3 questions à … Guillaume Decugis

Interview de Guillaume Decugis

1. Quels sont les plus de Goojet qui permet notamment de personnaliser son téléphone mobile avec des widgets et des flux RSS ? Sur quoi est basé le modèle économique de Goojet ?

Goojet répond au besoin de créer des solutions pour rendre le Web mobile plus attractif. On a souhaité faire un espace de personnalisation et de découverte. La première idée est qu’historiquement, l’internet mobile est rigide, cloisonné et décidé par les opérateurs mobiles et que finalement peu de place est laissée à l’utilisateur. Dans Goojet, on peut mettre ce que l’on veut. On a un peu de Netvibes, dans le sens d’une page d’accueil à la carte avec ses flux RSS, des widgets et surtout des raccourcis vers ses sites mobiles favoris. La deuxième idée est l’espace de découverte sur le mobile. Dans le Web, on peut tout trouver via Google et tout l’écosystème qui va avec. Sur le mobile avec la petitesse de l’écran, il est difficile de saisir des mots clés un peu complexes et donc de découvrir des choses nouvelles. Goojet apporte en permanence des nouveaux services et des contenus adaptés au mobile via sa communauté. Avec Goojet, l’internaute trouve sur son mobile des choses que la communauté a découvertes et appréciées. Cela se fait via des personnes rencontrées sur Goojet mais aussi via des analyses de ce que fait la communauté Goojet, via des remontées des contenus les plus populaires (articles ou vidéos que l’on aurait pas eu l’idée ou le temps de chercher). Tout cela est directement consommable sur son mobile via Goojet et peut ensuite être ajouté à ses favoris ou à nouveau partagé avec ses amis ou avec la communauté. La découverte sociale est une des forces de Goojet. On a par ailleurs démontré qu’il existait une longue traîne dans les services utilisés dans Goojet.

Le modèle économique consiste à proposer sur l’espace de découverte des contenus sponsorisés mis en avant et pour quelques annonceurs. Les contenus résultent ainsi à la fois de la communauté et des partenariats. On rejoint le modèle de Google, non pour la recherche mais pour la découverte sociale. Dans la messagerie de Goojet, on trouve ainsi le « goojet de la semaine ». Et dans les suggestions, nous avons des icônes qui résultent d’un mélange entre communauté et partenaires.

L’offre commerciale de Goojet sera lancée au mois de mai. Des statistiques ont montré qu’une exposition dans Goojet a amené 50 % de trafic mobile supplémentaire sur certains sites partenaires en test en février dernier. Ce modèle Goojet marche mieux que l’achat de mots clés sur mobile avec un apport de trafic plus fort démontré. Le deuxième modèle économique est couplé à celui-là. La marque et l’annonceur vont créer une présence sur le mobile différente que celle constatée jusqu’alors. Avant, nous avions des sites limités bâtis pour des solutions WAP basiques. Il sera possible de créer un widget mobile aux couleurs de la marque qui se retrouve dans un espace goojet bien utilisé. Par exemple, des concours de photos, du tourisme, du sport. La création d’expériences mobile 2.0 pour des marques va permettre de véhiculer des valeurs différentes de celles apportées jusqu’alors.

2. Vous proposez des créations de goojets communautaires. Que pensez-vous des applications liées à la géolocalisation sur mobile et quels services innovants avez-vous repéré sur le marché ? Et quels sont ceux que vous proposez ?

Nous proposons effectivement des goojets communautaires. La géolocalisation est en train de décoller. Avant le contenu n’était pas prêt. Les contraintes sont à présent abolies. Google Maps marche bien. Des services sont à créer autour de la géolocalisation et du communautaire, des services qui permettent de trouver des choses autour de soi, des bases de données que l’on peut consulter non par mot clé mais par localisation. Un exemple de goojet est « où-êtes-vous ? » qui est un mélange de widget et de géolocalisation. Les internautes donnent une réponse avec du texte mais souvent avec une photo de là où ils sont. Cela initie des dialogues que l’on peut commenter. C’est du microblogging en mobilité et on bénéficie du fait que le mobile est aussi un appareil photo. On ne peut pas encore dire si l’on va monétiser ce service qui est un peu dans l’esprit de Twitter mais il est intéressant de constater l’appétit des gens à l’utiliser.

Au-delà de ce service, MobiLuck est un autre exemple de service géolocalisé et communautaire qui est d’ailleurs référencé dans Goojet. A ce sujet, il est important de noter que notre métier est avant tout de faire découvrir des services publiés par des éditeurs plutôt que des services créés par Goojet.

Pour revenir à la géolocalisation, nous assistons à la maturation de la première génération de services avec par exemple Google Maps. Au-delà de cet usage, en mélangeant géolocalisation et réseaux sociaux, nous aboutirons à de nouveaux usages. Beaucoup d’applications mobiles dérivent du Web, par exemple Qype, qui est un site qui permet de référencer des lieux (restaurants, hôtels, monuments) et de lire sur chacun d’eux les avis des utilisateurs. C’est un guide du routard communautaire qui commence à avoir une déclinaison mobile que l’on peut retrouver dans les widgets.

3. Enfin quelles seront les prochaines évolutions du site ?

Nous travaillons sur le lancement de la v1 du service dans les prochaines semaines, qui succèdera à la version bêta, lancée en juin 2008. Comme on s’est aperçu que dans les différentes façons d’utiliser Goojet, les aspects sociaux et communautaires explosent, la v1 mettra cela bien plus en avant. Elle permettra aussi de découvrir et de faire découvrir, en plus des services eux-mêmes, les contenus de ces services. Par exemple : YouTube mais aussi une vidéo particulière de YouTube, le monde.fr mais aussi un article précis du monde.fr, etc. Tout cela sur son mobile !

Sinon, nous sommes encore au début de l’aventure. La société existe depuis 2 ans, le site a été lancé en juin 2008. Nous sommes soutenus par des investisseurs financiers qui sont trois fonds de capitaux risque : Partech international (investisseur dans Dailymotion), Elaia et Irdi, les deux premiers sont basés à Paris, le troisième à Toulouse. Nous avons une échéance importante en mai avec le lancement de la v1 et de notre offre commerciale.

6 avril 2009

Guillaume Decugis est Directeur Général de Goojet. Travaillant depuis près de 15 ans dans le mobile, il a d’abord travaillé chez Sagem puis a été le DG de Musiwave, le leader européen des services de musique pour téléphones mobiles, désormais filiale de Microsoft.

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