La Chine dispose d’un gigantesque marché de 1,4 milliard de personnes.
La Chine a innové dans son glorieux passé (brouette, poudre à canon, armes à feu, boussole, porcelaine, imprimerie avant Gutenberg, astronomie, etc.) fort de 3,5 millénaires d’histoire alors que les Etats-Unis n’ont que 250 ans d’existence et sont tournés vers le futur. L’empire du milieu souhaite retrouver sa place dans une logique du temps long. Pragmatique, le pays où prime le collectif avec la mainmise du Parti Communiste Chinois n’hésite pas à copier puis à innover ensuite dès lors que la technologie a été appropriée et maîtrisée.
A Shanghai, plus grande ville de Chine avec une métropole de 28 millions d’habitants, devant Pékin la capitale et 3e mégalopole au monde derrière Tokyo et New Delhi, on peut constater l’ascension de la Chine qui est devenue une superpuissance capable de rivaliser avec les Etats-Unis en quelques années. Les immeubles en construction sont présents partout avec des blocs entiers sur des centaines de mètres de travaux où même le soir les travaux se poursuivent. Au Sud-Est de Shanghai, le district nouveau de Lingang est en construction rapide avec aussi des kilomètres entiers d’autoroutes en construction qui s’éternisent comme la traversée de la State Route 1 en Californie où déferlent des champs de pistachiers sur des kilomètres. Outre la présence de Tesla, appréciées et personnalisées côté peinture, et de voitures allemandes, une kyrielle de marques chinoises se développent au premier rang desquelles la marque Byd (Build Your Dreams) à Shenzhen, première marque de véhicules électriques. Ils sont prêts à inonder nos marchés, ce qui devrait se traduire en des pertes massives d’emplois chez nous. Les bus autonomes sont présents avec des contrôleurs humains malgré tout. Au cœur de ces transports se trouvent les batteries et le numérique où la Chine met l’accélérateur.
Contrairement aux Etats-Unis et à l’Europe qui ont commencé tôt la révolution Internet via le PC avec le grand décollage de 1995 et Internet Explorer directement livré avec les ordinateurs, puis ensuite le smartphone, l’Empire du milieu a fait sa révolution plus tardivement et directement sur le mobile avec des applications spécifiquement pensées pour le marché intérieur au départ.
On connaît tous en Occident TikTok développé par ByteDance avec un algorithme addictif quant à la suggestion de contenu vidéo et qui fait des ravages chez les adolescents. En Chine, toute action s’effectue via un smartphone, à commencer par les paiements par QR code avec les superApp que sont AliPay et WeChat. On peut utiliser des fonctions de chat via AliPay, commander un taxi via l’application Didi – équivalent d’Uber – depuis AliPay, chercher des informations, avoir des promos sur des articles pour acheter ensuite, gagner des points, etc. Aussi des chargeurs de téléphones portables sont présents partout depuis les petites boutiques, les magasins, les gares et aéroports, etc.
Il faut comprendre que le smartphone fait office de moyen de paiement et de carte d’identité. Il ne remplace pas encore les clés mais cela pourrait arriver. Lier sa carte de crédit est très facile pour effectuer très rapidement des paiements avec a priori sécurité (et pas de frais jusqu’à 250 yuans soit 33 euros et ensuite 3 %). La Chine, qui a créé le billet de banque, le verra disparaître. Le smartphone est devenu central dans la vie des Chinois. La recherche d’information ne s’effectue généralement pas par Baidu (équivalent du moteur de recherche Google) mais avec WeChat et AliPay. Aussi y être référencés pour les marques est stratégique.
La Chine via les BATHX (Baidu Alibaba Tencent Huawei Xiaomi) a, peu ou prou, des équivalents des GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft désormais MAAAM avec Alphabet et Meta en lieu et place côté Groupe de Google et Facebook). A noter que parmi les toutes premières capitalisations boursières où figurent les GAFAM l’irruption ces derniers mois du californien Nvidia dopé par les promesses de l’IA générative et des processeurs graphiques conçus pour des applications industrielles. La Chine ne fait pas que copier, elle innove aussi. Alors qu’Apple a renoncé à l’Apple Car, Xiaomi s’est diversifié avec la voiture électrique et monte en puissance avec plus de 130 000 voitures (la SU 7) qui seront produites en 2024. Tout comme aux Etats-Unis, on dénombre une série d’applications par exemple côté e-commerce, Alibaba, JD.com avec leurs propres infrastructures logistiques et commerciales, Taobao pour le C2C, Tmall, etc. Temu et Shein font déjà une percée chez nous. Des duels entre Alibaba et Amazon d’annoncent déjà, Alibaba ayant aussi une solution de cloud pour jouer dans la cour des hyperscalers au côté d’AWS, Microsoft Azure et Google Cloud.
Le plan Made in China 2025 a été lancé dès 2015. Hautement stratégique, il vise à réduire la dépendance de la Chine à l’égard des technologies étrangères tout en promouvant les fabricants chinois de technologies dans le monde. Passé le stade du rattrapage, la phase de conquête arrive tel un tsunami. Basé sur l’innovation et en particulier le numérique, il est prévu pour faire de la Chine une puissance numérique. Concrètement, le nombre de brevets déposé est colossal et dépasse en quantité les Etats-Unis, ce qui ne préjuge cependant pas de la qualité. Dans ce contexte, l’intelligence artificielle fait preuve d’une attention toute particulière. Il existe par exemple des fonctions intégrées à Douyin (TikTok) pour la création d’images via IA génératives ou des App spécifiques comme LibLib qui délivrent des résultats très performants au niveau de Midjourney par exemple.
Les iPhone étaient fabriqués à Shenzhen en face de la baie de Hong Kong. Du fait des tensions géopolitiques entre Chine et Etats-Unis, la production également est faite en Inde. Taiwan représente un enjeu pour la Chine après la rétrocession de Hong Kong par le Royaume-Uni le 1er juillet 1997. Tôt ou tard, la Chine voudra « récupérer » Taiwan qui est indépendante depuis 1949 du fait de la division de la Chine entre communistes (Mao Zedong) et nationalistes (Tchang Kaï-chek replié à Taiwan). Un conflit d’une ampleur autre que l’invasion de l’Ukraine pourrait éclater avec les Etats-Unis faute de consensus. L’enjeu réside dans la fabrication des micro-processeurs qui sont majoritairement assemblés à Taipei par TSMC et dont nous sommes hautement dépendants, plus encore en Europe que les Etats-Unis qui ont commencé à se dévulnérabiliser.
Une carte eSIM couplée à un forfait international est nécessaire pour surfer sans difficulté sur les sites occidentaux depuis son smartphone du fait des blocages par les autorités chinoises, le contenu étant jugé subversif et non conforme à la doxa. Via un PC et sans Wi-Fi, depuis l’hôtel du moins à Shanghai sont bloqués Google, Gmail, Yahoo, Facebook, LinkedIn, ChatGPT, Wikipédia, etc. En revanche les sites de La Poste pour la messagerie et les produits Microsoft type Outlook fonctionnent.
Le Bund représente la fierté chinoise avec la Pearl Tower de 468 mètres de hauteur et ses buildings. Des eaux boueuses jadis se sont muées en vitrine de technologie façon New York ou La Défense puissance 4. On peut admirer les constructions le long de la rivère Huangpu.
Un mystère demeure quant au crédit social chinois. On peut constater par exemple que les caméras de cybersurveillance sont inégalement réparties. Parfois la densité de celles-ci est importante à des endroits où l’on a peu de personnes. Ceci semble être le contraire des radars automobiles en France. En tout état de cause, pas de moyen concret de le vérifier pour un touriste et les données utilisées pour le calculer au fil du temps.
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