la grenouille bouillie [Si l’on plonge subitement une grenouille dans de l’eau chaude, elle s’échappe d’un bond tandis que si on la plonge dans l’eau froide et qu’on porte très progressivement l’eau à ébullition, la grenouille s’engourdit ou s’habitue à la température pour finir ébouillantée]. Nos libertés individuelles si durement gagnées sont menacées et une érosion progressive est constatée. Il convient de réagir et de ne pas attendre qu’il soit trop tard. Etre ou ne pas être sur un réseau social reste un choix personnel à mûrir en connaissance. En tout état de cause, informez-vous !
2 Commentaires
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Oui, l’annonce pour la formule payante des outils du Groupe Meta dont Facebook et Instagram a été faite l’an dernier. C’est un moyen de contourner le RGPD… Et de basculer davantage vers une premiumisation.
Pour Twitter et les réseaux sociaux d’information, il convient d’avoir développé un jugement critique pour démêler le vrai, du faux, du probable et aussi les faits, les arguments et les jugements.
La retraite, c’est dans 15 ans, plus que l’espérance de vie d’un chien. Nous avons beaucoup à faire d’ici là.
Nous approchons toi et moi de l’âge de la retraite, quitter Linkedin deviendra logique, je n’y fais plus grand chose et ne compte pas dessus pour m’occuper une fois la retraite entamée.
En revanche, Twitter, malgré ses excès et ses dérives, reste un environnement assez extraordinaire. Il suffit de bien choisir les comptes qu’on veut suivre et de dégager ceux qu’on trouve chiants ou inconvenants.
Au fait, as tu remarqué que Facebook propose désormais un modèle payant sans pub ?…