Vivatech : le complément au CES made in Europe

Difficile de capter Internet pendant Vivatech, un peu victime de son succès pour cette 3e édition. Résultat, beaucoup de communications sont passées par SMS…

Vivatech 2018

Si l’âge moyen d’un créateur de start-up est plus élevé en France (dans les 40 ans) qu’aux Etats-Unis (autour de 28 ans), cela tient aux différences fondamentales entre Français et Américains, au fait que l’échec est perçu négativement en France et paralyse toute volonté d’aller de l’avant alors qu’en même temps le Français fourmille d’idées (mais pas toujours guidé par une volonté business très forte et cette caractéristique si prégnante dans la Silicon Valley de vouloir changer le monde). La difficulté reste aussi le passage à l’échelle et le fait d’être doublé par les Américains meilleurs dans la vision mondiale et mainstream d’un produit (Viadeo vs LinkedIn, Dailymotion vs YouTube) ou même d’autres puissances étrangères qui ont dès le départ pensé mondial (Deezer qui a retardé son introduction en Bourse vs le suédois Spotify que beaucoup pensent être un acteur américain).

La robotique présente à vivatech au même titre que la réalité virtuelle, les drones, la blockchain

Au-delà des gros stands (Orange – où j’ai rapidement croisé Stéphane Richard et Luc Bretones qui arborait un jean orange au couleur de l’entreprise du plus bel effet -, Google, La Poste, Microsoft, IBM, SAP, Amazon via AWS, Alibaba) qui pour certains abritent un lot de start-up partenaires, c’est l’occasion de découvrir des start-up atypiques et/ou prometteuses. Facebook pour sa part pouponne des start-up de Station F par lot de 12 façon accélérateur à la Y combinator. Par ailleurs, de nombreuses grandes entreprises ont leur programme de relations avec les start-up en vue de réaliser des PoC et plus si affinités. Il en est ainsi de BNP Paribas avec WAI ou de La Poste avec Startinpost, French IoT et Time To Test. Notons aussi La French Fab représentée, des start-up en région via le Label French Tech (par exemple Nouvelle Aquitaine, Centre Val de Loire, etc.) même si au CES de Las Vegas la marque France est plus percutante que les particularités régionales qui font mouche chez nous mais sont moins audibles sur la scène internationale. Et également BPI France avec un bel espace, la Région île de France.

Le stand Google

Cette édition est semble-t-il plus internationale que les éditions passées d’après les échos reçus. Le continent mis en exergue est l’Afrique. Oui, la Chine numérique s’est éveillée depuis plusieurs années, les BATX en tête. Mais désormais, l’Afrique a un gros potentiel de développement notamment avec la « sublimation numérique ». Comme en Chine, la révolution Internet passe directement par le smartphone ou téléphone mobile avant de connaître – et plus pour les CSP+ – le PC. CoinAfrique est un peu Le bon coin pour l’Afrique francophone. D’abord proposé pour Android et iOS, le site pour PC est arrivé dans un 2e temps après les App. Son directeur marketing et communication, Kamal Diaité, semble sûr de la progression. Peut-être que des échanges avec Vérone Mankou permettraient de développer des synergies. Outre l’Afrique mise en avant (Rwanda, Afrique du Sud, Nigéria, etc.), notons la présence de la fédération de Russie, de la Suisse, d’Israël (la véritable et pionnière « start-up nation » berceau des Mobileye et Waze), de la Corée du Sud et de nombreuses autres nations.

L'internationalisation du salon Vivatech

Une petite sélection de start-up suit.
Haapie est un assistant personnel intelligent mais contrairement à Google Home ou Amazon Echo est tourné vers l’entreprise pour faciliter la recherche d’information. Les champs d’application concernent la banque, l’assurance et le juridique pour permettre un gain de temps dans la recherche d’information pour les collaborateurs mais aussi les smart building pour faciliter l’accueil des visiteurs. A suivre… L’éternelle question reste pour les entreprises françaises le passage à l’échelle.

Un autre assistant personnel axé pro, Haapie

Agorize est un outil en mode SaaS pour connecter des grandes entreprises avec des communautés d’innovateurs notamment pour des hackathons effectués sur des plateformes en ligne. Des start-up et des écoles/universités sont invitées parmi respectivement (selon son directeur des ventes et marketing Benoît Rousseau), 40 000 et 17 000 ! Le processus se déroule en plusieurs phases depuis l’idéation.

Tridifoodies est une start-up dans la région bordelaise qui fait de l’impression 3D alimentaire notamment pour des sucres et des bonbons. Un coup de coeur sympa, les polymères pour l’impression étant remplacés par des produits alimentaires avec des brevets à la clé (outre le sucre, la coloration et des arômes sont intégrés au process). Il serait intéressant de voir ce qu’en pense Thierry Marx avec sa cuisine moléculaire.

impression 3D pour l'alimentaire

SharingCloud est déjà à un bon niveau de développement. Elle permet l’optimisation de l’environnement de travail grâce au numérique.

Mytoz est une start-up suédoise. Pour permettre la gratuité d’un smartphone (coût d’achat et frais de com récurrents) voire même gagner de l’argent, à chaque fois que celui-ci est consulté une publicité est affichée, elle peut être consultée ou zappée. Des points sont générés sachant qu’un mobinaute peut consulter 50 fois son joujou dans la journée… Nomophobie, quand tu nous tiens ! Un exemple de gain possible et un mix entre des points de fidélité et un prix alléchant, par exemple une Vespa pour 15 000 couronnes suédoises et 15 000 points de fidélité.

LVMH avait un stand où, bonne nouvelle, ses belles valises à 2 000 euros étaient complétées par l’ajout d’un boîtier de suivi réalisé avec le fleuron Sigfox. Celui-ci qui peut être installé à l’intérieur de la valise, disponible en boutique et sur le site Louis Vuitton, permet une traçabilité dans les aéroports. Avec une autonomie un peu inférieure (6 mois) à celle généralement constatée pour l’Internet des objets mais permettant une géolocalisation qui est anti-anxiogène en réponse aux possibles « lost luggage » lorsque l’on tente de récupérer ses valises dans les tourniquets.

Sigfox expérimente avec LVMH - le luxe fait sa mue digitale

IBM présentait surtout le Q, l’ordinateur quantique qui est selon Big Blue le prochain défi après Watson et l’IA et la blockchain. La R&D tourne à plein régime pour le géant du matériel dans la première ère de l’informatique (1945-1985).

L'ordinateur quantique avec IBM

La Suisse avec The Home of drones présentait de nombreux drones de ses cantons avec plusieurs modèles pour se mouvoir dans des milieux hostiles, décoller à la verticale ou encore protégés par une structure en treillis pour que les hélices ne soient pas en contact avec l’environnement. Les enjeux juridiques ont été très tôt intégrés pour une nation qui est à la pointe dans plusieurs domaines d’innovation et classe certaines de ses universités parmi les meilleures mondiales comme l’École polytechnique fédérale de Lausanne. Par exemple selon la zone survolée (personnes, automobiles, champs), la réglementation et les conséquences d’usage des drones diffèrent.

drone côté Suisse

C’est aussi l’occasion de rencontrer des collègues du giron numérique. Parmi ceux-ci, j’ai eu le plaisir de croiser Hervé Pillaud, Olivier Ezratty l’auteur du guide des start-up remis à jour chaque année, Tristan Nitot, Eric Léandri et Guillaume Champeau de Qwant qui sont RGPD compliant avant l’heure avec une éthique des données un peu comme la confiance et la proximité sont des valeurs fortes de La Poste avec le facteur. Des synergies seraient logiques. Signalons aussi Be-Bound qui oeuvre pour la réduction de la fracture numérique, abritée sur le stand Qwant du fait d’un partenariat entre les 2 entreprises pour redynamiser la Côte-d’Ivoire.

Une très belle édition émaillée de nombreuses conférences avec la difficulté d’avoir le don d’ubiquité.

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